Publié le 30 octobre 2024
Le juridique est au cœur de l’actualité féministe. Le procès de Mazan se poursuit et déroule la logique de continuum des violences construisant un sentiment d’impunité tenant le cap jusque devant l’évidence des preuves.
Une coalition de 45 associations et syndicats s’est organisée pour réclamer auprès de l’État une loi-cadre intégrale contre les violences faites aux femmes revendiquée par les féministes (dont les communistes !) depuis de longues années.
Face à une situation extrêmement grave que vivent les femmes au quotidien, seul un renforcement majeur des services publics pourra permettre un changement de société profond. Police, justice, santé, éducation, accès aux droits, les clés de la lutte contre les violences sont connues. Pourtant, le service public est attaqué par le gouvernement Barnier. Les besoins financiers sont budgétisés mais ignorés : 2,6 milliards d’euros par an. Le coût du déni et du désengagement de l’État lui aussi est connu : une femme meurt tous les trois jours sous les coups, une femme est violée toutes les 7 minutes en France. Les parcours judiciaires sont des violences supplémentaires exercées sur les victimes comme peut le vivre et en témoigner Gisèle Pelicot.
Fermant les yeux sur cette nécessité de service public, un débat anime notre société autour de la définition juridique du viol et d’une potentielle entrée du consentement dans celle-ci. Une fausse bonne idée qui a l’avantage de ne pas coûter un centime. Le problème réside dans la culture du viol, dans l’accueil au commissariat, dans l’absence de protection des femmes qui ont pourtant porté plainte, dans la formation des professionnel·les concerné·es, pas dans le fait de savoir si la victime était consentante ou non. Plus de 90 % des plaintes pour violences sexistes et sexuelles sont classées sans suite. Voilà où est le problème. Le viol est bien le seul crime où l’on interroge l’attitude de la victime. Qu’en est-il de la stratégie de l’agresseur et de la contextualisation des faits ? Le viol n’a pas à voir avec la sexualité, c’est l’exercice d’une domination. Interroger le consentement c’est remettre en cause l’attitude de la victime, ce qui se passe déjà aujourd’hui dans un tribunal comme peut le subir Gisèle Pelicot.
Tirons les leçons de ce procès déjà historique. Le sujet est complexe, nous en débattrons lors de l’Assemblée des femmes le 1er décembre en présence d’Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol.
Quand la justice est rendue par exemple dans le procès de Nicolas Bedos, on s’interroge sur la potentielle dureté de la peine. Force est de constater que l’on a peu l’habitude d’une condamnation qui respecte strictement les dispositions prises par la loi ! Serait-on à l'aube de la fin d’une ère, un tournant qui inquiète le royaume des impunis ?
Soyons nombreuses et nombreux dans la rue le 23 novembre pour défendre nos propositions et promouvoir le besoin de service public, sans quoi les droits des femmes continueront d'être classés sans suite.
Shirley Wirden
membre du CEN
Article publié dans Communistes n°1016 - 30/10/2024
source : https://www.pcf.fr/juridique_coeur_actualite_feministe