17 Jun 2021
Un réfugié, selon la Convention de Genève, est une personne qui quitte volontairement l’État dont elle est citoyenne, en raison d’une crainte fondée d’y être persécutée pour des raisons de religion ou de guerre ou encore en raison de son statut de membre de un groupe social ou une opinion politique particulier (réfugié politique), et en plus il lui est impossible d’obtenir une protection de son pays ou, en raison de cette peur, il ne souhaite pas être placé sous cette protection .
Cette description typique dans la vraie vie se traduit par :
les femmes sautant dans la mer avec leurs enfants, sans savoir nager, pour échapper aux bombardements
des personnes qui meurent d’une simple appendicite, impuissantes dans la cellule où elles ont été enfermées, après leur arrivée dans le « monde occidental civilisé », après avoir parcouru d’innombrables kilomètres dans des conditions difficiles, pourchassées soit par un régime, soit par la guerre, ou par la misère et la pauvreté
des enfants vivant dans les camps de concentration modernes, les soi-disant hot spots, sans pouvoir aller à l’école, sans jouer, sans enfance… Des enfants devenus subitement adultes en voyant les cadavres de leurs amis ou des membres de leur famille, après une attaque militaire à leur place
des familles qui sont séparées lors de leur fuite et que les dirigeants politiques des États puissants empêchent leur réunification, car « leur économie » ne peut supporter un plus grand nombre de réfugiés
C’est la brillante réalité, qui peut être enrichie de centaines d’histoires tragiques et de descriptions sombres, comme celles que nous entendons et voyons chaque jour dans les bulletins d’information. C’est une réalité où les gens sont traités comme des numéros, perdant toute trace de dignité et les conduisant souvent au suicide, alors qu’ils ont réussi à survivre aux guerres et autres afflictions.
Le 20 juin, Journée mondiale des réfugiés, est une bonne occasion de sensibiliser au sort des réfugiés dans le monde et aux efforts déployés pour protéger leurs droits humains. La FSM accueille cet anniversaire comme toujours, comme une journée symbolique pour le développement ultérieur de la solidarité et du soutien à nos frères humains qui se sont retrouvés dans cette situation. Le réfugié est un problème social profond, qui a maintenant atteint les dimensions d’une crise humanitaire, puisque selon les statistiques, chaque minute 20 personnes quittent leur foyer pour éviter la guerre ou la persécution.
Cependant, en tant que Fédération syndicale mondiale, en tant que représentant du mouvement syndical de classe mondial avec plus de 105 millions d’affiliés dans 130 pays, nous considérons que le meilleur moyen d’honorer les réfugiés, mais aussi de leur offrir une aide substantielle, est de lutter pour éliminer les causes qui conduisent au déplacement forcé et au statut de réfugié.
Mais le plus important est d’arrêter les guerres, qui est l’un des principaux facteurs de délocalisation forcée. Les rivalités et les antagonismes économiques entre les grands États capitalistes et leurs multinationales conduisent des millions de personnes à la persécution. Plusieurs fois, le déplacement forcé ou la migration de populations ne se fait que pour qu’une multinationale procède à l’extraction de minéraux ou de pétrole sur les terres ancestrales des indigènes.
Le mouvement ouvrier de classe mondiale doit viser ces causes, mettre en évidence et faire la lumière sur le coupable derrière le problème des réfugiés : c’est le capitalisme, le système socio-économique basé sur la cupidité du grand capital. Au profit des multinationales, la vie humaine n’est qu’un chiffre, une statistique. Pour la classe ouvrière, cependant, la vie humaine, en particulier celle des travailleurs et des couches populaires, est le bien suprême.
La FSM appelle tous ses membres et amis, ainsi que l’ensemble de la classe ouvrière, sans distinction de race, de nationalité, de religion ou de sexe, à intensifier leur lutte, développer leur solidarité et accroître leurs activités autour de la question des réfugiés.
Nous ne parlons pas de charité, où avec une couverture et un paquet de spaghettis, nous nous débarrassons du problème. Nous parlons d’action militante, où le mouvement syndical organisé exigera des États et de leurs directions politiques, la solution immédiate des problèmes :
amélioration des conditions de vie dans les centres d’accueil existants
prise en charge médicale immédiate, notamment en cette période de pandémie COVID19
fournir les documents nécessaires et accélérer le transfert des réfugiés vers la destination de leur choix
réunification de toutes les familles de réfugiés, qui ont été divisées lors de leur fuite de leur lieu
accès à l’éducation scolaire pour tous les enfants réfugiés
arrêter immédiatement les guerres et les interventions militaires
Voilà comment nous pensons que nous célébrons la Journée des réfugiés et c’est la façon dont nous pensons que le mouvement syndical de classe devrait aborder la question des réfugiés: un autre abcès du système capitaliste pourri.
Le Secrétariat
source : http://www.wftucentral.org/20-juin-journee-mondiale-des-refugies/?lang=fr