
Les FARC rejettent l'inscription de Cuba sur la liste des terroristes américains
15/05/2020
Bogotá, 15 mai (RHC) Le parti des FARC s'est retiré d'une réunion de la Commission de suivi, de promotion et de vérification de la mise en œuvre des accords de paix (CSIVI), en rejetant l'inclusion de Cuba dans la liste des pays qui ne coopèrent pas contre le terrorisme établie par le Département d'Etat américain.
"Ce matin, 14 mai, la délégation des FARC du CSIVI a été contrainte de suspendre la réunion qui se tenait avec le gouvernement colombien. Cela est dû au fait que le Département d'État américain a une fois de plus placé Cuba comme un pays qui ne coopère pas dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré l'ancien délégué de la guérilla à la Commission, Rodrigo Granda, dans une vidéo.
Le département d'Etat a annoncé hier qu'il avait inclus Cuba dans la liste des pays qui "ne coopèrent pas du tout" avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, en partie en raison de son "refus d'extrader dix membres" de la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) vers la Colombie.
Les guérilleros sont à La Havane parce qu'ils faisaient partie de la délégation qui a négocié un accord de paix avec le précédent gouvernement colombien, un dialogue qui est paralysé depuis août 2018.
Suite à l'attaque de l'ELN contre l'école des cadets de la police de Bogota en janvier 2019, qui a fait 22 morts, dont un Équatorien, et 66 blessés, le gouvernement colombien a demandé leur extradition, mais l'île a invoqué un protocole diplomatique relatif aux pourparlers de paix pour ne pas accéder à cette demande.
"Les États-Unis se basent sur le fait que Cuba n'a pas remis à la délégation de l'ELN qui l'a quittée un traité signé, un protocole entre le gouvernement, les pays garants et aussi l'ELN en cas de rupture des dialogues", a ajouté Mme Granda.
Selon EFE, le CSIVI a été créé dans le cadre de l'accord de paix signé entre le gouvernement et les FARC en novembre 2016.
Le gouvernement colombien a déclaré hier qu'avec la décision d'inclure Cuba dans la liste noire anti-terroriste, les Etats-Unis ont donné leur "soutien" à leur demande d'extradition des dirigeants de l'ELN.
"Le gouvernement des États-Unis soutient le gouvernement colombien et la demande insistante du président Iván Duque et du ministère des affaires étrangères de remettre ces personnes à la justice colombienne", a déclaré le haut commissaire pour la paix, Miguel Ceballos, dans une déclaration à la presse.
Cette situation a été qualifiée d'"inouïe" par Granda, qui a estimé que Ceballos "semble plutôt être un délégué à la guerre" lorsqu'il a mis Cuba au défi de lui remettre la délégation de l'ELN.
"C'est du jamais vu car Cuba est garant (des pourparlers de paix). De plus, c'est un pays qui a travaillé pour la paix en Colombie depuis avant que les dialogues ne commencent officiellement à La Havane", a déclaré Mme Granda.
Le représentant du parti des FARC a déclaré que Ceballos "a porté atteinte" à la dignité de l'ambassadeur cubain, qui participe aux réunions du CSIVI, et a déclaré qu'ils attendent "une réponse rapide" du gouvernement colombien pour résoudre la situation.
(EFE)
Publié sous la direction de Julio Pérez