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David Gauvin / 6 novembre 2021

Hô Chi Minh (1890-1969), le patriote ardent, qui a su conjuguer les grands idéaux du monde avec l’identité vietnamienne et su mettre à profit tous les moyens d’alors pour la liberté de son peuple et celle de tous les peuples colonisés.

 

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Nguyen Sinh Cung, grandit auprès de son père, Kim Lien. Lors d’une réforme du nouveau pouvoir colonial, son père est démis de ses fonctions et sombre lentement dans la dépression et l’alcoolisme. Aux yeux d’Hô Chi Minh, cette déchéance est due aux colonisateurs français, cet épisode le marquera toute sa vie. Ensuite, il poursuit ses études en Occident, en Angleterre a partir de 1914, puis en France dès 1921. Durant cette période, il travaille dans la photographie afin de subvenir à ses besoins. Influencé par le directeur de l’Humanité, le communiste Marcel Cachin, il devient un des pères fondateurs du parti communiste français en évoquant le problème des colonies au Congrès de Tours de 1920. A partir de 1923, il poursuit une formation du Komintem a Moscou et ses relations lui permettent d’établir des contacts au Parti Communiste Chinois, peu avant le coup d’État de Tchang Kai-chek à Shanghai, qui vise à l’abolition du communisme sur le territoire chinois.

Suite a cet événement, il voyage souvent en Russie soviétique, ou il rencontre Mao, leader communiste chinois. Ce dernier l’aidera à créer le Parti Communiste Indochinois (Vietnam, Cambodge et Laos) en 1930, puis 11 ans plus tard, la Ligue pour l’indépendance du Vietnam. Libérer son pays devient a partir de cette année son seul objectif. Ainsi, en 1942, il adopte le surnom de Hô Chi Minh ou « celui qui éclaire », afin de diriger sa bataille contre les occupants japonais et français. Après avoir passé 1 an en prison en Chine, il mène la révolution d’Août qui se solde au matin du 2 septembre 1945 par la déclaration d’indépendance que Hô Chi Minh fera à Hanoi. La République Démocratique du Vietnam est née. Suite à cela, il mènera le Vietminh, la Ligue d’Indépendance du Vietnam face aux colons français, qui remportera la victoire de la bataille de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954. Les pourparlers commencent et le Vietnam est divisé en deux Etats séparés par le 17éme parallèle. Enfin, il mène la guerre du Vietnam du Nord face au Vietnam du Sud supporté par les Américains. Il décédera le 3 septembre 1969, à Hanoï, alors que la guerre n’est pas terminée.

En décembre 1999, la revue américaine Time a publié le résultat d’un vote pour déterminer les personnalités les plus représentatives du XXe siècle. Parmi les 100 élus, Hô Chi Minh figure dans le groupe des 20 leaders politiques les plus prestigieux. De par le monde, historiens, hommes politiques, politologues, s’accordent à reconnaître que Hô est « l’incarnation de l’aspiration à l’indépendance et la liberté des peuples opprimés », mais ne sont pas arrivés à trouver des réponses communes à son identification politique. Était-il nationaliste ou internationaliste ? Marxiste ou confucianiste ? Communiste ou social-démocrate ? Pour David Halberstam, journaliste américain, Hô Chi Minh est « quelque peu Gandhi, quelque peu Lénine, mais entièrement vietnamien ». Il est capable d’harmoniser, de combiner les éléments positifs, progressistes venus du dehors sans restriction ni ségrégation, pourvu qu’ils ne soient pas opposés à l’humanisme de la culture vietnamienne. Et d’après Pierre Brocheux, historien, Hô Chi Minh était « un confucéen ». Selon lui, il aimait mieux la modération que les moyens extrémistes. Il condamnait la violence et les tueries au cours de la Réforme agraire, disant que ce sont « des agissements criminels ». Mais pour le professeur japonais Yoshiharu Tsuboi, expliquer Hô Chi Minh par l’idéologie marxiste léniniste est juste insuffisant, car on se limitera au dogme de la lutte des classes. Dans la lutte de libération nationale, pour bénéficier de l’aide du camp socialiste, Hô Chi Minh devait parler et agir comme un communiste. Sous la pression historique, il n’avait pas d’autre choix. En dehors des opinions étrangères, certains chercheurs vietnamiens ont récemment avancé des points de vue personnels sur Hô Chi Minh. Il y en a qui sont d’avis que sous l’ombrelle communiste, Hô était plutôt social-démocrate.

La personne d’Hô Chi Minh est le fruit de différentes cultures, de différentes éducations. Ainsi, il nous a semble intéressant de s’interroger sur la constitution de sa réflexion, distinguer les influences de ses pairs communistes et les éléments plus personnels de ses décisions.
On constatera dans un premier l’influence du courant humaniste, notamment celle de Rabelais. En effet, Hô Chi Minh considère comme ce dernier, que l’éducation est l’élément central de la construction de n’importe quelle société, rejoignant ainsi le propos expose dans Pantagruel et Gargantua. Ainsi, on retrouve aujourd’hui différentes institutions éducatives qu’il fondera durant sa vie politique, tel que le Conservatoire de Hô Chi Minh ville ou l’école de théâtre et de cinéma d’Hô Chi Minh ville. Dans cette optique d’une éducation pour former une société, Hô Chi Minh rejoint Staline et Lénine en proposant une méthode de révolution fondée sur la mise en place d’une élite avant-gardiste, éduquée selon une morale révolutionnaire. Ainsi, il rejoint aussi les propos de Marx, en estimant qu’une nouvelle société ne peut être instaurée que part une révolution menée part un groupe d’individus, une avant-garde. Le peuple libre devra alors recevoir l’éducation nécessaire, c’est-à-dire a acquérir une morale révolutionnaire.

Dans cette nouvelle société, Hô Chi Minh estime que “qui travaille beaucoup, reçoit beaucoup et qui travaille peu reçoit peu”, évoquant un principe méritocratique du travail. Il convient aussi de noter que dans cet esprit, le travail serait universel, aucun individu ne serait exclu de monde actif. Cette méritocratie est propre à Hô Chi Minh, ce dernier préconisant une liberté individuelle. Hô Chi Minh voit l’armée comme le moyen de garantir, de protéger la liberté et la sécurité du peuple et non comme un moyen d’oppression. Ici, on notera qu’il s’éloigne du communisme totalitaire ou l’armée apparaît comme l’agent de sécurité du Parti et non du peuple. Paradoxalement, Hô Chi Minh voit le parti comme la seule institution valable à la direction et l’orientation du peuple, rejoignant ainsi le point de vue des communistes tels que Lénine et Staline. De plus, on remarquera que dans sa réflexion sur l’homme en tant qu’individu, Hô Chi Minh semble être influencé par les penseurs confucianistes. Ainsi, le cœur de l’homme contient du bon et du mauvais, mais cette balance n’est pas figée, cette vision supporte ainsi ses idées révolutionnaires. En effet, il considère la révolution comme un moyen d’épuration des esprits et de la morale. En somme, tous les choix de Hô Chi Minh : le marxisme-léninisme, comme toute autre doctrine politique ou religieuse étrangère, sont toujours “vietnamisés” par Hô Chi Minh sur la base de ses traditions culturelles, idéologiques et morales, et selon le style de vie du peuple vietnamien.

« Je suis seulement une des parties : la partie vietnamienne. » Hô Chin Minh

Nou artrouv’

David Gauvin

source : https://www.temoignages.re/politique/edito/ho-chi-minh-l-homme-qui-a-vietnamise-les-grands-ideaux-du-monde,102480

 

 

Tag(s) : #vietnam

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