Parti communiste irakien : Déclaration du Comité central
Français 31 2020 19
Publié lors d'une conférence de presse tenue à son siège à Bagdad le 29 janvier 2020
Près de quatre mois se sont écoulés depuis l'éruption du courageux soulèvement populaire d'octobre, et ses exigences fondamentales restent insatisfaites. La procrastination et le jeu du temps, ainsi que les meurtres prémédités et autres pratiques répressives, sont la politique menée par les forces au pouvoir pour mettre fin au vaste mouvement populaire pacifique plutôt que de se conformer à ses demandes légitimes.
Cependant, les récents développements ont montré que ces espoirs de mettre fin au mouvement de protestation sont voués à l'échec. Les courageux participants au soulèvement deviennent plus cohérents, déterminés et audacieux, malgré le nombre croissant de martyrs et de victimes qui tombent dans les affrontements et suite aux assassinats et au ciblage direct par les forces de sécurité et les éléments armés qui ne sont plus non identifiés !
Les forces au pouvoir persistent dans leur intransigeance, leur insistance sur le même système de quotas de partage du pouvoir qui a produit la crise profonde actuelle, et leur refus de répondre aux demandes populaires. Tout cela a conduit à une impasse politique qui, si elle se prolonge, pose de graves dangers au pays. Les plus importants de ces dangers sont les niveaux élevés de violence, la paralysie des organes de l'État aux niveaux central et local, le déclin de l'autorité de l'État au profit d'acteurs extérieurs, ainsi que l'augmentation des violations des droits de l'homme et des infractions aux conventions internationales par le gouvernement irakien.
Cette situation s'est heurtée à un rejet populaire généralisé, tandis que les voix de la condamnation de la répression du soulèvement se sont élevées dans le monde entier de la part des organisations internationales des droits de l'homme, des Nations unies, et enfin de la position exprimée par une récente déclaration commune des ambassadeurs de 16 pays à Bagdad.
La poursuite de la crise actuelle a un impact négatif sur les conditions de vie de notre peuple, qui s'étaient déjà détériorées, et creuse également le fossé entre le peuple et le système politique au pouvoir. Tout cela a conduit à une intensification de la colère populaire qui trouve son expression dans l'escalade pacifique des manifestants dans différentes provinces.
Face à ces dangers auxquels le pays est confronté et qu'il est urgent d'éviter, il est nécessaire d'agir comme suit :
Le Président de la République doit nommer sans délai une personnalité acceptée par la population au poste de Premier ministre, à condition qu'il bénéficie d'un soutien et de pouvoirs exceptionnels pour accomplir toutes les tâches et mesures requises, en vue de préparer des élections anticipées dans un délai d'un an.
Il faut noter ici que les nominations au poste de chef du gouvernement ne peuvent être acceptées tant que la répression sanglante des manifestants pacifiques se poursuit et sans mesures concrètes pour poursuivre les responsables de l'attaque des sit-in et de l'assassinat des manifestants. Cela exige une position claire et décisive de la part de la présidence.
Annoncer les résultats des enquêtes concernant les crimes commis contre les manifestants, et poursuivre ceux qui ont pris d'assaut les sit-in sur les places, brûlé les tentes des manifestants et leur ont tiré dessus à balles réelles.
Traduire en justice les auteurs de ces actes odieux afin qu'ils soient punis équitablement.
Mettre fin à l'enlèvement et à la détention de manifestants pacifiques, qui sont le fait des forces de sécurité et de groupes agissant en dehors de la loi.
Veiller à ce que les forces de sécurité remplissent leur devoir de protection des manifestants pacifiques et de leurs sit-in.
Gloire aux martyrs du glorieux soulèvement ... Souhaiter un prompt rétablissement aux blessés et aux personnes blessées.
29 janvier 2020