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Photo: Ismael Batista

Je connais une femme qui s'est battue contre la nature, épée contre épée, et qui a gagné. Elle nourrissait un rêve gigantesque, si immense, si obstiné, qu'elle n'a jamais abandonné la bataille pour le réaliser.
Elle marquait les jours de fécondité sur le calendrier. Elle a passé des centaines d'échographies et d'analyses. Elle a aussi pleuré, inconsolable, à la lecture du test de grossesse négatif, scène qu'elle a répétée, mois après mois, dans un cycle qui lui semblait interminable.
Elle a retenu son souffle lors de cet examen si douloureux et invasif, au cours duquel elle a pensé perdre son souffle, mais elle a respiré profondément et a assuré à l'infirmière qu'elle allait bien, en pleine forme, que cela ne pouvait pas aller mieux.
Elle prenait des tonnes de pilules. Elle n'aimait pas parler de ce sujet. Cela faisait trop mal. Elle le conservait dans un coin de son monologue, entre des couvertures de velours, elle préférait se taire. Elle a vécu plus d'une décennie de sacrifice, de repos absolu, de pieds en l'air, d’attente ardente de la deuxième petite barre.
Elle n'était plus aussi jeune que lorsqu'elle s'était lancée dans l'aventure d’agrandir sa famille. Mais rien ne l'a arrêtée, ni les aléas de la génétique, et encore moins l'âge.
Je connais une femme qui avait un rêve et qui s'est tellement battue pour le réaliser que le destin, honteux, a dû baisser la tête.
Et lorsque la COVID-19 mettait le monde à genoux, elle, qui n'était pas prête à céder le moins du monde, a tout misé sur ce qu'elle pensait être une utopie.
Je connais une femme qui vit aujourd'hui dans un tourbillon, qui est championne du monde du nettoyage de morve, qui, tandis que ses mains travaillent, poursuit du regard ses deux lutins espiègles.
Je connais une femme qui ne dort presque pas, qui écrit, travaille et cuisine avec la même intensité.
Qui ne se plaint jamais, car sa joie déborde de ses yeux épuisés.
Tout le monde l'admire. D'autres, à sa place, auraient décidé de prendre le chemin le plus confortable : jeter l'éponge, accrocher ce vieux désir dans un endroit humide, le couvrir de frustration.
Je connais une femme qui jamais ne se rend. Une femme courageuse, qui fut prête à tout, même à offrir sa vie, afin d’aller au bout de son rêve de maternité.

source : https://fr.granma.cu/cuba/2024-05-13/la-naissance-dun-reve

Tag(s) : #Cuba

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