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25 avril 2025

Article écrit par Fuad Abu Saif, activiste palestinien et chercheur sur les luttes pour la terre et la dignité. Il affilié au syndicat Union of Agricultural Work Committees et membre de la coordination internationale de La Via Campesina. Cet article a été écrit pour Défendre les droits des paysan.nes, dans le cadre de la journée internationale des luttes paysannes, le 17 avril. Pour, qu’en cette journée, nos yeux se tournent vers les paysan.nes palestinien.nes, vers leurs souffrances, vers les violences qu’ils et elles subissent, mais aussi vers leur continuelle et toujours renouvelée résistance pour rester enraciné.es sur leurs terres.

Introduction
Dans les champs de la vallée du Jourdain et le long des pentes rocheuses du sud d’Hébron, les agriculteurs palestiniens se battent pour exister. Ici, l’agriculture est un acte quotidien de survie dans un système colonial bien ancré qui déploie la loi, la violence et l’étranglement économique pour arracher les gens de leur terre.

Depuis octobre 2023, la Cisjordanie est entrée dans une nouvelle phase d’intensification de la dépossession. Rien n’est arbitraire. Les ordres de démolition sont exécutés avec une précision bureaucratique. Les ressources vitales, telles que l’eau, les pâturages et la mobilité, sont coupées sous le couvert de la « souveraineté ». Dans une déclaration éloquente et sans complaisance, le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, s’est vanté il y a quelques jours que 2024 a été une année record en matière de démolitions de maisons et d’infrastructures palestiniennes, célébrant cela comme une réussite de l’imposition du contrôle israélien sur la zone C. Dans un environnement aussi ouvertement hostile, la notion de développement devient absurde, et même un minimum de stabilité semble hors de portée.

Cette violence n’est pas fortuite, elle est structurelle. Les agriculteurs palestiniens ne sont pas considérés comme des individus, mais comme des obstacles géographiques à éliminer. Dans des endroits comme Wadi al-Seeq et Khan al-Ahmar, les communautés bédouines et rurales subissent des attaques méthodiques : cultures brûlées, puits empoisonnés, bétail volé et déplacements bloqués. Ces attaques font partie d’une stratégie délibérée visant à créer des conditions invivables et à forcer les gens à partir sans qu’aucune expulsion officielle n’ait eu lieu.

Sur le plan économique, l’agriculture est étouffée. L’occupation israélienne contrôle 85 % des ressources en eau de la Cisjordanie, alors que les Palestiniens n’ont pas le droit de forer ou d’entretenir des puits. Selon les données de la Banque mondiale, la productivité agricole palestinienne a diminué d’au moins 35 % au cours des six derniers mois. En revanche, les colonies agricoles israéliennes voisines prospèrent grâce à un accès illimité à l’eau, aux infrastructures et aux marchés internationaux, ce qui met en évidence l’inégalité criante ancrée dans la terre.

Considérer l’agriculteur palestinien uniquement comme un symbole de résilience ou de nostalgie, c’est passer à côté de l’essentiel. Aujourd’hui, l’agriculteur est le défenseur en première ligne de la souveraineté, de la justice environnementale et du droit à la vie elle-même. La lutte ne porte pas sur une seule récolte, mais sur la sauvegarde de la possibilité même d’une présence palestinienne continue sur la terre, au-delà des ghettos urbains et des enclaves fragmentées.

source : https://viacampesina.org/fr/cultiver-la-ou-le-monde-regarde-ailleurs-palestine/

Tag(s) : #Palestine

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