/image%2F1031403%2F20250122%2Fob_c48a28_colonel-fabien-ep1.png)
Le 27 décembre 1944, à Habsheim, en Alsace, le Colonel Fabien, de son vrai nom Pierre Félix Georges meurt dans l’explosion de son poste de commandement : il a vingt-cinq ans.
Si autour de sa mort plane un doute sur les circonstances de celle-ci, il n'y a aucun doute sur l'engagement de ce jeune ouvrier militant communiste, patriote, internationaliste et antifasciste, ni sur sa fougue et ses qualités d'organisateur.
Pierre Georges naît à Paris le 21 janvier 1919, rue Eugène Jumin, dans le 19e arrondissement, dans ces quartiers ouvriers insalubres, aux ruelles couvertes de suie épaisse et à l'air nauséabond. Malgré plusieurs déménagements pour trouver un air meilleur, sa mère Blanche Gaillourdet, affectée par la tuberculose, meurt en 1928 à 39 ans en mettant au monde un enfant mort-né (elle avait déjà perdu une petite fille en 1913).
Le père de Pierre Georges, Félix, reste seul avec ses quatre enfants, Daniel et Denise, les aînés de Pierre et Jacques, son frère benjamin. Félix est ouvrier boulanger, syndiqué à la CGTU ; membre du PCF dans les années 30, il sera fusillé comme otage en 1942.
Après la mort de Blanche, Jacques et Fabien vont en pension pour six mois en Dordogne. Intrépide, téméraire, Pierre exerce une certaine emprise sur les gamins du village, les entraînant dans des aventures quelque fois pendables.
Sa sœur Denise adhère aux JC en 1929 et met sur pied une organisation de pionniers ; elle y recrute ses frères Jacques et Pierre. Ils participent aux grèves du 1er mai, alors interdites et sèchent l'école. Le lendemain le directeur les traite de morveux, et Pierre lui envoie un encrier à la tête, il le rate et écope de trois jours de suspension.
En 1931, en solidarité avec les mineurs du Gard, en grève, Pierre est désigné par les pionniers pour faire partie d'un échange d'enfants entre Alès et la région parisienne. Il participe aux manifestations et est blessé par un coup de crosse à la mâchoire.
Après avoir réussi son certificat d'études, en 1932, Pierre travaille sans jamais trop se fixer, par tempérament peut-être. Il est du genre à verser une casserole de sauce sur la tête de son patron pâtissier car ce dernier, ne tolérant pas son insolence, l'avait giflé et botté les fesses.
En 1934, la famille revient habiter dans le 19e, au 100 du boulevard de La Villette où habite déjà Denise qui vient de se marier. Daniel, l'aîné, dirigeant national des pionniers, est apprenti typographe : il s'installe boulevard de Belleville et adhère au PCF. Le 6 février les ligues fascistes tentent un putsch.
C’est l’époque aussi du déchaînement raciste contre les juifs qui fuient le nazisme et se réfugient en France. Pierre anime à «la Bellevilloise » un groupe de jeunes ouvriers qui organise la solidarité avec un club de la jeunesse ouvrière juive. Ensemble, ils créent une association en direction de l’enfance, et à l'été 1935, ils tiennent en commun un camp d'été à Draveil.
En octobre de la même année, Pierre est condamné par le Tribunal des enfants à onze francs d'amende pour avoir écrit des slogans à l’occasion du 1er mai. Alors que s’annonce le Front Populaire, on le voit participer à des manifestations, à des piquets de grèves, des initiatives de solidarité avec les grévistes.
En 1936, il est secrétaire du Cercle des JC du quartier Combat dont les locaux se trouvent dans un ancien site du Secours rouge international, sur le terrain qu'occupe aujourd'hui le siège du PCF. Malgré son âge, il est admis au PCF.
Les fêtes du 14 juillet, selon l’écrivain Clément Lepidis, furent alors parmi les plus beaux jours de Belleville, quatre jours et quatre nuits de bals populaires. Des festivités de courte durée cependant: le 18 juillet, Franco déclenchait le soulèvement contre la République espagnole.
Article publié dans CommunisteS, numéro 1025 du 15 janvier 2025.
source : https://www.pcf.fr/il_etait_une_fois_colonel_fabien_1