La Casa de las Americas et l'Institut cubain d'amitié avec les peuples ont exprimé leur solidarité avec le People’s Forum (Forum du peuple) à la suite de l’attaque fasciste contre son siège à New York, avec le soutien de la police
Auteur: Pedro de la Hoz | pedro@granma.cu

Peut-on parler de la prévalence des valeurs démocratiques dans un pays où une institution légalement établie est attaquée avec le consentement des forces de police ? Est-il licite d’affirmer la gouvernance démocratique alors qu'il n'y a pas, et ne semble pas y avoir, la moindre déclaration des autorités, sans parler d'une action pénale ou de répercussions dans les grands médias, condamnant les auteurs d'un acte barbare tel que l'attaque du siège new-yorkais de The People's Forum (tpf) ?
Le 3 juin, un groupe d’individus d'extrême droite a pris d'assaut le People's Forum sur la 37e rue, sous la protection d’une douzaine d'officiers de la police de New York. En rendant public l'incident, la direction de l'établissement a indiqué que les agents « ont laissé la tentative d'occupation se poursuivre pendant plus d'une heure, tandis que notre personnel et nos invités étaient agressés physiquement et harcelés verbalement ». Parmi les agresseurs se trouvait un groupuscule qui s’autoproclame « coalition anti-vaccins », c'est-à-dire qu’il s'oppose violemment à toute campagne de promotion de la vaccination contre la covid-19, qui a fait tant de victimes aux États-Unis. Un groupe qui a passé des alliances avec des éléments anti-cubains et anti-chavistes opérant en toute impunité dans ce pays, avec pour cible le tpf.
Le communiqué de l'institution indique : « Aujourd'hui, cette coalition d'extrême droite a été expulsée de l'espace grâce à la position forte et à la résistance du personnel du tpf », et confirme : « Nous continuerons à porter haut nos valeurs socialistes et à être un espace accueillant pour les travailleurs et tous ceux qui veulent transformer la société pour le meilleur. »
Les attaquants sont partis d'un calcul pervers. Ils ont supposé que le siège serait sans protection, puisque les militants du tpf avaient annoncé une suspension de ses activités afin d’assurer le transfert et la participation au Sommet des peuples pour la démocratie, parallèle au Sommet des Amériques à Los Angeles. Ils ont apporté à cet événement les voix que ne veulent pas entendre les cercles du pouvoir aux États-Unis et les oligarchies de plusieurs pays d'Amérique latine qui jouent leur jeu, et ils ont remis en question le modèle de gouvernance démocratique que Washington entend imposer. Aucune ambiguïté dans la convocation du tpf qui lançait un appel à « contrer le 9e Sommet des Amériques » et à « imaginer un monde nouveau qui donne la priorité à la démocratie populaire ».
Cette agression dérange, irrite et ouvre la voie à la barbarie. Comment ne pas attaquer le tpf pour le seul fait d’être un incubateur de mouvements pour la classe ouvrière et les communautés marginalisées, et pour être un espace éducatif et culturel accessible qui nourrit la prochaine génération de visionnaires et de promoteurs d'actions collectives pour transformer le monde ? Comment ne pas attaquer le siège du tpf avec des garanties d'impunité quand on sait que deux ans après l’attaque du Capitole, sur 700 accusés, seuls 71 ont été condamnés, et que la peine maximale est à peine supérieure à cinq ans de prison ? Ceci dans un pays qui se présente comme le champion de la démocratie et qui revendique le droit de juger les autres et d'inclure qui il veut sur la liste des sponsors du terrorisme.
De même que dérange, irrite et ouvre la voie à la barbarie le fait qu'à l'occasion du 1er Mai, un groupe de jeunes Étasuniens, appartenant à 23 associations de la société civile contre-hégémonique, soit venu à Cuba, ait participé au défilé de la grande fête du prolétariat et ait rencontré librement des médecins, des travailleurs, des étudiants, des artistes, des éducateurs, des dirigeants de groupes lgbtq, des militants antiracistes, des syndicalistes et des dirigeants communautaires et religieux.
À l'issue de leur visite, ils ont émis un communiqué, publié par le TPF, dans lequel ils déclaraient : « Nous appelons à la fin du blocus illégal et inhumain et de toutes les formes d'agression des États-Unis contre Cuba. Nous nous efforcerons de rendre visible la réalité cubaine, ses acquis et ses défis, afin de combattre la désinformation parmi les jeunes d'Amérique du Nord. »
source : https://fr.granma.cu/mundo/2022-06-14/le-fascisme-en-democratie