Deuxième Front oriental : hommage à la loyauté des héros

Silence, hommage, certitudes, espoir... Le jour se lève au pied de la montagne de Micara. Le long du chemin qui mène à l'imposant Mausolée du Deuxième Front oriental Frank País, avancent les chariots militaires, sur lesquels sont transportés les restes mortels de 40 combattants, qui rejoignent ce 13 avril les centaines d'autres compagnons qui reposent en ce lieu.
Debout, le leader de la Révolution cubaine, le général d'armée Raul Castro Ruz, chef fondateur de ce Front de la guérilla, ami et frère de combat de ces courageux révolutionnaires, est attentif à chaque mouvement des soldats qui portent une cargaison si précieuse. À ses côtés se trouve le Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez. Tous deux président la cérémonie de transfert et d'inhumation des restes des combattants du Deuxième Front oriental, tombés pendant la Guerre de libération ou décédés après le triomphe de la Révolution.
La mélodie de la composition emblématique « Hasta pronto », du commandant de la Révolution Juan Almeida Bosque, accompagne le déplacement des voitures sur l'esplanade. Les voix de commandement déchirent le silence, tous s'arrêtent à l'unisson. Une fois de plus, la solennité envahit chaque espace.
Les notes de notre hymne national retentissent dans les montagnes. Les visages des parents, remplis d’un mélange de fierté et de douleur indescriptible, sont bouleversants.
Et c’est à nos morts glorieux que va le premier souvenir, a déclaré le commandant de l'Armée rebelle José Ramon Machado Ventura, également combattant de ce Front. Au cours de son intervention, il a évoqué la vie et l'œuvre de tous ceux qui continuent à « accompagner notre peuple avec la force qui émane de leur exemple, dans la détermination inébranlable de faire avancer la Révolution ».
Par la loi naturelle de la vie, poursuit Machado Ventura, « un groupe important de courageux combattants décédés arrive aujourd'hui à ce Mausolée, au pied de la montagne de Micara. Ce site, comme beaucoup d'autres de la Patrie, n'est pas le cadre de commémorations formelles, mais d’urnes qui conservent précieusement le paradigme de résistance et de victoire que nos morts nous ont légué ».
Leur précieux héritage, a-t-il souligné, constitue un « bouclier contre lequel se brisent les mensonges et les chants de sirène de nos ennemis, et en même temps une arme qui nous rend plus forts à chaque nouveau combat ».
De défis et d’engagements révolutionnaires, de sacrifices pour honorer le devoir, d'espoir dans chaque combat quotidien... a également parlé l'emblématique guérillero, dont la force morale est le signe d'un dévouement inégalé.
Puis, les soldats portant les urnes se déplacent sur le chemin de l’honneur. Les proches des combattants les accompagnent jusqu'aux tumulus, tandis que l'on entend les noms de chacun des 40 guérilleros qui sont inhumés aujourd’hui.
En leur honneur et en hommage posthume, le silence se fait à nouveau. Un silence profond et bouleversant qui est ensuite interrompu par les trois salves tirées par les soldats. Des centaines d’habitants du village se sont également rassemblés sur l'esplanade pour rendre hommage à leurs héros.
Et avec l’assurance de celui qui ne s'est pas reposé un seul instant dans cette lutte inébranlable pour construire et défendre l'œuvre de la Révolution cubaine, le général d'armée avance vers la Flamme éternelle, qui brûle, comme il l'a dit lui-même à l’occasion, pour « tous les combattants de la liberté, immolés ou tombés héroïquement sur ce territoire au cours du processus historique, depuis Hatuey jusqu'à Fidel » ; pour « toutes les tombes dispersées dans les montagnes et les vallées du Deuxième Front », mais aussi pour « tous ceux qui, qu'ils le sachent ou non, ont cimenté de leur sang notre présent et nous enseignent à être capables de suivre leur exemple pour les générations à venir ».
Là, Raul a déposé une rose blanche pour leur rendre hommage, accompagné du président de la République, du commandant de l'armée rebelle José Ramon Machado Ventura et d'autres dirigeants du Parti et du gouvernement également présents. Face à eux, trois couronnes de fleurs adressées aux héros : de Raul, de Diaz-Canel et des proches.
Au milieu du silence, Raul se dirige ensuite vers la droite à la rencontre de sa très chère Vilma. Devant le monolithe qui conserve ses cendres, il arrive en silence, s'arrête, dépose une fleur et salue, il le fait avec la fermeté que mérite une compagne de combat aussi incomparable, mais aussi avec la tendresse de celui qui a partagé avec elle tant d'années de vie et de rêves.