Moi aussi j’ai été jeune. Nous étions tous des jeunes gens impétueux, courageux, beaux... Je n'oublie pas cette étape spéciale et, même aujourd'hui, je garde le même cœur d'adolescent.
Auteur: Beatriz Corona Rodriguez | internet@granma.cu
10 décembre 2020 09:12:58
Moi aussi j’ai été jeune. Nous étions tous des jeunes gens impétueux, courageux, beaux... Je n'oublie pas cette étape spéciale et, même aujourd'hui, je garde le même cœur d'adolescent. Mais ce n'est pas parce que j'étais jeune que j'ai demandé un espace aux institutions : j'ai dû travailler dur, j'ai édifié une œuvre, j'ai obtenu des résultats, même quand j'étais très jeune, au pays comme à l’étranger, à coups de partitions !
Je suis restée ici, à tout moment : j'ai résisté, je me suis battue, j'ai collaboré en m'engageant pour mon pays. C'est ici que j'ai fait mon travail, que mes trois enfants sont nés : aujourd'hui, ce sont de bonnes jeunes personnes, magnifiquement formées par la Révolution.
Je veux dire par là qu’il n’est point besoin de piston ou de connexion pour exercer ses droits de création. C'est simplement une nécessité de l'âme, même avec de modestes moyens. Un créateur gagne les espaces avec son travail, non pas avec des revendications grotesques, et encore moins en prétendant que l'État révolutionnaire tolère des comportements indignes qui ne font que contribuer au malaise en cherchant à nous faire avaler la pilule d'une prétendue génération meurtrie, amère, réprimée. Ce qui est totalement faux !
Je trouve que les jeunes du Mouvement San Isidro sont un peu désorientés. J'ai pu visionner quelques vidéos et c'est vraiment pathétique etpitoyable de voirun tel manque de capacité de mobilisation. Il y avait certainement beaucoup plus badauds là-bas dans que de membres du soi-disant mouvement, ou plus précisément de ce groupuscule de jeunes « non-conformistes ».
Je me demande : non-conformistes contre quoi ? Non-conformistes de la formation qu’ils ont reçue ? J'ai eu l'occasion de connaître la réalité des artistes, et d’artistes très talentueux, dans tant de régions du monde et sans aucun soutien, que je suis vraiment fière de l'effort consenti par le gouvernement cubain pour subventionner la majeure partie des artistes professionnels du pays, malgré les sévères limitations économiques, parce que, pour parler franchement, nous, les artistes, ne sommes pas « le centre de l'univers », loin s’en faut ; l'effort est énorme et inhabituel, ce qui n’est pas le cas dans d'autres pays, sauf dans des institutions spécifiques financées directement par leurs gouvernements, qui sont très sélectives et réservées à l’ « élite ».
Ceci dit, l'État n'a pas à épauler des gens qui ignorent sa gestion et n’ont aucun respect pour notre système politique, car c'est précisément le socialisme que nous avons, imparfait ou non, qui encourage cette politique culturelle qui protège les intellectuels et les artistes. Il n'est donc pas logique que les personnes qui sont contre le système en bénéficient.
Je suis une défenseuse des jeunes, qui constituent la nécessaire continuité, et je les appelle à s'engager toujours avec courage dans le présent et dans l'avenir digne du pays, car ce sont eux qui, en poursuivant l’œuvre commencée, nous font sentir victorieux, nous, leurs aînés.
Pour conclure, je tiens à réaffirmer que lorsque l'œuvre d'un créateur est valable et touche les autres au plus profond d’eux-mêmes, nul ne peux l’arrêter: elle chemine seule, s'impose, triomphe d'elle-même. Alors, au travail ! Trêve de lamentations. Nous n’avons à faire aucune concession de principes éthiques et moraux. Plutôt, levons-nous pour Cuba, qui est sacrée, pour la Cuba des scientifiques, des enseignants, des médecins, des travailleurs..., la Cuba des enfants, des personnes âgées, notre Cuba, et joignons-nous au mouvement de tout un peuple, dans une étreinte serrée et fraternelle pour tous et pour le bien-être de tous.
J’ai été jeune, j'ai composé de la musique avec très peu de moyens et je continue à écrire comme de la sorte, car je pense que la vraie création n'a pas besoin de beaucoup plus : un vieux piano, du papier brouillon et un stylo ! Rien d'autre, et avec le besoin et le plaisir de se savoir utile, comme un devoir essentiel, et le bonheur de l'avoir accompli. Voilà le créateur tel que je le conçois et qui, soit dit en passant, ne vieillit pas.
source : http://fr.granma.cu/cuba/2020-12-10/cuba-est-sacree