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Espagne: campagne « Ils ne nous feront pas taire ! » en soutien aux syndicalistes menacés

Trois cents syndicalistes espagnols risquent un total de 120 ans de prison. Pour les soutenir, des milliers de travailleur se sont rassemblés dans les rues des grandes villes du pays le 9 juillet.

Alice Bernard

Affiche de campagne.

Pictures

Licenciement de 120 000 personnes en 2013, attaques contre les conventions collectives, les salaires et les droits des travailleurs. C’est la conséquence des réformes successives apportées par le gouvernement, largement inspiré par les patrons qui se répartissent pourtant 8 milliards d’euros de bénéfices. Et maintenant le gouvernement s’en prend aux syndicalistes qui tentent de défendre leurs affiliés.

Des peines de huit années de prison ont été demandées à l’encontre de huit travailleurs d’Airbus, la secrétaire générale du syndicat « Commissions ouvrières » des Baléares est menacée d’une peine de 4 ans et demi de prison ferme, un syndicaliste de Navantia risque 3 ans de prison et un ouvrier de Coca-Cola 2 ans… pour avoir organisé des grèves et participé à des piquets d’information. Jon Telletxea et Urtzi Martínez ont été condamnés à deux ans et demi de prison pour avoir participé à la grève générale du 29 mars 2012 au Pays basque. Deux autres syndicalistes ont été condamnés à trois ans pour avoir participé à un piquet de grève le même jour à Grenade.

C’est pourquoi les deux grands syndicats espagnols, l’UGT (Union générale des Travailleurs) et les CC-OO (Commissions ouvrières) ont lancé une grande campagne de mobilisation à travers le pays et organisé des rassemblements dans toutes les grandes villes le 9 juillet.

La campagne « Ils ne nous feront pas taire ! » veut rassembler le plus de monde possible pour la défense du droit de grève et des libertés syndicales, contre la vague de répression lancée par l’Etat espagnol.

Dans un communiqué commun l’UGT et les CC-OO estiment qu’il s’agit d’une restriction disproportionnée de l’exercice du droit de grève que le pays n’avait plus connue depuis la fin du régime fasciste il y a quarante ans. Les syndicats dénoncent également la criminalisation de l’action syndicale dans le but de faire passer l’exercice du droit de grève pour un délit et ainsi priver les travailleurs du droit de se défendre. En effet, le gouvernement espagnol veut modifier un article du Code pénal de 1976 sur le droit de grève. Et veut introduire la notion de « garantie du droit au travail, ne fût-ce qu’une seule journée par an ». En oubliant de mentionner que 6 millions de travailleurs au chômage sont privés de ce droit au travail 365 jours par an.

« Cette attaque contre le syndicalisme et l’offensive judiciaire contre le droit de grève n’est pas un hasard, disent les deux syndicats. Il s’agit d’une stratégie politique élaborée par le ministère public pour faire peur aux travailleurs à un moment clé de l’offensive gouvernementale contre les droits sociaux et le code du travail. »

La campagne des syndicats est soutenue par de nombreuses forces de gauche. Le Parti communiste espagnol a appelé ses membres à rejoindre les rassemblements du 9 juillet. « Les ouvriers en prison et les criminels au pouvoir », c’est la réalité de notre pays qui se prétend pourtant un Etat social et démocratique déclare le Parti communiste des Peuples d’Espagne.

Cette attaque du gouvernement espagnol ressemble fortement aux poursuites lancées en Grèce contre des syndicalistes qui ont organisé la résistance aux mesures d’austérité imposées par la Troïka et les banques européennes. Mais la grève n’est pas un délit, les droits des travailleurs doivent pouvoir être défendus. C’est pourquoi il est nécessaire de soutenir les syndicalistes d’Espagne, de Grèce ou d’ailleurs et de renforcer les liens de solidarité entre les syndicats et les travailleurs du monde entier.

Source: Solidaire

Tag(s) : #europe

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