Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Photo: Estudios Revolución

Il est 22 heures sur les marches du Grand Escalier de l'Université de La Havane. La statue de l'Alma Mater se dresse, majestueuse, parmi les torches portées par des milliers de mains, dans des proportions jamais vues auparavant. L'image de José Marti, sur le côté droit par lequel la foule descend maintenant, prend vie. Les tons noirs et gris que nous avons vus sur ses photos de l'époque disparaissent, et le visage du Maître est illuminé par les reflets rouges, orange et jaunes des feux.

Je rédige cette note au milieu de la foule, pressée par la clôture de l'édition de Granma. Un enfant passe, perché sur les épaules de son père, qui contemple l'image, d’un regard ébloui, tandis qu'il tient le flambeau fabriqué chez lui avec des morceaux de laiton et de bois. « Nous habitons tout près d’ici et je l'amène chaque année depuis qu'il est bébé, mais, même si nous n'étions pas venus ici avant, nous n’aurions pas manqué la marche d’aujourd’hui. S'attaquer à Martí, c'est s'attaquer à ma famille, aux vivants et aux morts », souligne Alberto Torres, le père.

 

Des jeunes de la Génération du Centenaire, des jeunes d'hier et d'aujourd'hui, se sont réunis comme il y a 67 ans pour réaffirmer que Cuba ne laissera pas mourir son Héros national. Photo: Estudios Revolución

Marti vit, scande la foule. L'homme qui a été « amené pour agrandir », comme l'a décrit l'écrivain cubain José Lezama Lima, a, en cette année 2020, une capacité de mobilisation des peuples plus grande que jamais. Maculer son image de sang fut une tentative pathétique de la droite anticubaine pour obtenir, par la haine, un changement de cap politique. « Attaquer un symbole est un geste désespéré ; attaquer Marti est aussi un signe de profonde ignorance », déclare le chercheur Luis Toledo Sande.

 

Photo: José Manuel Correa

L'effet qu'ils ont produit est totalement contraire. Au pied des marches du Grand escalier de l'Université, ce soir, et quelques jours après que deux hommes, pour de l'argent, ont profané plusieurs bustes du Maître, se dresse José Marti debout, les bras dans le dos. C'est la photo prise en 1892 par un émigrant cubain en Jamaïque, qui a fait dire au poète Cintio Vitier, qui a consacré sa vie à l'étude de l'œuvre du Héros national : « Debout contre le maquis farouche, toujours vêtu comme en deuil et le visage ruisselant de lumière, il nous regarde secrètement, avec un étrange éloignement et une passion intime, nous demandant toujours davantage ».

 

Photo: José Manuel Correa

Le désir de faire le bien, et de le faire, a été la plus remarquable des vertus de l'Apôtre, ajouterait l'auteur de « Ce soleil du monde moral ». Et ce soir, les jeunes, les enfants, les personnes de tous âges, les centaines de milliers de Cubains qui descendent la rue San Lazaro à La Havane en direction de la Forge de José Marti, prouvent qu'ils répondent à la haine par la bonté, comme Marti l'a fait tant de fois au cours de sa vie.

 

Photo: José Manuel Correa

Le « faire le bien » de Marti nous parvient jusqu’à nos jours, explique Recaredo Rodriguez Bosch, Docteur en sciences et professeur à l'Université de Las Tunas. « C'est un impératif pour cette heure, dans un monde si convulsé, taraudé par tant de problèmes, avec tant de gens occupés par des choses matérielles, il est là pour nous apprendre le bien en cherchant à nous rendre meilleurs ».

Nous avons grand besoin de Marti, ajoute Pedro Pablo Rodriguez, directeur de l'édition critique des Œuvres complètes de l'Apôtre. « Il nous a appris que, même si à un moment donné nous pouvons nous sentir fatigués, nous devons reprendre la vie sans perdre la foi en l'esprit humain. »

Il est 22 heures, et en ce moment les marches de l'Université de La Havane semblent encore plus imposantes, à la veille du 167e anniversaire de la naissance de José Marti. Les flambeaux agités, la fumée qui se répand dans le ciel, les gens émus, la solennité de la rencontre unie à la jubilation de la jeunesse... il nous appelle à cette heure avec plus de force que jamais et comme dans ses vers : «  Lorsque sous le poids de la croix / L’homme se résout à mourir / Il sort faire le bien, il le fait et revient / Comme dans un bain de lumière. »

 

Photo: Dunia Alvarez

La Marche aux flambeaux a une nouvelle fois été présidée par le général d'armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Parti communiste de Cuba, le seul parmi les personnalités réunies ici à avoir participé à la première édition, le 27 janvier 1953, il y a 67 ans. Cette première marche, qui a inauguré la tradition, fut un acte de courage des révolutionnaires qui descendirent dans la rue pour rendre hommage à l'Apôtre sans hésiter un instant devant les tueurs à gages du dictateur Fulgencio Batista ; aujourd'hui, c'est un acte de réparation envers Marti par les nombreuses personnes dignes face à d’autres autres qui ne le sont pas, paraphrasant les paroles du Maître.

Aux côtés des jeunes et du peuple, dans cette énorme mobilisation civique, se trouvent également le président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, José Ramon Machado Ventura, Deuxième secrétaire du Parti, et le Premier ministre Manuel Marrero, entre autres dirigeants.

« Martí ne sera jamais seul ; ils n'effaceront pas sa mémoire, ils ne le souilleront pas », a souligné Amanda Martinez, une lycéenne, et elle ajouterait encore bien des phrases et des émotions ce soir, si ce n'était la pression de mon journal.

 

Photo: Dunia Alvarez

source :  http://fr.granma.cu/cuba/2020-01-28/marti-revient-comme-dans-un-bain-de-lumiere

Tag(s) : #Cuba, #Marti

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :