Publié le 11 décembre 2024
Quand mercredi 4 décembre, à 20 h 25, Yaël Braun-Pivet monte au perchoir de l’Assemblée nationale pour annoncer le résultat du vote de la motion de censure, déposée 48 h plus tôt par le Nouveau Front populaire en réponse au coup de force du gouvernement Barnier pour faire adopter un très mauvais Projet de loi de financement de la Sécurité sociale condamnant les Françaises et les Français à 5,6 milliards d’économie sur les dépenses de santé et les pensions des retraités, un silence pesant émerge de tous les bancs. Le même qui accueillera le résultat : 331 voix pour, et la terrible sentence de la Présidente enjoignant, comme le veut notre Constitution, Michel Barnier à présenter au Président de la République la démission de son gouvernement.
Ce scénario était inéluctable depuis le refus obstiné, et quoi qu’il en coûte, d’Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre issu de la coalition arrivée en tête aux élections législatives provoquées par sa dissolution surprise et brutale de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier.
Car remontons le fil de cette courte histoire. Le 7 juillet au soir, c’est bien le Nouveau Front populaire qui est arrivé en tête du deuxième tour des élections législatives, infligeant par là même une défaite cuisante du camp présidentiel et ainsi démontrant à la fois le désir profond d’alternance politique dans notre pays et le refus de voir l’extrême droite gouverner. Conformément au verdict des urnes, le Président de la République aurait dû nommer comme Premier ministre une personnalité désignée par le NFP.
Pourtant, contre toute logique rationnelle et respectueuse de la volonté générale, Emmanuel Macron se tournera vers la droite, qui a perdu toutes les récentes élections et a refusé de faire barrage à l’extrême droite, et fera des ronds de jambe au Rassemblement national. Ainsi, il nommera Michel Barnier comme Premier ministre et un gouvernement tout aussi illégitime, avec l’engagement de l’extrême droite de ne pas le censurer a priori.
Emmanuel Macron a piétiné notre démocratie, il est aujourd’hui le seul responsable de cette crise politique majeure. Pour en sortir, il doit enfin respecter le vote des électeurs en nommant un Premier ministre et un gouvernement qui respecte le verdict des urnes.
Ainsi, je formule une proposition qui s'inspire du courrier adressé le 12 août par les 4 formations politiques du Nouveau Front populaire et de Lucie Castets à l'ensemble des groupes parlementaires hors Rassemblement national, à savoir : Un ou une premier ministre issu du NFP ; pas de recours au 49-3 ; des majorités texte par texte.
Parce qu’il y a urgence à agir et à ne pas trahir l’immense espoir suscité en juin et juillet dernier, nous devons chérir l’union du NFP et par là même ne pas succomber aux tentatives de divisions venues de la droite et de l’extrême droite.
Stéphane Peu
Article publié dans CommunisteS, numéro 1022 du 11 décembre 2024.
source : https://www.pcf.fr/il_y_a_urgence_agir