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Publié le 20 novembre 2024
La victoire de Donald J. Trump annonce des jours sombres pour ce qui reste de conscience de classe dans ce pays.

Elle met en danger les droits des femmes, la défense du climat, la démocratie et la liberté syndicale. Le candidat républicain a cette fois remporté la majorité des voix en plus de la majorité des grands électeurs et a consolidé son assise dans les États clés de la ceinture de rouille désindustrialisée du Midwest et dans les États sudistes. Pour asseoir cette emprise, Trump a pu compter sur le soutien des secteurs les plus réactionnaires du capital, chez les patrons des hydrocarbures, de la construction, des transports et de l’agroalimentaire. À l’amont de ces industries, se trouve la finance qui a investi plus de 400 millions de dollars dans les campagnes de chacun des deux camps.

Armé de ce soutien actif du capital industriel et financier, Trump a réussi à convaincre les électeurs grâce à un discours qui, tout en étant frauduleux, offrait une explication à leur mal-être économique. Les non-diplômés, moins équipés pour faire face aux transformations économiques et géopolitiques actuelles, ont été les premiers convaincus. Les travailleurs aux revenus faibles et moyens ont, eux aussi, basculé, démunis face à l’inflation. Face à cela, l’appartenance syndicale, autrefois un déterminant fort du vote, n’a pesé que trop légèrement sur une base syndiquée toujours plus faible. Les votes ethno-communautaristes n’ont pas compensé le tir, alors que le vote pro-Trump a progressé chez toutes ces catégories, latinos en premier.

Le Parti démocrate, qui a largement centré sa campagne sur le danger Trump, subit l’absence de propositions universelles fortes pour rallier sa base. Au contraire, il a épuisé la stratégie de la politique identitaire pour masquer un agenda néolibéral et impérialiste. Comme le dit Bernie Sanders le lendemain de l’élection : « Cela ne devrait pas être une grande surprise qu’un parti qui a abandonné la classe travailleuse constate à son tour que la classe travailleuse l’a abandonné, lui. D’abord les travailleurs blancs, puis les travailleurs noirs et latinos. » L’empreinte laissée par le sénateur pour une assurance-maladie publique, un renouveau syndical et des nouveaux droits universels a disparu et laissé un Parti démocrate idéologiquement découvert. Du côté international, le soutien des États-Unis à Israël malgré les massacres incessants et les risques de propagation de la guerre au Moyen-Orient a détourné une partie de la base progressiste.

Les origines, la couleur de peau, le genre et l’orientation sexuelle sont autant de facteurs exploités pour diviser notre classe, et l’immigration est pointée comme coupable principal de la paupérisation de pans entiers de la société. C’est dans ce contexte que nous admirons le travail de réunification des travailleurs de tout bord mené avec courage par certains grands syndicats, dont l’UAW dans la métallurgie. À cette image, le secrétaire national, Shawn Fain, annonce après les résultats : « Les deux Partis sont responsables de la guerre de classe unilatérale que l’Amérique corporatiste mène depuis des décennies contre notre syndicat, et contre les Américains de la classe travailleuse […] Et nous sommes toujours animés par la même force : l’espoir du travailleur de faire progresser la société vers l’objectif ultime de la justice sociale et économique. »

Alec Desbordes
membre de la commission des Relations internationales, responsable USA

Article publié dans CommunisteS, numéro 1019 du 20 novembre 2024.

 

source : https://www.pcf.fr/trump_construit_triomphe_sur_fractures_sociales

Tag(s) : #Trump

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