Les communistes de Catalogne sur les résultats des élections générales espagnoles

Les communistes de Catalogne sur les résultats des élections générales espagnoles
7/31/23 10:49 AM
Communistes de Catalogne sur les résultats des élections générales espagnoles

Les élections qui ont eu lieu hier, le 23 juillet, laissent un scénario ouvert en Espagne, mais avec une première chose claire : malgré l'avancée de la vague conservatrice qui a fait de Feijóo et du PP conservateur le vainqueur numérique des élections, le Parti socialiste PSOE et Pedro Sánchez remportent une victoire morale et se posent comme la seule force capable de négocier avec suffisamment d'acteurs pour former un gouvernement.

 Les élections du 23 juillet ne résolvent pas la crise de régime de l'État espagnol dans un sens progressiste ou émancipateur, et l'offensive culturelle et politique de la droite ne s'arrêtera pas, en fait elle a établi l'agenda de la campagne, avec une inspiration clairement Trumpiste, et avec la collaboration des médias a réussi à diffuser le récit que sa victoire était inévitable. Mais ce n'est pas tout : le véritable vainqueur de la soirée est le système bipartite.

 L'extrême droite VOX perd 19 sièges, ce qui représente un recul parlementaire, marqué par le vote utile pour le PP, mais se renforce dans la bataille culturelle de la vague conservatrice, marquant le discours par le racisme, la xénophobie, la haine ou la centralité de la "sécurité". De son côté, Sumar résiste malgré la perte de voix et de sièges. Cependant, le risque de devenir une force accessoire du PSOE et de faire partie du consensus du nouveau régime, contribuant ainsi à la fin de sa crise et abandonnant tout espoir de la surmonter, devient de plus en plus tangible. En tout état de cause, le scénario de polarisation du bipartisme pourrait se renforcer si Sánchez ne parvient pas à obtenir une nouvelle majorité d'investiture avec les partis pro-souveraineté et indépendantistes, ce qui semble difficile à l'heure actuelle. Il semble également difficile, mais c'est une possibilité, l'accord entre le PP et le PSOE, un "pacte d'État" comme l'appelle la droite espagnole, qui représenterait une trahison d'une grande partie des électeurs du PSOE, mais aussi l'arrivée du supposé "gouvernement le plus progressiste de l'histoire", qui représenterait un autre défi tant pour Sumar (en raison de la position qu'il choisirait) que pour la Catalogne et le reste des nations de l'Espagne.

 L'arrestation de Clara Ponsatí et l'ordre d'extradition de Puigdemont et Comín, émis par le juge Llarena, doivent être compris comme une nouvelle manœuvre du régime pour rendre l'accord d'investiture de Sánchez presque impossible et nous conduire à de nouvelles élections.

 La souveraineté et l'indépendance, quant à elles, ont connu le retour d'un vieil ennemi : le double vote. Face à la droite espagnole, les électeurs ont opté pour la "gauche" espagnole, notamment le PSOE. Les forces qui ont le plus souffert sont l'ERC (qui passe de 13 à 7 députés) et la CUP (qui perd sa représentation). Junts a connu une défaite moins importante, mais n'a pas réussi à dépasser ERC, montrant les limites de la stratégie de blocage et de l'abstentionnisme promu dans ses rangs. Malgré les pires résultats obtenus en Catalogne par les forces pro-souveraineté depuis 1982, toute option pour le gouvernement de Sánchez dépend d'un accord avec elles.

Les Communistes de Catalogne et l'EUiA considèrent que la stratégie est toujours valable et correcte. Les résultats montrent seulement que notre accord avec l'ERC était sur la bonne voie, mais ils confirment la nécessité de construire un large front républicain, de gauche et antifasciste pour protéger les institutions, pour protéger les droits sociaux et nationaux du peuple de Catalogne. Nous devons continuer à construire le front démocratique et social dont le pays et les classes populaires catalanes ont besoin.

 Sans un horizon de dépassement de l'État par des processus constituants républicains, nous ne sortirons pas de cette dynamique rétrograde et défensive. Pour le moment, la voie a été fermée à un gouvernement ultra du PP et de VOX, mais il est nécessaire de mettre sur la table une proposition concrète, sur laquelle les alliances politiques de l'ensemble du souverainisme de gauche et de la gauche au niveau de l'État peuvent s'articuler. Et il est nécessaire de lancer un nouveau cycle de mobilisations, car, comme toujours, seule la lutte dans les rues nous fera avancer.

Secrétariat des relations internationales

Communistes de Catalogne

source : http://www.solidnet.org/article/Communists-of-Catalonia-on-the-results-of-the-Spanish-general-elections/