
Notre ville merveilleuse, ancienne, gaie, spectaculaire, continue de captiver par son charme tous ceux qui la visitent. Gaston Pauls est venu à Cuba pour la première fois en 2000 et affirme qu'il fait des films pour venir à La Havane. « Il y a 19 ans, j'ai eu le privilège d’ouvrir le festival en présence de Fidel, assis au premier rang, et ce fut très émouvant ». Depuis ce voyage, il est revenu 17 fois. L'acteur argentin a commencé sa relation avec le Festival international du Nouveau cinéma latino-américain avec le film Nueces para el amor, qui remporta à cette occasion le Coral du meilleur film.
De ce voyage, il se souvient de sa surprise lorsqu’il a vu comment les Cubains vivaient et regardaient un film. « Il n'existe pas d’endroit au monde qui ait autant de passion, de connaissances et d'amour pour le cinéma latino-américain, et je n'arrivais pas à le croire », dit-il. En 2019, il revient avec El Principe, qui concourt dans la section Premier film, et La espuma de los dias, dans le cadre de la section Amérique en perspective. Sur ce dernier long-métrage, dirigé par Fernando Timossi, il avoue que sa plus grande satisfaction a été de jouer un personnage cubain et de partager avec des acteurs « de premier ordre » tels que Corina Mestre, Liéter Ledesma, Alicia et Fernando Hechavarria. « Je suis très fier et très heureux parce que le cinéma latino-américain coûte toujours très cher et chaque film qui sort est un triomphe. »
El Principe est une coproduction entre le Chili, l'Argentine et la Belgique, « un film qui se déroule dans une prison, et où paradoxalement beaucoup d'hommes peuvent être libres. » Il s’agit d’une réflexion sur la société où les préjugés et les postures homophobes persistent encore, et Gaston Pauls est fier de présenter ce film à ce Festival qui est, pour lui, « un phare depuis sa création, car quand il y avait beaucoup de dictatures militaires dans toute l’Amérique latine, c'était le lieu où l'on pouvait parler, dénoncer et mettre en lumière tant d'obscurités. Aujourd'hui, alors que la droite veut galoper dur et que, dans de nombreux endroits, ce sont les médias qui dirigent les coups d'État, le Festival a plus de pouvoir qu'il y a 40 ans ».
Également présentateur, producteur de cinéma et de télévision, Pauls mise sur le cinéma latino-américain. « Pour moi, c'est le cinéma sur le monde, fait par des Latino-Américains, c'est comment nous voyons et comment nous nous voyons. "Des yeux qui voient", dit avec raison le slogan du Festival cette année, alors que dans plusieurs pays d'Amérique latine, on rend les gens aveugles. Aussi notre cinéma a-t-il le devoir de continuer à regarder et à raconter ce qu'il voit. Le cinéma latino-américain, c'est cela et c'est aussi le cinéma fait par des Européens avec des Latino-Américains, mais qui ne veulent pas venir pour remporter l'or une fois de plus, il y a des Européens dignes qui veulent rassembler, pas pour eux-mêmes, mais pour le monde. »
source : http://fr.granma.cu/cultura/2019-12-11/notre-cinema-a-le-devoir-de-regarder-et-de-dire-ce-quil-voit