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Photo: JORGE 

Dans ce monde dystopique, où l’on viole les règles de la civilisation et où règne parfois le chaos, il semble qu’il y ait un désir, une attente de voir les choses changer. C'est le seul point sur lequel les êtres humains seraient pratiquement d'accord.

Dans cette logique, les propositions électorales qui promettent le changement tant attendu sont généralement celles qui ont le plus de succès. Peut-être en a-t-il toujours été ainsi, mais ce qui est nouveau, c'est que désormais les promesses de changement ont cessé d’être synonymes de progrès, d'avancée.

Ce qui est certain, c'est que les courants d'extrême droite ont séquestré la façon de devenir porteurs du changement, mais en promettant le non-sens de faire revenir en arrière la roue de l'histoire. D’une tournure dix-neuviémiste, la solution ne semble pas être de progresser, mais de reculer ; plus il est conservateur, mieux c'est : ils aiment se vanter. Une dichotomie insurmontable s'impose selon laquelle, pour changer les choses, il faut rétablir ce qui fut un jour et que l’on a dû remplacer pour une raison quelconque.

Mais que s'est-il passé ? Qui porte la responsabilité de ce problème ?

Un point après l’autre. La nécessité de modifier l'état des choses est une conséquence systémique du mode de production capitaliste, qui conduit inévitablement à la concentration de la richesse, à l'accroissement de l’inégalité et, de ce fait, à la frustration généralisée des citoyens, qui remettent constamment en question les formes traditionnelles de faire de la politique.

Après la victoire de la Révolution bolchevique, le capitalisme a vu son existence menacée pour la première fois. Ce sentiment a engendré les premiers monstres nazis-fascistes, qui ont reçu la tâche de détruire le premier État prolétarien, ce qui a abouti à la Seconde Guerre mondiale. La victoire épique du peuple soviétique a impulsé des réformes au sein du système bourgeois, notamment chez les voisins européens, où certains secteurs politiques ont mené une croisade sociale-démocrate, qui a même réussi à engloutir une partie de la gauche.

Une pseudo-concurrence politique s'est alors installée entre le libéralisme bourgeois, qualifié de droite traditionnelle contre la social-démocratie. Mais ces prétendues différences se sont estompées au fil du temps, laissant un vide politique dont les gauches n'ont pas su tirer parti et, comme nous le savons, quelqu'un doit combler cet espace.

L'extrême droite apparaît ainsi comme une dérive extrémiste des droites traditionnelles/sociales-démocrates, avec pour mission de sauver un système politique, qui se voit submergé par de nombreux signes d'épuisement, de décadence, marqué par la paupérisation interclassiste et générationnelle de secteurs sociaux majoritaires, au même rythme que l'hyper-concentration de la richesse.

La montée en force de l’extrême droite s’affirme à l’heure actuelle, ce qui aurait été inconcevable il y a seulement dix ans. On en voit les effets surtout dans les lieux où le poids des classes moyennes appauvries est important, aussi bien dans le premier monde capitaliste que dans d'autres pays émergents à la périphérie du système.

Sous forme d'une sorte de secte, dirigée par des chefs de file qui se prétendent messianiques, ils parviennent à déloger ou même à phagocyter les partis traditionnels, comme c’est le cas du Parti républicain étasunien, un instrument électoral utilisé par Trump, qu’il a dénommé groupe politique MAGA (Make America Great Again/Rendre sa grandeur à l’Amérique), qui n'a nul besoin d'être présenté.

Les organisations politiques de ce type se ressemblent par certaines valeurs négatives, telles que le rejet de tout progrès de nature socioculturelle et inclusive, l’anti-immigration, avec une esthétique politiquement conflictuelle, qui se propose d’imposer des règles ultra-conservatrices de coexistence sociale.

D'un point de vue électoral, leur efficacité de mobilisation est très élevée, ils convoquent quiconque se sent « abandonné » par le sort ; de façon opportune, ils mettent les riches et les pauvres sur un pied d'égalité et parviennent à générer un sentiment d'appartenance à un conglomérat de faux égaux.

Sur la base d'un simplisme idéologique, y compris de théories fumeuses du complot, l'extrême droite interprète avec efficacité les émotions de millions de partisans, qui sont trompés avec une relative facilité, par le biais de contre-vérités irritantes, diffusées massivement et rapidement par les réseaux sociaux numériques, et manipulant le bon sens. En tout état de cause, le mensonge est désormais à la base de l’action politique des partis de droite traditionnels eux-mêmes.

L'ampleur de ce phénomène est difficile à quantifier. Cependant, la montée vertigineuse des partis d'extrême droite a été évidente lors des dernières élections au Parlement européen, où ces forces sont passées de 118 à 187 députés. Bien entendu, il est inutile de décrire davantage le retour éclatant de MAGA/Trump à la Maison Blanche, ni les victoires électorales extrémistes dans Notre Amérique.

QUELS SONT LES DANGERS ? QUELLES OPPORTUNITÉS S'OUVRENT-ELLES ?

Les risques qu'une société soit forcée de revenir au passé, à ce qu’elle a déjà été, sont pratiquement infinis, autant que le pied d'argile du récit manipulé qu'ils affichent pour justifier ce retour, certainement utile pour gagner des élections, mais pas vraiment pour gouverner.

Comme nous l'avons déjà vu, les tendances autoritaires, qui généralisent l'ignorance des règles du jeu libéral bourgeois, la violence verbale, les gestes et les décisions menaçants à l'égard d'autres nations, provoquent un état permanent de conflit et empêchent tout climat qui permettrait un minimum de paix sociale, indispensable au fonctionnement du système et de l'économie en général.

Dans ce scénario, propice au chaos permanent et à de nouveaux cycles de frustration généralisée, lorsque l'option modérée ou conventionnelle de la droite a été dépassée par les circonstances, un éventail d'opportunités s'ouvre pour que prospère une proposition de gauche, mais à partir des antipodes de l'extrême droite, et aussi de la droite plus traditionnelle.

La logique devrait être celle-ci : si le centre a été balayé, la seule alternative à l'extrême droite est une gauche radicalisée, notamment dans ses priorités et sa gestion, de sorte que si la gauche tente de ressembler à ce centre, ce qui est malheureusement souvent le cas, elle ne pourra pas être porteuse d'un changement réel et inéluctable.

Dans ces conditions, comme un cauchemar, des changements répétés de gouvernements ultra se produiront, minés par leur incapacité à gérer cette paix sociale nécessaire, alternant avec des gouvernements modérés qui ont déjà prouvé leur délabrement, et ainsi successivement, sans aucune option de progrès pour les grandes majorités.

Est-ce là le destin de l'Humanité ? Le mépris des avancées scientifiques sur des questions cruciales comme la santé ou le changement climatique, par exemple, va-t-il s'imposer ? L’état naturel des choses, est-ce les guerres et le génocide associé ? N'oublions pas la Palestine ! Ne peut-on rien faire pour changer radicalement cette situation ?

Nous devons insister sur le fait que la véritable contradiction, celle qui impose sa logique à toute autre, est celle qui existe entre riches et pauvres, et que l'avenir doit être une société dans laquelle il n'existe aucun des deux : ni riches ni pauvres.

C’est le moment d’évoquer Fidel Castro, lors de son intervention au Sommet sur le développement social du 12 mars 1995 : « Dans un monde où les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres... où la femme, l’Indien, le Noir et autres groupes ethniques sont discriminés ; où le chaos et l'anarchie règnent sous les lois aveugles et sauvages du marché, il ne saurait y avoir de développement social ».

source : https://fr.granma.cu/mundo/2024-12-12/lextreme-droite-une-anomalie-ou-un-etat-actuel-de-la-politique-dans-le-capitalisme
Tag(s) : #Cuba

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