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Lorsque vous l'avez en face de vous, vous savez que les impossibles sont des utopies ou des mensonges. Elle vous inspire et vous imprègne de fierté, elle a foi en la victoire, et non parce que quelque chose de divin ou de surnaturel lui a donné les qualités nécessaires pour ne pas faiblir. Idalys Ortiz est protégée par les dieux de la reconnaissance, car elle n'a jamais failli à son engagement, à sa responsabilité de capitaine de l'équipe cubaine de judo.

Auteur: Oscar Sanchez Serra | internet@granma.cu

4 août 2021 14:08:58


Photo: Marcelino Vázquez (AIN)
Lorsque vous l'avez en face de vous, vous savez que les impossibles sont des utopies ou des mensonges. Elle vous inspire et vous imprègne de fierté, elle a foi en la victoire, et non parce que quelque chose de divin ou de surnaturel lui a donné les qualités nécessaires pour ne pas faiblir. Idalys Ortiz est protégée par les dieux de la reconnaissance, car elle n'a jamais failli à son engagement, à sa responsabilité de capitaine de l'équipe cubaine de judo. À Tokyo, elle et ses déités ont ramené Cuba sur le podium.

C'est facile à dire, mais  cette fille de la province d’Artemisa vient d’accrocher à son palmarès sa quatrième médaille olympique consécutive, et la troisième à l'issue d'une finale. Un véritable tour de force. « C'est un honneur pour moi de pouvoir poursuivre dans la voie amorcée par Hector Rodriguez il y a 45 ans aujourd'hui, aux Jeux de Montréal, lorsqu'il remporta la médaille d'or. Depuis lors, sur les tatamis, Cuba a toujours gagné une médaille dans ces compétitions. »

—Il y a cinq ans, nous nous sommes rencontrés dans un contexte similaire : le dernier jour de la compétition de judo à Rio de Janeiro, ce sport n’avait remporté aucune médaille. Aujourd'hui, vous êtes de retour pour sauver cette continuité sur le podium.

—C'était à moi de le faire, c'est aussi ma responsabilité, mais mes coéquipiers se sont battus becs et ongles pour y parvenir, ils ont tous été mes entraîneurs aujourd'hui, en me soutenant.

—L’entraîneur Ronaldo Veitia…

—Ces quatre médailles constituent son héritage, défendre cet enseignement, grâce auquel nous sommes ici, est une immense satisfaction et un grand bonheur. Je le porte dans chaque combat, vous le savez.

—C'est la première fois que votre père ne peut pas vous voir...

Idalys, respire profondément, s'excuse de cet instant de fragilité. « C'est très difficile... Il a toujours été là », dit-elle, la voix brisée par l'émotion au souvenir de son père dont elle était très proche.

« Dans deux jours, cela fera neuf mois qu'il est décédé. C'est la première fois qu'il ne me voit pas, mais il savait que je ne le décevrais pas. Il ne m’a pas abandonné, il était avec moi, il ne m’abandonnera jamais. C’est grâce à son exemple et à l'éducation qu'il m'a donnée que je suis ici, que j’ai pu faire ce que j’ai fait pour mon pays. Il le sait, et je sais aussi que tout le monde me pardonnera si je dis que cette médaille lui appartient. »

Rochele Nunes, une judoka qui l'avait déjà battue, alors qu'elle concourait pour le Brésil et qui représente à présent le Portugal, a été le premier défi. « Le combat a été serré, nous avons même dû aller en prolongation, mais je ne me suis jamais sentie en danger. » Et c'est ainsi que, deux minutes après le début de la prolongation, grâce à sa technique favorite, le seoi nage (un mouvement d'épaule), qu’Odalys s’est imposée par ippon.

Contre la Chinoise Shityan Xu, la Cubaine a montré toute sa polyvalence technique : un tsuri-goshi (mouvement de hanche), aurait dû mettre fin au combat après 56 secondes, mais l'arbitre a marqué wazari. Une minute et 25 secondes plus tard, son seoi est de retour, mais cette fois, en plus de son épaule, elle se sert de sa jambe pour le transformer en un seoi-otoshi très propre.

En demi-finale, elle devait affronter une adversaire plus coriace comme la Française Romane Dickson, double championne d'Europe. La Cubaine est parvenue à débloquer la situation lorsque, à un peu plus de deux minutes de la fin, elle a choisi le moment tactique pour réduire l'élan offensif de son adversaire, avec une contre-attaque magistrale de yoko-guruma, une technique de sacrifice, avec laquelle elle réédité l'exploit d'une autre grande judoka cubaine, Driluis Gonzalez, originaire de la province de Guantanamo.

—Vous totalisez une médaille d’or, deux d’argent et une de bronze…

—Driluis n'a pas été dépassée, mais seulement égalée, et j'en suis très heureuse et très fière, car elle fait aussi partie des indispensables, c’est mon idole. Je voulais être comme elle, et ce qui m'arrive aujourd'hui est grâce à son inspiration et à ma chance de l'avoir si proche. Driulis est la judoka la plus capée de notre pays.

—Pourquoi Arika Sone, la gagnante de cette finale, est-elle si difficile pour vous ?

—Elle est japonaise, elle s'entraîne avec une autre fille qui pourrait être ici, puisqu’elle figure toujours parmi les trois premières du classement mondial. C'est une jeune femme très talentueuse et de grande qualité technique, qui s’est très bien entraînée. Elle est rapide et dispose d'un vaste arsenal technico-tactique. Toutes les judokas présentes à Tokyo présentaient un niveau très élevé.

Le combat pour la médaille d'or face à Sone a duré presque jusqu'à neuf minutes et dans le sport de haute performance, un entraînement insuffisant se paie cash, même s’il s’agit d’une surdouée comme Idalys.

Le combat s’est surtout joué sur le plan physique. Tout le temps perdu en raison de la covid-19, la participation quasi nulle aux compétitions internationales et l'absence de la salle de sport ont beaucoup pesé, mais Idalys a tenu bon, la belle métisse cubaine n'a pas abdiqué, et son pays et son peuple lui en sont reconnaissants.

« Oui, je suis heureuse. J'aurais aimé une médaille d'or, tout le monde vient pour ça, mais c'est un prix à l'effort, au sacrifice, et aussi une réponse à ceux qui n’y croyaient pas. Je leur avais dit à La Havane qu'après ma cinquième place aux championnats du monde, certains avaient des doutes, mais je leur ai répondu que, personnellement, je n’avais pas le moindre. Il y a trop de choses dans cette victoire pour que je doute...

Lorsqu'on lui a demandé si c’étaient ses adieux à la compétition, elle a souri, remercié les Français, les Japonais et tous ceux qui sont venus la féliciter pour sa médaille d'argent, et elle nous a fait un clin d'œil pour nous laisser en suspens.

source : http://fr.granma.cu/deportes/2021-08-04/papa-voici-ta-medaille

Tag(s) : #Cuba

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