Le Parti communiste vénézuélien fait face à sa marginalisation avec un moral d'acier
29 août 2023
Tribuna Popular
Caracas (EFE) - Le Parti communiste du Venezuela (PCV) fait face à la quatrième "illégalisation" de son histoire depuis sa fondation il y a 92 ans - deux pendant des dictatures, une après avoir opté pour la lutte armée et la dernière en août dernier, avec un gouvernement socialiste - après que la Cour suprême a ordonné une intervention, que ses membres - disent-ils - affrontent avec un "moral d'acier".
Le PCV est né illégalement et est entré dans la clandestinité sous les gouvernements militaristes de Juan Vicente Gómez (1908-1935) et Marcos Pérez Jiménez (1952-1958), et du social-démocrate Rómulo Betancourt (1945-1948), lorsqu'il s'est transformé en organisation de guérilla.
Le 11 août, la Cour suprême de justice (TSJ) a admis un recours constitutionnel, introduit en juillet par des membres présumés du PCV lui-même, qui prive la direction traditionnelle de son sigle et de sa carte électorale, et nomme un "conseil d'administration ad hoc" chargé d'organiser des "processus démocratiques internes".
Les "aberrations" du pouvoir
Yul Jabour, membre de la direction traditionnelle du PCV, a déclaré à EFE qu'il s'agissait d'une "judiciarisation", comme cela s'est produit "dans les dictatures militaires ou dans les "pseudo-démocraties", que le bureau politique du comité central du parti considère comme une "aberration juridique" avec des erreurs "inexcusables" et qui constitue un "précédent très grave pour l'histoire".
Il a expliqué que le TSJ justifie la décision par le fait que "le congrès correspondant de l'organisation n'a pas eu lieu", ce qui - a assuré Jabour - "est faux", puisqu'il y a eu un conclave en 2017 et en 2022, lorsque les 62 membres actuels du comité central ont été élus, qui ont ratifié, pour la sixième fois, Óscar Figuera au Secrétariat général.
En outre, il a nié que ceux qui ont introduit l'amparo soient des "militants" du PCV, comme l'identifie le jugement, mais que plusieurs d'entre eux "sont des activistes d'autres organisations politiques", et a souligné que seuls deux des membres du "conseil ad hoc" imposé étaient des membres du parti, exclus depuis plusieurs années pour ne pas avoir rempli leurs obligations statutaires.
"Personne ne peut revendiquer un droit dans une organisation à laquelle il n'appartient pas", a souligné M. Jabour.
Face à cette "aberration", le PCV a déposé un "mémoire en défense" auprès du TSJ, dans lequel il souligne que cet amparo est contraire à la loi organique d'amparo sur les droits et garanties constitutionnels, puisqu'il a été introduit le 10 juillet, soit plus de six mois après le dernier congrès du parti.
Contraire à la Constitution
Il a également souligné que la décision ordonnant son intervention est également inconstitutionnelle parce qu'elle ne tient pas compte du droit à la réélection indéfinie, établi par la loi vénézuélienne.
"Dans une partie de la phrase, il est dit que, pour garantir le principe d'alternativité, les personnes élues à un poste dans les organisations politiques doivent l'être pour une période déterminée, ce qui viole un principe de la Constitution adopté lors de la réforme constitutionnelle (...) tout poste de réélection populaire peut être élu (...) autant de fois que le peuple le souhaite", a-t-il souligné.
Pour sa part, l'ONG Access to Justice a rappelé que la mesure contre le PCV a également été imposée les années précédentes à "plus d'une douzaine de formations", aussi bien des partis d'opposition - comme Acción Democrática, Primero Justicia et Copei - que des partis traditionnels de gauche, comme Bandera Roja ou Patria Para Todos.
Selon l'organisation, cela "semble être une stratégie pour créer non seulement une opposition sur mesure, mais aussi pour faire taire toute dissidence dans ses propres rangs".
Le PCV, "une école".
Isaac López, historien spécialisé dans l'étude de la lutte armée en Amérique latine et de la gauche marxiste vénézuélienne, a déclaré à EFE que l'importance du PCV réside dans le fait qu'il est "l'un des exemples de transition politique dans le Venezuela moderne".
"C'est ce que le Parti communiste a été dans son histoire, une école de formation idéologique politique, une école de cadres, ce que les partis ont perdu dans le Venezuela contemporain", a-t-il réitéré.
Il a rappelé que le PCV s'est distancié ces dernières années des politiques du gouvernement actuel et que, malgré les allégations de harcèlement de l'organisation, il maintient les préceptes selon lesquels "le prolétariat est la base de la formation de la société", raison pour laquelle il continue à revendiquer des augmentations de salaire décentes et les droits des travailleurs.
source : https://prensapcv.wordpress.com/2023/08/29/efe-el-partido-comunista-de-venezuela-se-enfrenta-a-su-ilegalizacion-con-la-moral-en-alto/