DÉCLARATION DE JOÃO FERREIRA, MEMBRE DU COMITÉ CENTRAL DU PCP
Sur les conclusions du Conseil européen
21 juillet 2020
Sur les conclusions du Conseil européen
1. Plus que les profondes fractures et contradictions qui traversent l'Union européenne, la réunion du Conseil européen a mis en évidence la nature même d'un processus d'intégration qui génère intrinsèquement des inégalités, des divergences et des asymétries, dans lequel la concurrence capitaliste dans le marché unique prévaut sur toute perspective de solidarité entre États, dont l'inexistence est confirmée dans la pratique.
Comme prévu et comme le PCP l'a souligné précédemment, la discussion au Conseil européen a été totalement conditionnée et guidée par les intérêts des principaux bénéficiaires du processus d'intégration.
2. Il est important de garder à l'esprit que la proposition présentée à ce Conseil européen par la Commission européenne, à son tour transposée de la proposition préparée par l'Allemagne et la France, contenait dès le départ des aspects négatifs pour le Portugal :
- La réduction des fonds du cadre financier pluriannuel 2021-2027, au détriment du nécessaire renforcement des moyens financiers pour assurer une convergence économique et sociale effective entre les différents pays ;
- L'augmentation de la contribution nationale au budget de l'UE, tout en ouvrant la porte à de nouvelles réductions des contributions des pays qui bénéficient le plus de l'Union européenne, compromettant encore davantage une fonction redistributive efficace du budget ;
- Le fonds dit de relance, outre qu'il est insuffisant au regard des besoins d'investissement existants, représente, tant dans sa composante "prêts" que dans sa composante "dons", une avance de fonds qui sera versée ultérieurement, soit en remboursant ce qui a été emprunté, soit en réduisant les futurs transferts budgétaires, à partir de 2028.
3. Les conclusions du Conseil européen, initialement définies par l'Allemagne et la France, et acceptant par la suite les pressions et les exigences d'autres des principaux bénéficiaires du marché unique et de l'euro, déterminent des conditions encore plus défavorables pour le Portugal.
D'une part, une réduction plus importante du cadre financier pluriannuel 2021-2027 est confirmée, avec des implications dont la portée doit encore être connue plus en détail, mais qui représente déjà une réduction des fonds pour la cohésion et l'agriculture, ce qui est d'autant plus grave que ce cadre (et non le fonds dit d'urgence) sera une référence pour l'avenir.
En outre, alors que le Portugal devrait augmenter sa contribution au budget de l'UE, d'autres pays - qui comptent parmi les principaux bénéficiaires de l'intégration - auront garanti une augmentation substantielle de la remise de leurs contributions respectives, dont ils bénéficiaient déjà. C'est le cas des Pays-Bas, de l'Autriche, de la Suède et du Danemark, tandis que l'Allemagne maintiendra le rabais dont elle bénéficiait déjà, ce qui est encore plus important dans le contexte actuel.
D'autre part, le Fonds dit de relance est réduit, notamment dans sa composante "subventions", de 500 à 390 milliards. Des montants encore plus éloignés de ce qu'exigeraient la réalité et les besoins d'investissement. Le poids de la composante "prêts" augmentera, ce qui représentera un encouragement à l'endettement supplémentaire des États, particulièrement préjudiciable pour les pays, comme le Portugal, qui sont déjà confrontés à des niveaux d'endettement plus élevés.
Dans le même temps, des mécanismes sont créés et aggravés, ce qui entraîne une ingérence accrue de l'UE dans la mise en œuvre des options d'investissement et d'autres décisions souveraines des États membres. Il s'agit d'une pression supplémentaire inacceptable pour lier les instruments désormais approuvés - le budget et le Fonds de relance - à l'imposition de la prescription néolibérale de l'UE, qui s'inscrit dans le cadre de l'approfondissement ambitieux des "réformes structurelles", dont l'attaque des droits des travailleurs et des systèmes publics de sécurité sociale est un exemple.
4. Sans dissimuler des montants qui, bien qu'insuffisants, représentent une augmentation circonstancielle des moyens disponibles, le PCP considère qu'il est essentiel que :
- Les fonds que doit recevoir le Portugal au titre du Fonds de relance soient mis à disposition sous forme de subventions (fonds "non remboursables"), en refusant d'avoir en échange une quelconque réduction des transferts de l'UE vers le Portugal au titre de la politique de cohésion - fonds structurels et d'investissement - que ce soit dans le cadre financier actuel ou futur, et en agissant, au contraire, pour renforcer ces fonds ;
- Les options d'investissement au niveau national sont alignées sur les besoins réels du peuple portugais et du pays, en refusant les formes de conditionnalité économique et politique qui visent à interférer dans les décisions souveraines des États, notamment en termes d'options, de programmation et d'exécution des fonds ;
- La libération du pays des contraintes qui limitent et conditionnent la mobilisation de ses propres ressources nationales, telles que le pacte de stabilité et la législation sur la gouvernance économique et le semestre européen ;
- L'adoption de mesures visant à garantir que les fonds à mobiliser dans les prochaines années soient mis au service de la valorisation du travail et des travailleurs, de la défense et de la promotion de la production nationale, de la relance pour le secteur public des secteurs de base et stratégiques de l'économie, de la garantie de l'administration et des services publics au service du peuple et du pays, du développement souverain du Portugal.
5. Dans le contexte actuel, où le gouvernement PS affiche sa volonté de se soumettre aux intérêts de l'UE au détriment de la position de défense de l'intérêt national, comme il se doit, la récupération des instruments essentiels de la souveraineté est particulièrement importante, notamment dans le domaine économique et monétaire, facteur structurant d'une politique alternative, patriotique et de gauche, qui fait défaut au pays et que le PCP propose.
Seule l'affirmation d'une politique souveraine, qui fasse prévaloir les intérêts des travailleurs et du peuple portugais sur les impositions et les contraintes émanant de l'UE, peut répondre de manière adéquate aux besoins auxquels le pays est confronté.