L'île, le cœur en berne

L’Union des jeunes communistes a appelé à une veillée, à 19 heures aujourd'hui au parc de la Fraternité à la Havane, en hommage aux victimes de l'accident survenu à l'hôtel Saratoga. Les personnes qui ne pourraient pas y assister sont priées d'observer une minute de silence et d'allumer une bougie pour les défunts à 21h00

Auteur: Yeilén Delgado Calvo | internet@granma.cu

13 mai 2022 11:05:32

Photo: Ricardo López Hevia
Une semaine après le sinistre, ce bout de La Havane où se dressait l'imposant hôtel Saratoga reste un lieu désespérement triste. Comme en ce vendredi fatidique, les charpentes de l'immeuble et des maisons voisines, exposées aux yeux de tous, ravivent la douleur... Nudité de la tragédie.

Si une chose est différente aujourd'hui, outre la poussière qui s'est déposée et les nombreux gravats qui ont disparu, c'est que l’on n’attend plus, c’est que sur place, la lutte pour la vie, portée par l’espérance des familles et de Cuba tout entière, a cessé.

Avec la découverte du dernier corps, s’installe la certitude implacable de 45 décès, et chacun d’entre eux nous fait mal, car nous nous reconnaissons dans chacun de leurs âges, dans tous leurs rêves brisés, dans leurs amours. Parce qu’il n’est pas une seule personne que ne se soit pas dit : « Cela aurait pu être moi », « Cela aurait pu être l’un de mes proches. »

Au milieu de ce désastre, d’éclatantes beautés emplissent nos âmes, celle de l’acharnement avec lequel les héroïnes et les héros de l’équipe Sauvetage et Secours ont travaillé sans relâche parmi les pierres et le fer, sans se soucier du danger ou de la fatigue, et la façon dont ils ont continué, alors qu'il était pratiquement improbable de trouver des survivants, à donner aux proches la consolation d’avoir retrouvé le corps de la personne aimée, la fin de l’attente. Et c’est ainsi que la bonté et la force d'âme de ceux qui se sont évertués et s’évertuent encore à soigner, informer, aider, donner, restaurer, diriger nous apportent l’apaisement.

En signe d’extrême respect, le deuil officiel est décrété lorsque les travaux de sauvetage sont complètement achevés. Cependant, il existe un deuil profond, intérieur, que l'île porte en elle depuis une semaine. Tout comme le drapeau est en berne, il y a cette douleur dans le cœur des braves gens, là où il y aura toujours un frémissement quand on dira Saratoga.

source : https://fr.granma.cu/cuba/2022-05-13/lile-le-coeur-en-berne