Cinq ans après la disparition physique d'Argenis Martínez

Cinq ans après la disparition physique d'Argenis Martínez
28 février 2022
Tribune populaire
1 Vote

Le 21 février 2017, l'internationaliste Argenis Ruiz, protagoniste de l'une des étapes les plus spectaculaires de la solidarité internationale connue par l'humanité, est décédé. En sa mémoire, nous reproduisons un article rédigé par l'équipe de presse de la station de radio Alba Ciudad avec des informations recueillies sur le blog de l'activiste Roso Grimau.

ARGENIS MARTÍNEZ EST MORT : APPRENEZ POURQUOI CHAQUE ENFANT DU VIETNAM CONNAÎT CE VÉNÉZUÉLIEN
Carlos Argenis Martínez Villalta, l'un des participants à l'"Opération Van Troi", menée par des membres de la Jeunesse communiste (JCV) et des Forces armées de libération nationale (FALN) le 9 octobre 1964, dans le cadre de la lutte que les groupes insurgés vénézuéliens menaient contre l'impérialisme américain, est décédé le 21 février. Au cours de cette action, le lieutenant-colonel américain Michael Smolen, attaché aérien de l'ambassade des États-Unis au Venezuela et agent de renseignement militaire de la CIA, a été enlevé. En échange, ils ont exigé la libération, à l'autre bout du monde, du Vietnamien Nguyen Van Troi, membre du Vietcong, qui devait être fusillé au Sud-Vietnam pour avoir planifié un attentat contre le secrétaire américain à la défense, Robert McNamara, en pleine guerre du Vietnam.

Le Vénézuélien Argenis Martinez, également connu sous le nom de "Comandante Ruiz", était l'une des quatre personnes chargées d'arrêter Smolen alors qu'il quittait sa maison à Colinas de Bello Monte.

Argenis Martínez "Comandante Ruiz" (Photo de Roso Grimau).
À l'autre bout du monde, la guerre du Viêt Nam fait rage, les États-Unis soutenant le Sud-Viêt Nam par une ingérence militaire ouverte, et le bloc socialiste soutenant le Nord-Viêt Nam, une nation dirigée par Ho Chi Minh, qui se bat pour que son pays tout entier, jusqu'alors colonie française, devienne une nation socialiste indépendante.

Nguyen Van Troi, 24 ans, membre du Vietcong (Front national pour la libération du Viêt Nam, la guérilla révolutionnaire contre l'ingérence des États-Unis), avait été arrêté par les forces sud-vietnamiennes quelques mois auparavant, le 9 mai 1964, alors qu'il posait des explosifs sur un pont à Công Lý, près de Saigon.

Le secrétaire américain à la défense de l'époque, Robert McNamara, passait par la région lors d'une visite du pays.

Le 10 août, après cinq mois de torture, de tentatives d'évasion et de violents châtiments corporels, Van Troi a été condamné à mort.

"Je voulais tuer McNamara parce qu'il est un ennemi de la patrie. J'accepte l'entière responsabilité de mon acte", voilà ce qu'il a répondu lors des interrogatoires.

Au moment où la sentence est sur le point d'être exécutée, le monde entier apprend, par un fil de presse de l'Associated Press, l'action de ces membres vénézuéliens des FALN, qui exigent la libération de Van Troi, et menacent d'exécuter Smolen si le jeune Vietnamien est abattu.

La menace vénézuélienne a amené le département d'État à ordonner aux Sud-Vietnamiens de reporter de quelques jours l'exécution de Van Troi.

Cependant, le gouvernement vénézuélien a subi la pression des États-Unis. Gonzalo Barrios, ministre des relations intérieures du gouvernement du président Raúl Leoni de Acción Democrática, a ordonné une répression massive.

"Plus de 15 000 arrestations ont été effectuées, 300 ont été placées en détention pour enquête", a écrit Roso Grimau, membre du Parti communiste du Venezuela, sur son blog. Pas moins de vingt militants de la Jeunesse communiste ont été arrêtés et torturés dans la caserne San Carlos et dans les sous-sols de la Digepol (police politique).

"Il y a eu des raids, la mobilisation de contingents de troupes vers les montagnes d'El Bachiller et d'El Tocuyo. Des récompenses de 100 000 bolívares ont été offertes à toute personne donnant des informations sur le lieu où se trouve Smolen. Il y avait même des plans pour une prise de contrôle militaire et la fermeture de l'Université centrale du Venezuela (UCV)".

Finalement, les FALN ont décidé de libérer Smolen, ce qui a été fait tard dans la nuit du 12 octobre 1964.

Les États-Unis, apprenant la libération, ont ordonné au Sud-Vietnam de poursuivre l'abattage de Van Troi. Trois jours plus tard, le 15 octobre à 9 h 45, en présence de journalistes et de cameramen internationaux, le jeune Vietnamien a été abattu. "Vive le Vietnam ! Vive Ho Chi Minh !" furent ses derniers mots devant le peloton d'exécution sud-vietnamien, attaché à un poteau. L'officier sud-vietnamien en charge lui a alors tiré une balle à l'arrière de la tête avec son pistolet de service.

La lutte du peuple vietnamien a porté ses fruits plus de dix ans plus tard, lorsque le 30 avril 1975, la ville de Saigon (aujourd'hui Ho Chi Minh Ville), dernier bastion des Sud-Vietnamiens, a été reprise par les troupes nord-vietnamiennes. Un an plus tard, la nation est réunifiée sous le contrôle des forces révolutionnaires, la défaite militaire et politique la plus cuisante subie par l'empire américain au XXe siècle.

Aujourd'hui, Nguyen Van Troi est considéré comme un héros majeur au Vietnam. L'action des Vénézuéliens est bien connue dans la nation socialiste et étudiée par ses enfants comme faisant partie de leur histoire et comme un exemple de la solidarité des peuples du monde face à une lutte asymétrique et inégale comme celle qu'ils ont vécue.

Le diffuseur officiel La Voz de Vietnam a publié un communiqué jeudi pour déplorer le départ physique de Martinez.

"Nous sommes émus par la nouvelle du décès d'Argenis Martinez, et nous exprimons ici nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses camarades. Au nom du peuple vietnamien, nous réitérons à cette occasion notre profonde gratitude envers les héros de l'opération VAN TROI, ainsi que notre solidarité avec le gouvernement et le peuple bolivariens", indique le texte en l'honneur du commandant Ruiz.
 

source : https://prensapcv.wordpress.com/2022/02/28/cinco-anos-de-la-desaparicion-fisica-de-argenis-martinez/