L’initiative proposée par la Plateforme réunionnaise s’inscrit dans une démarche lancée par la création du Parti communiste réunionnais à sa création en 1959 et réaffirmée notamment en 2018 par la proposition de la conférence territoriale élargie aux forces vives : la solution aux problèmes de La Réunion est chez les Réunionnais, pas à Paris. Il appartient à Paris d’accompagner les propositions réunionnaises avec par exemple un cadre légal spécifique permettant de libérer les initiatives réunionnaises.
Vendredi dernier, la Plateforme réunionnaise composée du PCR, du PS, d’EELV, d’Ansamb, de Banian, de Cilaos et de Place publique a publié un communiqué. Elle propose la tenue d’une « conférence péi » le 6 novembre à Sainte-Suzanne.
« La Plateforme Réunionnaise se mobilise pour la préservation des intérêts des Réunionnais dans le cadre de la préparation du budget 2025 par l’actuel gouvernement.
Pour construire un avenir qui répondent à nos spécificités, il est impératif de rassembler toutes nos forces vives autour d’un projet clair et partagé. C’est dans l’union que nous saurons formuler les solutions les mieux adaptées aux réalités de notre territoire. Et c’est dans cet esprit que nous proposons à l’ensemble des acteurs locaux, une conférence péi qui pourrait se tenir le mercredi 6 novembre à la salle des fêtes Lo Rwa Kaf à Sainte-Suzanne. », précise le communiqué.
La Plateforme réunionnaise lance donc un appel « à tous les acteurs — élus, associations, syndicats, entreprises, citoyens — pour construire ensemble un modèle pérenne et équitable, qui saura défendre et promouvoir les intérêts de La Réunion face aux défis actuels et futurs » avec notamment l’objectif d’une nouvelle gouvernance, partagée.
La responsabilisation des Réunionnais
Cette initiative marque une étape importante. En 1959, la création du Parti communiste réunionnais avait notamment pour but d’avoir un outil pour libérer les Réunionnais du joug colonial. Le moyen proposé était une assemblée réunionnaise compétente pour tous les aspects concernant directement les Réunionnais. Cette proposition se fondait sur une analyse : l’intégration de La Réunion à la France sous forme de département n’avait pas répondu aux espoirs. Notre île était toujours un des pays les plus pauvres du monde. D’où la nécessité de rompre avec le système dit de la « départementalisation ».
Pour cela, la priorité était la responsabilisation des Réunionnais. Pour les communistes, les choses étaient claires : les Réunionnais étaient les mieux placés pour trouver des solutions pour développer leur pays. Cela voulait aussi dire que la classe dominante devait sortir de son confort de laisser Paris tout décider et de renvoyer la faute sur Paris au moindre problème.
Cette orientation fut réaffirmée en 2018 quelques semaines avant l’importation à La Réunion du phénomène des Gilets jaunes. C’était la proposition d’une Conférence territoriale comprenant non seulement les parlementaires, l’État, la Région, le Département et les représentants des maires mais avec un élargissement aux forces vives : syndicats, partis politiques et associations. Cette conférence était le cadre proposé pour élaborer un projet réunionnais de développement.
Libérer les initiatives réunionnaises
L’initiative de la Plateforme réunionnaise découle de la même logique. Il s’agit de proposer la participation de toutes les bonnes volontés motivées pour agir pour changer profondément La Réunion, au travers d’un projet de développement capable de régler les problèmes issus de près de 80 ans d’errements de la part de Paris, responsable des décisions dans des domaines aussi stratégiques que la politique de l’emploi, les relations avec les voisins, le logement et de tout ce qui relève de la loi et de la réglementation.
Autrement dit, ce n’est pas à Paris que se trouve la solution aux problèmes de La Réunion, mais dans les Réunionnais. Ce sont eux qui sont en effet les mieux placés et les plus motivés à développer le pays pour aller vers le plein emploi, grâce notamment à la souveraineté énergétique, à la création d’activités génératrices de revenu et au co-développement avec les pays voisins.
Le rôle de Paris n’est plus d’assimiler La Réunion comme si elle se situait en Europe, mais d’accompagner sur un plan institutionnel et financier les propositions réunionnaises. Cela peut par exemple prendre la forme d’une loi spécifique à La Réunion, qui permettra de libérer les initiatives réunionnaises.
Le vieux modèle néocolonial a trop duré. Faire des Réunionnais des supplétifs de l’OTAN dans l’océan Indien et baser une économie sur la transformation des transferts publics en profits privés rapatriés en France n’apporte rien à notre peuple. il est temps de développer La Réunion.
M.M.
source : https://www.temoignages.re/politique/actualites-politiques/la-solution-aux-problemes-de-la-reunion-est-chez-les-reunionnais