Brasilia, 12 février (Prensa Latina) Près de 2 000 artistes et intellectuels du Brésil et d’autres pays ont dénoncé dans un manifeste, signé vendredi dernier et diffusé lundi par les médias locaux, les attaques du gouvernement d´extrême-droite de Jair Bolsonaro contre les institutions démocratiques nationales.
Les signataires du texte pointent du doigt Bolsonaro pour avoir tenté, de manière systématique et depuis le 1er janvier 2019, de contrôler et de restreindre les institutions scientifiques, culturelles et éducatives brésiliennes ainsi que la presse.
Sting, Noam Chomsky, Chico Buarque, Caetano Veloso, Willem Dafoe, Paulo Coelho et bien d’autres encore font partie de ceux qui se sont unis contre la censure de l’administration de l’ancien militaire.
La déclaration cite des nominations, les tentatives de modification des manuels et du contenu des films, et les restrictions à l’accès aux bourses de recherche dans les universités.
Le texte mentionne également l’attaque de l´Exécutif contre la réalisatrice Petra Costa, dont le documentaire Democracia em Vertigem (Démocratie en Vertige) s’est porté candidat pour un Oscar.
'À partir d’un programme moraliste et idéologique fermé et compact, cette administration cherche à changer le contenu des livres scolaires, des films nationaux, à restreindre l’accès aux bourses et à la recherche, à intimider les enseignants, les journalistes et les scientifiques', indique un extrait du document.
Il précise que le 21 janvier dernier, le Ministère Public fédéral a accusé, sans preuve, Glenn Greenwald, journaliste étasunien et cofondateur de The Intercept, d´avoir participé à une organisation criminelle supposée qui aurait, entre autres actes, envahi les téléphones portables des autorités brésiliennes.
Pour les signataires du manifeste, il s’agit d’une atteinte à la liberté de la presse, qui est directement liée à la série de reportages publiés par The Intercept sur la corruption au sein de l’opération Lava Jato.
Le parquet a défié la Cour Suprême et éludé le mandat sur l´enquête de Greenwald, délivré par Gilmar Mendes, ministre de la Haute Cour.
Ce n’est pas un cas isolé. Plusieurs acteurs, dont les tribunaux régionaux et les officiers de police militaire, servent de cellules de défense pour le projet de bourses et prennent des mesures pour tenter de façonner la société brésilienne.
Pour la seule année 2019, 208 attaques contre des médias et des journalistes ont été enregistrées au Brésil.
Les artistes et les intellectuels demandent dans leur lettre à la communauté internationale de faire preuve de solidarité, de se positionner publiquement et d’être attentive à ce qui se passe dans le pays sud-américain et aux menaces qui pèsent sur la démocratie. Le temps presse et il est temps de dire non à l’escalade autoritaire au Brésil, soulignent-ils.
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