Santiago de Chile, 16 juillet (Prensa Latina) Lors d’un vote considéré comme historique, la Chambre des Députés du Chili a adopté hier une réforme constitutionnelle qui permet aux affiliés des Assurances de Fonds de Pensions (AFP) de retirer jusqu’à 10 pour cent de leurs économies.
Malgré les efforts déployés par le Gouvernement pour empêcher cette initiative d’aboutir, la Chambre l’a adoptée par 95 voix contre 36, et 22 abstentions (93 voix étant nécessaires pour son adoption).
Le débat sur la proposition, présentée par la Fédération régionaliste verte sociale et des indépendants, a débuté mardi et s’est poursuivi mercredi dans un climat de tension intense en raison de la confrontation ouverte entre le gouvernement et l’opposition.
Depuis le week-end dernier, La Moneda a déployé tous ses efforts, y compris le lobbying de ses ministres, pour convaincre les députés, au sein même des forces de droite, qui ont exprimé leur soutien à l’initiative.
Mardi, le président Sebastián Piñera a y compris annoncé un 'Plan renforcé de soutien à la classe moyenne' dans le but de freiner l’avancée de la proposition au sein de l’Assemblée, qui a été immédiatement qualifié dans les médias politiques et sociaux comme 'Offre de dernière minute'.
Au sujet de la proposition présidentielle, la présidente de Convergence sociale, Gael Yeomans, a déclaré qu´elle est arrivée sur la table en retard et uniquement parce que le gouvernement s´est retrouvé dans les cordes, désespéré par la façon dont le système des AFP est menacé.
La décision de la majorité de la Chambre, bien que le projet doive encore transiter par le Sénat, est considérée comme une défaite contondante pour le gouvernement de Piñera, qui a fait tout son possible pour prendre soin des AFP, étendards du modèle néolibéral chilien.
Pour les analystes politiques et économiques, bien que la mesure se limite à l’extraction de l’épargne des cotisants uniquement pendant l’état d’urgence dû à la pandémie de Covid-19, elle constitue un premier pas sur la voie d’un changement radical du système des pensions au Chili, basé sur la capitalisation individuelle.
Il faut rappeler que le mot d’ordre No mas AFP (Plus d’AFP) a été l’un des slogans des millions de personnes qui sont sorties dans les rues lors des manifestations populaires débutées le 18 octobre 2019.
Ces derniers jours, et y compris cette nuit, des protestations ont eu lieu dans la capitale chilienne et dans d’autres villes du pays pour condamner le gouvernement et soutenir le projet de réforme.
Après le vote, lors de la première réaction du Gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Gonzalo Blumel, a déclaré que le projet est de 'douteuse' constitutionnalité.
Il a également admis que le résultat du vote est un 'échec ' pour le gouvernement, notamment en raison du soutien apporté à l’initiative par plusieurs députés des partis au pouvoir.
peo/npg/rc