Des entités du monde entier ont été sanctionnées pour avoir prétendument violé les contrôles des États-Unis sur les exportations ou pour avoir agi « contre leur sécurité nationale », c'est-à-dire contre leurs intérêts
Auteur: Raul Antonio Capote | informacion@granmai.cu
22 mars 2024 12:03:03
La Chine représente le plus grand danger pour la puissance hégémonique mondiale des États-Unis. Photo : PRIMER MOMENTO
La Chambre des représentants des États-Unis a récemment adopté, à une écrasante majorité bipartite de 352 voix contre 65, un projet de loi qui pourrait conduire à l'interdiction de Tik Tok aux États-Unis, sous l'accusation d'être une menace pour la sécurité nationale.
Dans les six mois suivant l'entrée en vigueur de cette loi, seul le retrait de sa société mère, l'entreprise chinoise ByteDance, pourrait « sauver » cette très populaire plateforme.
Les raisons de cette mesure arbitraire sont « faciles » à comprendre : Tik Tok est la marque qui a connu la plus forte croissance au monde en termes de recettes publicitaires. Le succès de cette application déconcerte les grandes entreprises étasuniennes.
En fait, les recettes publicitaires de Tik Tok ont augmenté de 155 % en un an, soit sept fois plus que celles d'Amazon et quatre fois plus que celles d'Apple, selon les données d'OnlyAccounts.io.
Tik Tok propose aux grands annonceurs des tarifs beaucoup plus avantageux que ceux pratiqués par ses concurrents Google, Meta et Amazon.
En 2020, le président de l'époque, Donald Trump, avait tenté de l'interdire, tout comme WeChat, propriété de la Chine, mais la proposition avait été bloquée par les tribunaux.
Voyons quelques chiffres : cette plateforme sociale a réalisé un chiffre d'affaires record de 16 milliards de dollars aux États-Unis l'année dernière. ByteDance, la société mère, a quant à elle affiché un chiffre d'affaires de 120 milliards de dollars.
À titre de comparaison, les revenus annuels de Meta, qui possède Facebook et WhatsApp, se sont élevés à 134,902 milliards de dollars, ce qui rapproche ByteDance de la multinationale dirigée par Mark Zuckerberg.
Le réseau social compte quelque 170 millions d'utilisateurs aux États-Unis, a généré 24 milliards de dollars et créé 224 000 emplois directs et indirects, selon un récent rapport d'Oxford Economics.
LES LOIS SON FAITES POUR ÊTRE VIOLÉES...
La mesure employée par les États-Unis n'est pas une nouveauté ; il s'agit d'une pratique fondée sur une logique mafieuse qui repose sur l'utilisation de la loi, même avec une portée extraterritoriale, pour nuire à l'économie d'autres pays, pour donner un avantage à leurs entreprises et pour éliminer la concurrence.
Pour la puissance hégémonique mondiale des États-Unis, la Chine représente le plus grand danger ; son industrie technologique menace de supplanter les grandes entreprises nord-américaines sur le marché.
Dans cette guerre, tout est permis, prenons quelques exemples.
Le Département de la Justice des États-Unis a récemment inculpé huit grandes entreprises chinoises et douze de leurs dirigeants pour des délits liés à la production, à la distribution et à l'importation de fentanyl et d'autres opioïdes aux États-Unis.
Sans preuve, on a prétendu que ces entreprises étaient liées à des cartels de la drogue au Mexique.
En outre, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (ofac) du Département du Trésor a sanctionné 28 personnes et entreprises, dont 25 sont basées en Chine (y compris celles sanctionnées par le Département de la justice) et trois au Canada.
Ce n'est pas rien. Les États-Unis leur interdisent désormais d'utiliser leur système financier et rendent impossible toute transaction avec les citoyens de ce pays.
L'ampleur de cette guerre peut être mesurée en prenant l'exemple de Semiconductor Manufacturing International Corp. (smic), le plus grand fabricant chinois de semi-conducteurs, qui détient actuellement une part du marché mondial d'environ 5 %, ce qui le rapproche de GlobalFoundries, basé aux États-Unis, qui en détient environ 7 %.
Cette situation reflète clairement son importance sur le marché des circuits intégrés. La réponse de Washington à la « dangereuse » concurrence chinoise a été la même que d'habitude : sanctionner sévèrement cette entreprise asiatique.
L'administration de Joe Biden a affirmé, sans équivoque, qu'elle cherchait à empêcher la Chine d'être en mesure d'utiliser les technologies de fabrication de circuits intégrés les plus avancées actuellement disponibles pour poursuivre le développement de sa « capacité militaire ».
Rappelons qu'en février 2018, les États-Unis avaient déclaré que les produits zte n'étaient pas sûrs pour le public nord-américain.
Les experts de Washington ont affirmé que les entreprises du géant asiatique, tant zte que Huawei, présentaient un risque potentiel d'espionnage, car elles entretenaient des liens « extraordinaires » avec le gouvernement chinois. En effet, le 16 avril 2018, zte serait à court de puces Qualcomm pour ses téléphones portables, ainsi que d'autres composants, matériels et logiciels produits aux États-Unis.
Des centaines d'exemples pourraient être cités, des centaines d'entreprises en Chine subissent les conséquences d'une politique injuste, qui contrevient aux principes mêmes du « libre-échange » que la Maison-Blanche prétend défendre.
UNIQUEMENT CONTRE LA CHINE ?
La puissance du Nord a toujours utilisé la loi pour éliminer, ou du moins limiter, le champ d'action des entreprises prospères d'autres pays, dans l'intérêt de ses propres sociétés transnationales. Ses tribunaux et ses législateurs ont agi au service des grandes entreprises.
Les fabricants de turbines pour la production d'électricité, les sociétés de production de gaz, les compagnies pétrolières et minières ont subi le harcèlement de l'administration impériale.
Pour ne citer qu'un exemple, la décision des États-Unis d'imposer des droits de douane de plus de 70 % sur les importations de tours éoliennes en provenance d'Espagne a affecté les fabricants de turbines éoliennes opérant dans les chantiers navals du port de Séville et a profité à leurs homologues aux États-Unis.
Un autre exemple est celui d' asm Holding n.v., le fabricant néerlandais de machines pour la fabrication de microprocesseurs. Le leader mondial de la technologie de fabrication des semi-conducteurs est dans l'impossibilité de commercialiser ses équipements de lithographie les plus avancés auprès des fabricants chinois.
La société néerlandaise ne peut pas non plus livrer ses machines de lithographie par ultraviolets profonds (uvp) aux entreprises chinoises, ce qui les empêche de produire leurs propres puces de pointe.
On ne peut manquer de mentionner la Loi sur la liberté et la solidarité démocratique cubaines, également connue sous le nom de Loi Helms-Burton, qui vise à internationaliser le blocus au moyen de mesures coercitives à l'encontre de pays tiers, afin d'entraver et d'interrompre leurs relations commerciales et d'investissement avec Cuba.
Cette législation a affecté les entreprises des États-Unis et des pays tiers qui ont fait ou font des affaires avec Cuba, ainsi que les entreprises nationales.
La liste des pays, entités et individus sanctionnés par Washington est longue. La vérité se cache dans les coulisses des « défenseurs des droits de l'Homme », des « combattants contre le terrorisme » et des « protecteurs de la sécurité nationale ».
Des entités du monde entier ont été sanctionnées pour avoir prétendument violé les contrôles des États-Unis sur les exportations ou pour avoir agi à l'encontre des intérêts de la sécurité nationale et de la politique étrangère de ce pays.
La Maison-Blanche a inscrit sur sa liste noire des entreprises allemandes, pakistanaises, omanaises, émiraties, finlandaises et autres. Selon les avis publiés par le service fédéral des États-Unis, personne n'est épargné.
En plus d'être une politique d'État destinée à punir ceux qui ne suivent pas les scripts établis par les faucons, elle est appliquée au profit des transnationales de ce pays.
La Russie, la Chine, Cuba, l'Iran, la Corée du Nord, le Nicaragua et le Venezuela sont tous soumis à des lois et sanctions extraterritoriales qui contreviennent au Droit international, une pratique que le monde multipolaire en construction se doit d'éradiquer définitivement.
source : https://fr.granma.cu/mundo/2024-03-22/la-loi-du-cote-des-transnationales-yankees