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Publié le 05 février 2025

L’avenir du peuple palestinien et du mouvement national palestinien se jouent maintenant. Il faut prendre la mesure de la gravité du moment politique dans lequel ils se trouvent.

Les projets de Trump d’une part et les discussions sur l’avenir de Gaza en sont le laboratoire. Ceux-ci sont indissociables de la recomposition des rapports de force régionaux et font face à plusieurs contradictions. Trump affiche l’ambition d’un « deal » global, s’appuyant sur l’État d’Israël, l’Arabie saoudite et l’Égypte notamment. Il ne s’agit nullement d’un abandon de la région par Washington mais de l’établissement de nouvelles modalités de domination. Cependant, le fondement des accords d’Abraham, c’est-à-dire le fait d’ignorer la nécessité d’un règlement politique de la question palestinienne, n’est plus possible en l’état aujourd’hui pour les gouvernements qui se sont engagés dans cette voie, y compris l’Arabie saoudite. Les dissensions entre la Maison-Blanche et Riyad sur l’État de Palestine exprimées mardi soir ou sur les déclarations de Trump à propos d’une possible intervention américaine directe à Gaza en sont l’illustration. Par ailleurs, les déclarations criminelles de Trump sur l’épuration ethnique des Palestiniens de Gaza viennent en aide à la coalition suprémaciste et raciste de Netanyahou.

  • La question d’un règlement politique de la question palestinienne est plus que jamais sur la table, alors même que le mouvement national palestinien est menacé par trois dangers :
    La poursuite de la politique criminelle de Netanyahou et de l’épuration éthique, sans aucune réaction internationale. Il y a déjà plus de 70 morts en Cisjordanie pour le seul mois de janvier 2025. Dernièrement à Jenine où l’UNRWA dénonce une « catastrophe » dans le camp de réfugiés suite à l’intervention de l’armée israélienne avec bulldozers, drones et véhicules blindés. L’UNRWA est désormais persona non grata en Israël et à Jérusalem Est (annexée illégalement). C’est une politique qui vise à rendre impossible la création d’un État palestinien. Cela montre que Netanyahou et les forces qui le soutiennent, après avoir été plus ou moins contraints à accepter le cessez-le-feu, n’ont en rien renoncé à leur projet suprémaciste et raciste.
  • L’hypothèse d’un « deal » encouragé par les Américains avec un certain nombre de puissances régionales se concluant par un État palestinien croupion. Il faut de ce point de vue prêter attention au projet de sommet annoncé en décembre par la France et l’Arabie saoudite qui devrait se tenir en juin. De même, les projets égyptiens de confier la bande de Gaza à un condominium de partis palestiniens hors OLP reviennent à poursuivre la division inter-palestinienne entre Gaza et la Cisjordanie et à affaiblir l’OLP, représentante de la lutte du peuple palestinien pour ses droits nationaux. Cela va à l’encontre d’une des grandes victoires de Yasser Arafat, c’est-à-dire l’autodétermination de la lutte du peuple palestinien et son indépendance envers les intérêts des gouvernements arabes de la région.
  • L’influence de l’islam politique. Le Hamas, qui est historiquement l’émanation des Frères Musulmans et qui fut encouragé par Netanyahou pour mieux écraser et diviser le mouvement national palestinien, est affaibli, mais la mise en scène des libérations d’otages montre qu’il conserve ses ambitions. Rappelons ici deux éléments théoriques et historiques qu’il est nécessaire de garder en tête en tant que communistes :

1. À chaque fois que la gauche et les communistes se sont alliés aux islamistes, cela s’est terminé par le massacre des premiers au bénéfice des seconds. L’« exemple » iranien est tragiquement parlant. Plus anciennement, le 2e congrès de l’Internationale communiste, en 1920, exclut l’accord avec les forces qu’il désignait alors sous le terme de « panislamistes […] qui tâchent d’utiliser la lutte émancipatrice contre l’impérialisme européen et américain pour rendre plus fort le pouvoir des impérialistes turcs et japonais, de la noblesse, des grands propriétaires fonciers, du clergé, etc. » (Thèses et additions sur les questions nationales et coloniales). 
2. Le Hamas et l’islam politique représentent l’extrême droite du champ politique. Reprenons Georges Corm qui a bien défini leur projet politique et les intérêts que les impérialistes ont à l’encourager, pour écraser la gauche et toute perspective d’émancipation démocratique et sociale. De ce point de vue, les comparaisons avec la Résistance française sont absurdes. Si des forces d’extrême droite ont effectivement participé à la Résistance, l’unification de mouvements de Résistance ne s’est pas uniquement faite sur l’appel à la libération du pays, mais également sur l’exigence de sa reconstruction économique, politique et sociale sur des bases profondément transformatrices, ce qui fut l’objet du programme du CNR. Séparer les deux questions (la lutte pour la libération et la construction de l’après) sans les envisager d’un même mouvement dialectique, est une impasse dangereuse.

Autrement dit, la question est celle de l’indépendance de classe avec des alliances possibles dans le cadre d’un projet de libération nationale ET de construction de l’après.
Tout cela doit concourir à redonner à l’OLP, et à son projet, son rôle : celui d’une solution politique à un conflit politique, par l’égalité entre les deux peuples, palestinien et israélien, par l’établissement d’un État de Palestine laïc dans les frontières de 1967 d’un seul tenant (Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza).

Les détracteurs de la solution à deux États sont à la peine pour proposer une alternative concrète, sauf à mettre en avant des solutions totalement irréalistes. Bien évidemment, les difficultés sont grandes et la route semée d’embûches. Mais le fait de donner aux Palestiniens un cadre politique, une citoyenneté à égalité avec les Israéliens est le seul moyen pour assurer la réconciliation des deux peuples. Le processus sera long et difficile. La solution à deux États est également la traduction politique d’une réalité : deux peuples vivent sur la terre de Palestine. Cette réalité est prise en compte par les communistes dès les années 1940. La solution à deux États n’est pas seulement portée par le droit international, par l’ONU, mais aussi par l’OLP et les deux partis communistes, le Maki israélien et le PPP palestinien.

L’OLP cherche actuellement à reprendre la main, en exigeant du Hamas à se dessaisir de l’administration de Gaza, à l’appel de syndicats gazaouis. Le fait que l’OLP, sur la base de sa charte, puisse retrouver une place centrale et incontournable est nécessaire et conditionne l’avenir du mouvement national palestinien.  

Dans ce contexte, les enjeux sont extrêmement grands pour le mouvement de solidarité avec les Palestiniens. Certaines forces, qui sont allées jusqu’à chercher à faire taire l’ambassadrice de Palestine à la manifestation du 25 janvier à Paris, portent de toute évidence un tout autre projet. Or, pour toutes les raisons décrites ci-dessus, la question centrale est celle de l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël.

Dans ce cadre, la campagne que le PCF lance sur la reconnaissance de l’État de Palestine et la campagne avec l’OLP sur la base de la déclaration de solidarité du 29 novembre est cruciale et est appelée à se développer dans les prochaines semaines.

Article publié dans CommunisteS, numéro 1028 du 5 février 2025.

source : https://www.pcf.fr/avenir_mouvement_national_palestinien_se_joue_maintenant

Tag(s) : #PCF

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