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Publié le 04 septembre 2024

L’école publique traverse une crise profonde, aggravée par deux années de réformes de fond qui modifient profondément ses missions. C’est une rupture avec un compromis historique qui bien que n’ayant pas enrayé les inégalités sociales de réussite scolaire, faute de volonté politique forte, avait réussi à élever le niveau de connaissance de la jeunesse avec l’allongement du temps de classe et de la scolarité. Ce fut l’accès massifié à l’enseignement secondaire, le collège unique, puis l’accès à l’enseignement supérieur.

La réforme du choc des savoirs, après la réforme du bac et de la voie pro, vise à instaurer au collège le tri et la sélection des élèves, pour une orientation de plus en plus précoce avec en ligne de mire la fin de l’accès de toutes et tous au lycée. Cette réforme transformera à moyen terme les missions du premier degré qui risque fort, à son corps défendant, d’être le lieu du tri des élèves : avec ceux qui pourront accéder à un diplôme qualifiant, à l’enseignement supérieur, et ceux qui iront rapidement en apprentissage grossir les rangs d’une main-d’œuvre peu formée, malléable et sous-payée.

Cette crise de l’école publique est marquée par le manque de professeurs et une crise d’attractivité du métier, l’aggravation des inégalités sociales de réussite scolaire, la perte de sens consécutive à un rythme effréné de réformes et des injonctions contradictoires. L’absence d’un gouvernement de gauche de plein exercice empêche d’engager les moyens nécessaires à des mesures d’urgence et à un changement de cap.

En barrant la route à un gouvernement du Nouveau Front populaire, le Président de la République fait le choix de poursuivre sa politique pourtant rejetée par les urnes et porte l’entière responsabilité des conditions de cette rentrée. En dépit des mobilisations très importantes du monde enseignant contre cette réforme, la ministre démissionnaire fait le choix de maintenir les groupes de niveaux au collège. Un gouvernement du NFP aurait ajourné ces réformes et ouvert une phase de concertation avec l’ensemble des personnels de l’école.

Au nom de l’austérité, l’allocation de rentrée scolaire et les salaires des personnels ne suivent pas l’inflation. Des centaines de postes, des milliers peut-être, restent vacants lors de cette rentrée. Il s’agit, au-delà des salaires, de travailler à l’attractivité des métiers de l’éducation : conditions de travail, formation initiale, statut, missions.

C’est un véritable changement de politique qu’il faut réussir à imposer au Président de la République. Avec des mesures d’urgence d’une part, l’abrogation des réformes néfastes, la revalorisation salariale, un plan de titularisation des AESH, le versement des crédits du PACTE dans la rémunération de tous les personnels, ce ne sont que quelques exemples auxquels on peut rajouter l’abrogation des mesures liées à la réforme de la voie professionnelle. Et, d’autre part, il s’agit d’engager le dialogue et des transformations pour une école émancipatrice, l’élévation du niveau de connaissance de toute la jeunesse, la lutte contre les inégalités sociales de réussite scolaire ; il faut des moyens, des enseignants formés, des personnels non précarisés ; il faut reconquérir une véritable gratuité de l’école publique. Pour cela il faudra des moyens, une nouvelle fiscalité, reprendre au capital ce qu’il accapare pour lui-même, mais aussi l’empêcher de faire de l’accès à la connaissance un marché juteux et lucratif.

C’est la tâche que s’est assignée la commission Éducation du PCF, avec la volonté de pouvoir d’ici une année présenter un plan pour une école émancipatrice à partir de notre projet pour l’école et à l’aune des attaques que l’école publique subit ces dernières années. Car il ne s’agit pas simplement de résister aux mesures libérales du gouvernement Macron, mais bien d’engager des batailles pour une transformation profonde de l’école, pour une école émancipatrice.

Sébastien Laborde

membre du Comité exécutif national

Article publié dans CommunisteS, n°1008, 4 septembre 2024.

source : https://www.pcf.fr/pour_une_cole_mancipatrice

Tag(s) : #PCF

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