Publié le : 19.06.2020
Nous tenons à exprimer notre profonde inquiétude face à la situation d’extrême vulnérabilité dans laquelle est plongé l’ex-vice-président Jorge Glas Espinel, qui se trouve en ce moment en danger de mort en raison de la mauvaise gestion de la crise sanitaire du Covid-19 par le gouvernement équatorien.
Si le coronavirus a déclenché une crise mondiale et paralysé de nombreux pays obligés d’imposer des mesures de confinement pour freiner la propagation de la maladie, l’Équateur est le deuxième pays d’Amérique latine à compter le plus grand nombre de personnes contaminées après le Brésil. Ainsi, l’Équateur est même le pays dont le nombre de contaminations et de décès rapporté à la population est le plus élevé de toute la région. En outre, suite aux coupes claires effectuées dans le budget de la santé, des milliers de professionnels de santé, parmi lesquels des médecins, des infirmiers et des aides-soignants, ont été licenciés, une situation qui a été encore aggravée par le remboursement d’un montant de près de 1 milliard de dollars au titre de la dette extérieure.
Les chiffres publiés par le gouvernement sur le nombre de personnes contaminées et décédées à cause de la maladie manquent totalement de transparence. D’après le Secrétariat d’État à la gestion des risques, au 31 mai 2020, le bilan des contaminations s’élevait à 39 098 cas confirmés, pour 3 998 décès. Or, certaines sources du gouvernement lui-même signalent que la seule province de Guayaquil a enregistré 6 703 décès sur les deux premières semaines d’avril, alors que cette province compte en moyenne 2000 décès par mois habituellement. Les décès supplémentaires sont très probablement liés au Covid-19.
Le drame du coronavirus a également touché les prisons. En raison de maladies chroniques et incurables, Jorge Glas est immunodéprimé, ce qui en fait une personne extrêmement vulnérable. S’il contractait le Covid-19, Jorge Glas mourrait sans aucun doute. À cet égard, Michelle Bachelet, Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a demandé aux gouvernements du monde entier de libérer les détenus les moins dangereux et les plus vulnérables suite à la pandémie.
Rappelant que le risque que la maladie touche des personnes vulnérables était important, Michelle Bachelet a recommandé aux autorités de rechercher des solutions pour permettre la libération des détenus malades et âgés. Elle a également invité les États à envisager la libération des détenus les moins dangereux et « aujourd’hui plus que jamais, à libérer toutes les personnes dont l’emprisonnement ne repose sur aucune base juridique suffisante », ce qui inclut les prisonniers politiques et toutes les personnes arrêtées pour avoir exprimé une opinion critique ou divergente.
Jorge Glas remplit tous les critères évoqués par la Haute-Commissaire Bachelet : il ne représente aucun danger pour la société, il s’agit d’une personne malade atteinte de pathologies chroniques et incurables qui le rendent vulnérable, sa condamnation ne repose sur aucune base juridique solide et c’est un prisonnier politique qui a exprimé des critiques envers le gouvernement actuel. Le 31 mars 2020, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a elle-même rappelé aux États de la région que certaines personnes étaient exposées à un « risque plus important face à la propagation du Covid-19 ».
La CIDH a expressément cité les « personnes âgées, diabétiques, souffrant d’hypertension et les patients immunodéprimés, atteints de cancer, de maladies autoimmunes, d’insuffisance cardiaque ou rénale chronique entre autres ». La Commission a par ailleurs souligné que « rien ne pouvait justifier l’enfermement, le confinement ou l’isolement total ». Jorge Glas souffre d’une maladie auto-immune, d’hypertension artérielle, de gastrite rhumatoïde, et d’une multitude d’autres pathologies auto-immunes vérifiables. Une arythmie cardiaque lui a par ailleurs été récemment diagnostiquée. Toutes ces affections permettent d’affirmer avec la plus grande fermeté qu’en cas de contamination par le coronavirus, Jorge Glas serait exposé à un danger de mort extrême.
Par ailleurs, l’ex-vice-président pourrait bénéficier d’un régime de pré-liberté tel que celui établi par les articles 36 et suivants du Règlement relatif au code d’application des peines et de réinsertion sociale, où il est stipulé que, pour que la pré-liberté soit accordée, les détenus doivent avoir accompli les deux cinquièmes de leur peine. Jorge Glas Espinel remplit également toutes les autres conditions dans la mesure où il a fait preuve d’une conduite irréprochable, qu’il a suivi des études et qu’aucun obstacle ne s’oppose à cette mesure.
En raison de tous les arguments ci-dessus, nous demandons aux autorités compétentes de libérer Jorge Glas afin d’éviter une autre issue tragique possible due au Covid 19 et de respecter le droit humain fondamental accordé par la Constitution : l’inviolabilité de la vie humaine.
source :
https://www.european-left.org/freedom-and-protection-of-jorge-glas/