• La création de micro, petites et moyennes entreprises (mpme) est déjà une voie ouverte à Cuba, une possibilité concrète encouragée par l'État afin d'accélérer le développement du pays au moyen de ses forces endogènes.
Auteur: Julio Martínez Molina | internet@granma.cu
• La création de micro, petites et moyennes entreprises (mpme) est déjà une voie ouverte à Cuba, une possibilité concrète encouragée par l'État afin d'accélérer le développement du pays au moyen de ses forces endogènes.
En vigueur depuis le 20 septembre, l'appel à propositions met en avant des domaines tels que la production alimentaire, l'exportation de biens et de services, le développement local, l'économie circulaire et le recyclage, la science, la technologie et l'innovation, avec l’introduction récente de la fabrication et des services informatiques.
Les spécialistes estiment que l’apparition de ces figures assure une restructuration plus souple de l'économie nationale, en fonction de l'activité productive et des services de chaque région du pays.
Alexander Brito Brito, président de l'Association nationale des économistes et des comptables de Cuba à Cienfuegos, estime que les mpme enrichissent l'écosystème économique des territoires grâce à l'émergence d'entités qui participeront déjà à une relation horizontale. « Cette mesure favorisera la canalisation des enchaînements productifs et renforcera la conception stratégique du développement. Elle encouragera également la consolidation d'une partie du secteur étatique engagée à atteindre des niveaux de production plus élevés et à accroître l'efficacité de ses processus », a-t-il souligné.
Il a souligné que l'acteur privé acquiert le caractère d'un entrepreneur, qui dirige désormais une entreprise avec des responsabilités et des obligations différentes, et que, dans le cadre de son évolution, il peut passer de micro à moyenne entreprise, et avoir un impact au niveau national.
UNE OPPORTUNITÉ NATIONALE
POUR LE PROGRÈS LOCAL
Dans cette même province de Cienfuegos, par exemple, 245 travailleurs indépendants et trois projets de développement local ont été identifiés comme ayant le potentiel de devenir des mpme ou des coopératives non agricoles, tandis que des options pour certaines unités commerciales de l'État sont envisagées.
La première mpme agréée dans la province est Servimav (Service d'entretien des espaces verts), basée dans la municipalité de Palmira. « Nous avons immédiatement vu la possibilité de nous lancer dans une activité très demandée sur le territoire », a déclaré Andrés Guerra Monzón, associé principal de cette micro-entreprise.
Il a précisé que les services fournis par l'entreprise (avec deux associés et un effectif prévu de 12 salariés) sont orientés vers le débroussaillage, l'élagage et l'abattage manuels et mécanisés des arbres, ainsi que le chargement et la collecte des débris, et qu'ils desserviront des terrains de sport, des aires de jeux, des ports, des aéroports....
« Une fois notre entreprise constituée, nous commencerons à passer des contrats avec des clients potentiels : l’Entreprise d’électricité, Voierie municipale, Entretien des routes, Radiocuba et autres », a ajouté Guerra Monzon.
Les avantages des mpme ont incité Osiel Gil Falcón, partenaire de l'atelier de menuiserie Numancia, à Cienfuegos, à faire le saut vers une micro-entreprise. Deux mini-industries de fruits et légumes (dans les municipalités de Lajas et Aguada de Pasajeros), ainsi que la proposition d'option touristique Jovero Verde à Cumanayagua, évaluent également les avantages de s'établir en tant que mpme.
Yainelys Gonzalez Menendez, spécialiste des Projets de développement local, a indiqué qu'il existe des incitations différentes pour ces acteurs que pour le reste des acteurs économiques :
L'impôt sur les bénéfices n'est que de 15 %.
La taxe de vente est de 5 %.
Les prix des biens et des services sont déterminés par un accord entre les parties.
Elles ne doivent pas payer de droits de douane pour l'importation d'équipements et de technologies.
Il est possible d'accéder à des prêts bancaires dans une monnaie librement convertible.
MANÍ BORMEY À LA CONQUÊTE
DU MARCHÉ
Le jeune Orelvis Bormey Torres n'aurait jamais imaginé que son idée d'essayer de conquérir les goûts populaires avec un produit comme les cacahuètes s'imposerait comme elle l'a fait, pour le plus grand plaisir des milliers de personnes qui, à Cuba et ailleurs, préfèrent savourer ses créations variées.
Sa passion pour cette céréale lui vient de sa naissance, car ses grands-parents et son père vivaient, entre autres, de cette culture, dans son Quemado de Güines natal, où ils fabriquaient un nougat exquis. Plus tard, alors qu'il était étudiant à l'Université centrale « Marta Abreu » de Las Villas (uclv), il a transformé cette tradition familiale en une source de revenus et, en 2004, il a commencé à fabriquer ses propres douceurs.
C'est ainsi qu'est née l'idée de créer La casa del maní (La Maison des cacahuètes) à Santa Clara, qui, grâce à la qualité reconnue d'un produit 100 % cubain, a réussi à se transcender et à s'imposer sur le marché national, et a même atteint les États-Unis, l'Italie, le Canada et l'Allemagne, entre autres.
Avec de telles références, et après l'exportation réussie l'année dernière des 5 000 premières barres de nougat vers l'Italie, le rêve de Bormey était de développer cette entreprise florissante et de séduire d'autres marchés à Cuba et à l'étranger, ce pour quoi la récente approbation en tant que l'une des 35 premières mpme du pays vient à point nommé.
Ce jeune ingénieur industriel, qui dirige une entreprise produisant plus d’une trentaine de produits, dont des nougats, des céréales, des confiseries et des pâtisseries, tous basés sur la plante oléagineuse, ainsi que d'autres fruits secs et transformés, reconnaît que cette étape est essentielle pour son économie individuelle et celle du pays.
« Devenir la moyenne entreprise Bormey srl signifie bénéficier d'une personnalité juridique qui nous permet de signer des contrats, tant pour l'achat d'intrants que pour l'exportation, à Cuba comme à l’étranger », souligne le jeune homme, qui ne néglige pas l'exigence d'optimiser la qualité dans tous les processus.
Cette mesure, a-t-il souligné, a été décisive pour éliminer les obstacles au développement du projet, ainsi que pour lui fournir des avantages de crédit découlant d'une meilleure détermination des fonds propres de l'entreprise.
Un autre avantage est qu'ils peuvent désormais signer des contrats directement avec les agriculteurs qui leur fournissent des matières premières, qu'ils peuvent payer en monnaie nationale ou librement convertible, une fois les exportations terminées, ce qui leur serait également bénéfique, car ils pourraient acquérir des intrants leur permettant de développer leurs exploitations.
À cette fin, il a déjà demandé au ministère de l'Agriculture de lui céder une centaine d'hectares de terres, où ils pourraient produire, en deux récoltes, les 150 tonnes d'arachides dont ils ont besoin pour soutenir leur production, a expliqué le désormais homme d'affaires, conscient de l'alliance vitale avec les paysans d'Encrucijada et de Quemado de Güines, les principaux producteurs de cette céréale à Villa Clara.
Son entreprise l'a également amené à établir des liens avec l'uclv, plus précisément avec la Société Interface, afin qu'elle puisse intervenir dans la gestion et la promotion de variétés de fruits et de céréales de meilleure qualité et à meilleur rendement.
L’entreprise entretient également des relations de travail avec l'Institut de recherche de l'industrie alimentaire, le Centre de recherche halieutique et son laboratoire certifié, l'Office territorial de normalisation et de santé végétale, entre autres, avec lesquels elle a désormais négocié d'institution à institution.
Convaincu du succès qui l'attend, il affirme sans ambages : « Si Bormey réussit, c'est la moyenne entreprise qui gagne, mais aussi la province et le pays, comme une autre façon de stimuler le développement de Cuba. »
EN CONTEXTE
• Le ministère de l'Économie et de la Planification a reçu plus de 550 demandes émanant de mpme.
• Aucune n'a été rejetée.
• 102 mpme et deux coopératives non agricoles (cna) ont été approuvées.
• Tout part du constat qu'il existe à Cuba plus de 2 000 entreprises étatiques et aucune entreprise privée.
• On dénombre plus de 600 000 travail-leurs indépendants, dont 52 000 emploient d'autres personnes, et plus de 5 000 engagent plus de trois personnes.
• La tendance est à la conversion des travailleurs indépendants en mpme ou en coopératives non agricoles.
• Compte tenu de l'impact de la pandémie, plusieurs travailleurs indépendants ont modifié leurs activités.
• Il est obligatoire d'être résident cubain à Cuba pour créer une mpme ou un coopérative non agricole.