
Par Eduardo Angarica Freire et Pierre Lebret * (Pour Prensa Latina)
Paris, 3 août (Prensa Latina) En juin 2019, il s´agissait de la journée de l’environnement qui coïncidait avec la visite de l’Historien de La Havane Eusebio Leal Spengler à l’UNESCO à Paris, pour présenter la version française du livre “Para no olvidar” ("Pour ne pas oublier"), qui avançait les festivités pour les 500 ans de la capitale cubaine à célébrer quelques mois plus tard.
Par sa communication fluide, à laquelle il nous avait toujours habitués, Leal Spengler a parcouru des passages historiques de ses liens avec le devenir de la culture restauratrice que son œuvre comme conservateur et historien de la ville de La Havane ont déployé. "(...) Tout objectif de développement sans culture est voué à la décadence", a-t-il déclaré à une salle comble de l’UNESCO, à l´ambiance marquée par des œuvres d’art cubain dans le cadre de la Semaine de l’Amérique Latine et des Caraïbes.
Dans son parcours historique sur les efforts inimaginables de tout ce capital de femmes et d’hommes qu’il a représenté sous le nom de Bureau de l’Historien de la Ville, Eusebio Leal Spengler motiva les rires des personnes présentes en racontant brièvement une anecdote de sa conversation avec un certain Ambassadeur résidant à La Havane, à qui, après l´avoir convaincu de l’importance de la restauration du patrimoine enclavé dans la ville, celui-ci répondit : "Demandez-nous jusqu’au sang, mais pas d’argent". Celui qui était également Docteur Honoris Causa de plusieurs universités du monde confessa que de tels mots lui ouvrirent la conscience que la coopération internationale ne devait être qu’un instrument de plus du projet restaurateur et conservateur ; son œuvre nécessitait des ressources propres. Certes, le Bureau de l’Historien de La Havane a réussi dans une large mesure à générer les revenus nécessaires pour entreprendre ses actions. Le livre présenté "(...) est une encyclopédie de notre sacrifice", avait à
l’époque déclaré le distingué intellectuel cubain, au sujet du travail rapporté dans le volume, édité par Ediciones Boloña.
San Cristóbal de La Havane, patrimoine de l’humanité depuis 1982, arrive à ses cinq premiers siècles grâce à l’engagement, la patience et la grande sensibilité de cet homme à qui non seulement Cuba, mais le monde, doit la préservation de ce joyau des Caraïbes. Pour la poète cubaine Fina Garcia Marruz, cité par Leal Spengler : "Quand les hommes l’oublieront, les pierres le rappelleront". Comme tout bon dénouement, Eusebio Leal Spengler a offert au public la clé du succès d’une telle conquête culturelle : "(...) dans des moments d’angoisse, de désespoir, de manque d’argent, il faut quelque chose de plus (...) l’espoir et la volonté".
À Eusebio, notre gratitude pour sa confiance, son humilité, sa volonté et son charisme, qui sans aucun doute est le guide qui préserve La Havane depuis l’art et la culture.
* Eduardo Angarica Freire (Écrivain) ; Pierre Lebret (Politologue, spécialiste de l’Amérique Latine, expert en coopération internationale et photographe). Auteurs de La Habana Intangible (La Havane Intangible), avec le soutien d’Eusebio Leal.
source : http://frances.prensa-latina.cu/index.php?option=com_content&view=article&id=884645:pour-ne-pas-loublier-notre-hommage-a-eusebio-leal&opcion=pl-ver-noticia&catid=185&Itemid=101