Bien que nous ayons parcouru un long chemin sur la voie de la pleine égalité des femmes cubaines, il reste des défis liés aux manifestations de discrimination et de violence de genre, ainsi qu'aux comportements sexistes, qui confirment la nécessité d'un Programme national pour la promotion des femmes
Auteur: Yudy Castro Morales | internet@granma.cu
Bien que nous ayons parcouru un long chemin sur la voie de la pleine égalité des femmes cubaines, il reste des défis liés aux manifestations de discrimination et de violence de genre, ainsi qu'aux comportements sexistes, qui confirment la nécessité d'un Programme national pour la promotion des femmes.
Ce programme, récemment adopté par le Conseil des ministres, n'est en rien nouveau, mais il renforce l'impact décisif de la Révolution dans ce domaine, comme l'a souligné le 12 novembre Teresa Amarelle Boué, membre du Bureau politique du Parti et Secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines (fmc), lors d'une intervention à l'émission télévisée la Table ronde.
En passant en revue les nombreuses batailles remportées par les femmes cubaines dans le domaine des droits, Amarelle Boué a rappelé que le premier programme d'égalité dont les femmes ont bénéficié fut précisément la Révolution.
Depuis ces premières années, a-t-elle indiqué, après le triomphe du 1er janvier, jusqu'à aujourd'hui, les voies de l'émancipation ont été progressivement déblayées et construites, dans le but de parvenir à une participation consciente des femmes à la vie économique, politique et sociale du pays.
Dans son intervention, elle a évoqué plusieurs précédents importants tels que les lois sur l'emploi, même si la Révolution n’en était qu’à ses débuts, la reconnaissance, lors du 1er Congrès du Parti communiste de Cuba, en 1975, de la pleine égalité des femmes, ainsi que l’adoption, en 1997, du Plan d'action national pour le suivi de la 4e Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes, qui s’était tenue à Pékin, en Chine.
Toutefois, a-t-elle ajouté, nous n'avons pas toujours eu la même compréhension de ces questions. Et à titre d'exemple, elle a cité l’inclusion, dans la Constitution de 1976, d'un chapitre sur l'égalité qui avait encore une connotation discriminatoire et qui a été corrigée lors de la réforme de 1992.
CONTINUER À FAVORISER L'ÉMANCIPATION DES FEMMES
Marqué par une lutte historique pour les droits des femmes cubaines menée par Fidel Castro et Vilma Espin, le Programme national pour la promotion de la femme concentre son attention sur les défis actuels et vise, comme objectif fondamental, à poursuivre la promotion des femmes cubaines au milieu de toutes les transformations, sans aucun recul par rapport à ce qui a été acquis jusqu'à présent.
Selon Teresa Amarelle, « le Programme vise, en particulier, une plus grande systématisation, par les Organismes de l'administration centrale de l'État, les institutions... dans le suivi de toutes les questions qui impliquent le développement des femmes au sein de la société ».
Le document insiste également sur la nécessité d'intensifier la mise en place de politiques publiques et de promouvoir l'éducation dans une perspective de genre au niveau des familles et des communautés. Et, dans cette même perspective, l’objectif est aussi de former les fonctionnaires en vue de la mise en œuvre effective des actions envisagées.
Bien entendu, a poursuivi la Secrétaire générale de la fmc, une section essentielle des actions et des mesures du Programme est consacrée à la violence de genre et aux formes de discrimination, en plus de la transversalisation de tous les objectifs, car bien que Cuba n'ait pas de manifestations significatives de cette nature par rapport à d'autres pays du monde, elles persistent.
Parmi les domaines du plan d'action, Teresa Amarelle a souligné celui lié à l'autonomisation économique des femmes. « L'emploi reste un défi ; nous comptons actuellement un million de femmes économiquement inactives. L'une des raisons les plus courantes est qu'une grande partie de la population vieillissante du pays est féminine, et qu'un autre pourcentage important de femmes s'occupent de personnes âgées », a-t-elle rappelé.
D'autres questions abordées dans l’émission étaient étroitement liées à la législation et au droit à partir de l’approche de genre, au défi de promouvoir l'éducation et la pratique en matière de santé sexuelle et reproductive dans un pays où les familles sont de plus en plus diversifiées.
Les 44 mesures prévues par le programme, selon Amarelle Boué, répondent à tous ces objectifs et à d'autres encore. C'est le cas de l'expansion des garderies d'enfants, en tant qu'alternative aux jardins d'enfants gérés par l'État, qui, face à l'augmentation du nombre de femmes actives, ne sont pas en mesure de répondre à toute la demande.
« Nous sommes à un stade plus avancé de l'agenda du genre qui nous permet d'actualiser et de contextualiser ces questions dans le plan de développement économique et social du pays, en tenant compte du fait que les femmes constituent une force importante dans ce développement.
« Ce programme résume, en mesures et en actions, le sentiment de la volonté politique de l'État cubain sur les questions d'égalité des genres, d'élimination des stéréotypes et légitime une pratique qui a été menée à bien à Cuba depuis le triomphe de la Révolution, afin d’accorder aux femmes le rôle de premier plan qu'elles ont toujours joué dans la société », a-t-elle affirmé.
Amarelle Boué a souligné que le programme constitue également un mécanisme essentiel de promotion de l'égalité de genres, ainsi qu’une feuille de route pour l'institutionnalisation des politiques publiques dans notre pays, conformément à la Constitution de la République, aux objectifs de développement durable et à l'Agenda 2030, ainsi qu'à la Plateforme de Pékin.
« Il stipule également l'engagement d'évaluer systématiquement le respect des propositions, depuis les organes locaux du Pouvoir populaire jusqu'aux plus hauts dirigeants du pays, avec la Fédération des femmes cubaines comme protagoniste et conseillère tout au long de ce processus », a-t-elle précisé.
RESPECT ABSOLU DES ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX
Margarita Valle Camino, fonctionnaire de la Direction générale des affaires multilatérales et du Droit international au ministère des Relations extérieures, a souligné le haut niveau d'engagement de Cuba en faveur de la ratification des engagements internationaux.
À cet égard, elle a attiré l'attention sur la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, adoptée en 1979 et qui est entrée en vigueur en 1981.
Elle a rappelé que Cuba a été le premier pays à le signer et le deuxième à le ratifier, dès 1980. À l’heure actuelle, a-t-elle indiqué, cet instrument compte 189 États parties.
Par ailleurs, elle a mis l'accent sur la 4e Conférence mondiale sur les femmes, à laquelle Cuba participa avec une importante délégation conduite par Vilma Espin. C'est sur cette base, a-t-elle rappelé, que fut adopté le « Programme d'action de Pékin », considéré comme le document le plus complet jamais adopté lors d'une conférence des Nations unies sur les droits des femmes.
AVANCER ÉGALEMENT DANS LA LÉGISLATION ET LE DROIT
Concernant les résultats visés par le Programme national pour la promotion de la femme sur le plan juridique, Rosabel Gamon Verde, Première vice-ministre de la Justice, a expliqué que l'un de ses points forts est précisément qu'il définit un domaine de travail en la matière, lié à la législation et au Droit, en plus de concevoir l'importance d'un cadre réglementaire contre la violence de genre.
« Le programme comporte un ensemble d'actions, dont l'une des principales est de veiller à ce qu'il y ait un langage inclusif, avec une perspective de genre dès le moment où les règles sont élaborées jusqu'à leur publication », a-t-elle signalé.
Une autre des actions, a ajouté Gamon Verde, est la formation des étudiants et des professionnels du Droit sur ces questions, ce qui leur permettra de disposer des outils nécessaires pour assurer son application, améliorer la législation en vigueur, et assurer la lutte et le suivi des formes de violence.
« Le renforcement d'une culture juridique dans la société cubaine sur ces questions est également primordial, car la législation seule ne saurait résoudre ce problème. Si nous ne sommes pas capables de les mettre en œuvre efficacement et de les contrôler rigoureusement, tous nos efforts n’auront servi à rien. Des progrès ne seront pas non plus réalisés si tous les citoyens ne se sentent pas concernés par ces changements nécessaires », a-t-elle conclu.
source : http://fr.granma.cu/cuba/2020-11-18/en-quoi-consiste-le-programme-national-pour-la-promotion-des-femmes