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Publié le 22 mai 2024
Un pays dévasté, une situation économique et sociale désastreuse, un régime répressif et rétrograde au pouvoir : l’Émirat islamique d’Afghanistan dont le retour en 2021 a été rendu possible par ceux qui vingt ans plus tôt les en avaient chassés.

Cette coalition internationale dirigée par les États-Unis prétendait que, d’une part, leur présence, participation active, investissements participeraient à la reconstruction et au développement du pays et que, d’autre part, la présence militaire de l’Otan, des USA et alliés garantirait le retour à la paix dans ce pays ravagé par des décennies de conflit. Il n’en fut rien ! Le développement de la culture du pavot, la production et l’exportation mondiale de l’opium, de l’héroïne et dérivés ont continué de financer les milices concurrentes dans différentes zones du pays, perpétuant ainsi les conflits ajoutant du chaos au chaos et développant les pratiques mafieuses et une corruption effrénée. 

L’occupation de l’Afghanistan a coûté plus de deux mille milliards de dollars pris dans les poches des contribuables des pays membres de cette coalition au profit des grands complexes militaro-industriels impérialistes. Des centaines de milliers de personnes sont mortes sans compter le nombre considérable de mutilés, déplacé·es, d’exilé·es. En 2020, l’accord entre l’administration Trump et les Talibans scellait à Doha le retour au pouvoir de ces derniers, le retrait des troupes, et la fin d’un gouvernement fantoche corrompu au service de leurs intérêts.

L’Afghanistan compte plus de cinq millions de déplacé·es depuis 2010. Plus de 15 millions de personnes – sur une population de 38,5 millions – dépendent du PAM. La mortalité infantile est croissante.

L’exclusion des filles et des femmes de l’espace public, de l’éducation, de la formation se durcit. Le mariage juvénile ainsi que le travail des enfants sont autorisés.

Toute expression politique, syndicale ou associative y est interdite. Ce pays, l’un des plus pauvres du monde sous le joug de la dictature de l’Émirat islamique des Talibans, est l’exemple probant des conséquences désastreuses et dévastatrices des interventions impérialistes.

En effet, la misère, le chaos politique et économique que subit le peuple résultent des ingérences répétées des pays capitalistes du G7, l’impérialisme américain en tête, mais aussi de l’Arabie saoudite, du Pakistan et des Émirats du Golfe qui, pour préserver leurs intérêts géostratégiques et géopolitiques, ont soutenu, financé et armé les multiples oppositions islamiques à la République démocratique d’Afghanistan et contribué activement à sa chute et à la prise du pouvoir par les Moudjahidines : l’instauration de la République Islamique d’Afghanistan en 1992.

Mais quatre années de conflits entre différentes factions islamistes ont balayé cette république et permis aux Talibans d’accéder au pouvoir en 1996 et d’instaurer le 1er Émirat islamique d’Afghanistan. Parmi les premiers actes des Talibans : l’exécution odieuse du président Najibullah. Dès leur accession au pouvoir jusqu’à leur évincement en 2001, les Talibans ont anéanti tous les acquis de la République démocratique d’Afghanistan dans les domaines de la santé, du logement, de l’éducation, de l’égalité des droits des femmes, et le pays est devenu le foyer de formation des forces islamistes les plus réactionnaires dont Al Qaïda. De plus, la création de Daesh dans le terreau de l’anarchie créée par l’invasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis a des répercussions jusqu’en Afghanistan où cette organisation commet encore des attentats jusqu’à aujourd’hui.

La chute de Kaboul et le retour au pouvoir des Talibans le 15 août 2021 est catastrophique pour le peuple afghan et les hypocrites larmes de crocodile des « grandes démocraties » sur leur sort ne vont pas panser les plaies profondes. Aujourd’hui, l’Afghanistan a largement été éclipsé dans les médias. Et pourtant, la crise économique et sociale, la misère demeurent entières : malnutrition aiguë, graves difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité, système de santé au bord de l’effondrement. La population est privée de ses droits et libertés. L’accès à l’éducation des filles est supprimé.

Les écoles primaires, secondaires puis les universités ont été interdites aux filles. À cela s’ajoutent d’autres mesures discriminatoires et vexatoires pour les femmes : interdiction de voyager sans être accompagnée par un homme, port obligatoire de la burka. L’obscurantisme religieux est bien l’ennemi absolu des droits et de l’égalité et a pour objectif de les détruire.

Les Afghan·es ne cessent pas pour autant de lutter.

L’avenir appartient au peuple, quels que soient les obstacles que l’on dresse sur sa route. Notre solidarité avec le peuple afghan demeure entière.

Vincent Boulet

Article publié dans CommunisteS, numéro 997 du 22 mai 2024.

source : https://www.pcf.fr/n_oublions_pas_afghanistan

Tag(s) : #PCF, #Afghanistan

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