04 Dec 2019AFRIQUE, COTE D'IVOIRE, OIT
La FSM participe à la 14ème Réunion régionale africaine de l’OIT avec une forte délégation de ses membres au Cameroun, à Djibouti, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud, au Maroc, au Soudan et aussi d’autres pays pour qu’elle soit entendue, en donnant notre position sur l’avenir du travail digne pour les travailleurs du monde, sans exploitation de l’homme par homme.
LE DISCOURS DE LA DÉLÉGUÉE FSM AUPRÈS LA 14ème RÉUNION RÉGIONALE AFRICAINE DE L’OIT, ABIDJAN, CÔTE D’IVOIRE, 3-6 décembre 2019
Chèr.e.s collègues,
Permettez-nous tout d’abord, au nom des 97 millions de membres de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) qui vivent, travaillent et se battent dans 130 pays du monde, de saluer cette réunion régionale de l’OIT qui se tient à la Côte d’Ivoire; un pays important non seulement pour l’Afrique de l’Ouest, mais pour tout le continent. Dans le même temps, nous saluons les simples syndicalistes qui sont arrivé.e.s ici, venu.e.s des quatre coins de l’Afrique, afin d’y assister et analyser leurs problèmes. D’ailleurs, chèr.e.s collègues, près du tiers des membres de la FSM viennent de votre continent.
Cependant, chèr.e.s collègues, la Côte d’Ivoire et votre continent en général ne sont pas importants uniquement pour son peuple et ses travailleurs. Il semble qu’ils sont aussi importants pour les grands groupes d’entreprises ou pour les néo-colonisateurs qui viennent ici pour voler les richesses du continent africain et contrôler ses ressources naturelles. De plus, la réalité subie par les travailleurs du cacao en Côte d’Ivoire n’est pas si éloignée de celle des mineurs en RD Congo, des pétroliers au Nigeria ou des pêcheurs au Sénégal. Par conséquent, l’écrasante majorité de la classe ouvrière africaine a les mêmes revendications: hygiène et sécurité sur les lieux de travail, soins de santé, accès à l’eau potable et aux infrastructures de santé, éducation qualitative pour tous et toutes, droits et libertés syndicaux, entre d’autres.
En ce sens, pour la FSM, malgré les différences qui existent, les problèmes auxquels sont confronté.e.s les travailleurs.ses du continent africain sont fondamentalement communs et ont pour racine commune l’exploitation. En tant qu’expression du mouvement syndical de classe international, nous pensons que le débat de ces jours devrait être axé sur ces questions-ci. Nous devons analyser les causes profondes des problèmes, entendre la voix des travailleurs africains et espérer que leurs revendications permanentes deviendront des positions officielles de l’OIT.
Par ailleurs, nous pensons qu’au cours de notre débat, la scène internationale ne peut être négligée, en particulier dans un contexte où les peuples sont le cible de plans destructeurs; dans un contexte où les grands groupes de monopoles, de transnationales, anticipant la possibilité d’une nouvelle crise économique mondiale plus grave, veulent tracer de nouvelles voies énergétiques. Ils veulent tracer de nouvelles frontières qui serviront leurs intérêts pendant que les gens sont toujours les victimes. Leur objectif est de voler la richesse incalculable de la terre africaine, les matières premières qui existent dans le sous-sol africain.
Il suffit de prendre en compte le nombre de peuples d’Afrique qui ont souffert et continuent de souffrir des interventions impérialistes à ce jour: la Libye, le Mali, le Burkina Faso et la République centrafricaine ne sont que quelques-uns des pays qui ont récemment souffert dans leur propre chair, ce qui signifie une invasion et une « démocratie » importée.
Face à cette situation, la FSM a fait une déclaration claire. Les ressources naturelles des pays africains, le sol, le sous-sol, toutes les énormes richesses de la terre africaine doivent appartenir à leurs peuples. En même temps, d’une position fixe et de principes de la FSM et de ses affiliés sur tous les continents, nous nous sommes battus pour l’ANNULATION DE LA DETTE des pays africains. C’est une dette que les travailleurs africains n’ont pas générée, ils n’en sont pas responsables. En outre, de nombreux «sauveurs» profitent de cette dette pour asservir et exploiter davantage les travailleurs du continent.
Cependant, les travailleurs.ses africain.e.s savent très bien par leur passé historique comment faire face aux pseudo-sauveurs étrangers ou locaux. Ils l’ont montré en Afrique du Sud, en Algérie, au Mozambique, en Angola, au Sénégal et ailleurs; lorsque les syndicats de classe ont lutté pour une société sans colonisation, en conquérant une série de droits et de libertés syndicaux. Dans cet effort, la FSM a été présente.
La FSM était présente à la naissance des syndicats africains: ils ont donné naissance à elle et elle, aussi, leur a donné naissance. La FSM a été présente dans toutes les justes luttes des syndicats africains. La FSM était présente lorsque les travailleurs.ses africain.e.s ont dans la pratique amélioré leurs conditions de vie et de travail. La FSM a été présente chaque fois que les travailleurs.ses africain.e.s, les femmes et les jeunes le lui ont demandé.
Et la FSM sera présente chaque fois que la classe ouvrière africaine le demandera. La FSM sera présente car elle ne tolère pas que l’Afrique soit le continent le plus riche avec les travailleurs.ses les plus pauvres. La FSM sera présente parce que nous croyons fermement que la FSM est l’Afrique et que l’Afrique est la FSM. Et en disant ça, nous parlons toujours de l’Afrique des peuples et de ses travailleurs.ses.
On vous remercie.
source :