Publié le 13 novembre 2024
Le 8e forum européen des forces de gauche, progressistes et écologistes s’est réuni à Budapest du 8 au 10 novembre 2024.
Ce forum a pour objectif de faciliter le dialogue, le débat et de catalyser des convergences entre forces politiques, sociales, citoyennes en Europe. Il est organisé sur proposition du Parti de la gauche européenne, avec d’autres acteurs tels que les trois fondations de gauche (Tranform Europe !, fondation des verts et des sociaux-démocrates), des forces politiques hors PGE (par exemple : PTB, jeunes verts), des syndicats (CES, FIOM, FGTB, CCOO…), avec les forces féministes et celles qui agissent pour le climat. Y ont également participé des forces internationales (Togo, Israël, Palestine, Turquie…).
Cette année, il a réuni des représentants de 115 organisations venant de 38 pays.
Pour la première fois, le forum se réunissait dans un pays d’Europe centrale et orientale. Il est particulièrement important que cette session ait eu lieu en Hongrie, alors que Victor Orban préside l’UE pour le 2d semestre 2024, en même temps que la réunion du Conseil européen et de la Communauté politique européenne. Tout d’abord, pour affirmer notre solidarité avec les acteurs sociaux et politiques qui luttent contre le pouvoir d’extrême droite d’Orban qui veut faire de la Hongrie un laboratoire de toutes les régressions en Europe. Des forces hongroises, politiques et syndicales, ont activement pris part aux travaux du forum, ce qui est un levier pour favoriser les convergences entre elles. Il faut également saluer la présence de syndicats et de forces politiques de Serbie et de Croatie. Le forum de cette année ouvre donc de nouvelles perspectives de coopération avec les forces progressistes d’Europe centrale et orientale.
Par ailleurs, le forum de cette année a été marqué par un investissement et une présence renforcée de la CES (Confédération européenne des syndicats). Il s’agit de l’une des principales nouveautés. La CES propose d’élaborer une campagne européenne contre le retour des politiques d’austérité mis en œuvre par la nouvelle commission européenne, qui va aggraver les phénomènes de récession et de désindustrialisation en Europe. Le forum a donc ouvert de nouvelles perspectives de travail en commun contre l’austérité européenne. Il reste désormais à les exploiter et à les concrétiser, en appliquant la feuille de route qui y a été décidée.
La paix fut évidemment un point absolument central du forum, à la fois pour exiger une solution politique aux conflits en cours mais aussi pour évaluer les conséquences de l’élection de Trump à la Maison Blanche. Les classes dirigeantes européennes n’ont désormais plus à la bouche que l’autonomie stratégique de l’Europe. Mais, une véritable autonomie stratégique impose des ruptures avec la politique de l’UE : par exemple en agissant en toute indépendance de l’OTAN, bras armé des USA, pour travailler à la construction d’un espace européen de sécurité collective qui refuse les logiques de blocs ; cela implique également de s’opposer aux traités de libre échange et de porter l’exigence d’accords commerciaux de type nouveau, mutuellement bénéfiques pour les peuples. Le forum a décidé de soutenir la proposition d’une conférence européenne pour la paix, qui devra être organisée en 2025 avec la participation des forces politiques, syndicales, citoyennes et des mouvements de paix. 2025 marquera les 50 ans de l’adoption de l’acte final de la conférence d’Helsinki. Il faudra s’en saisir, non pour commémorer une ambition qui s’est fracassée sur l’effondrement du système de sécurité collective européen, mais pour dire que ce qui fut possible en pleine guerre froide l’est encore aujourd’hui, en commençant par exiger une solution politique et diplomatique à la guerre en Ukraine.
Bien évidemment, il y eu des débats, des désaccords exprimés lors de ces trois jours. L’urgence de reconstruire une gauche de transformation sociale, universaliste, portant les exigences communes à l’ensemble du monde du travail pour le bénéfice du plus grand nombre, face aux tendances à la communautarisation, n’est en que plus aiguë. C’est aussi l’une des leçons de l’élection de Trump. L’heure n’est pas à se lamenter mais à agir.
Article publié dans CommunisteS, numéro 1018 du 13 novembre 2024.
source : https://www.pcf.fr/forum_pge_budapest_imposer_alternative_a_austerite_europeenne