La prophétie de Tupac Katari
Evo, Aymara comme Katari, avec sa noblesse et son sens éthique à toute épreuve, avec son dévouement généreux envers son peuple, avec les résultats extraordinaires de son œuvre, laisse (ne vous en déplaise) « un ferment éternel » en Bolivie, en Notre Amérique, dans les gens dignes de ce monde
Auteur: Abel Prieto | informacion@granmai.cu
13 novembre 2019 14:11:05
LE leader aymara Tupac Katari forma une armée d’environ 40000 hommes pour combattre les forces colonialistes venues d’Espagne et parvint à encercler la ville de La Paz en 1781.
LE leader aymara Tupac Katari forma une armée d’environ 40 000 hommes pour combattre les forces colonialistes venues d’Espagne et parvint à encercler la ville de La Paz en 1781. En novembre de cette même année, trahi par certains de ses partisans, il fut capturé par les Espagnols.
Un juge le condamna à être « démembré » avec la même méthode barbare utilisée pour exécuter Tupac Amaru II, à savoir que quatre chevaux allaient le tirer par les membres jusqu’à l’écarteler.
Le verdict, véritablement anthologique, établit : « Il ne convient ni au Roi ni à l’État qu’il ne reste de semence ou de race de celui-ci ou de tout autre Tupac Amaru ou Tupac Katari à cause du grand bruit que ce nom maudit a fait parmi les natifs… Autrement, il resterait un ferment éternel. »
Aujourd’hui le coup d’État contre le président Evo Morales a finalement été consommé. Jour très douloureux, très amer, pour Notre Amérique. La conception du plan visant à méconnaître la victoire prévisible d’Evo et déstabiliser le pays a été élaborée bien avant les élections, et a bénéficié très tôt du soutien de l’Empire. Pompeo a déjà félicité l’OEA pour sa complicité avec les putschistes. Le fascisme célèbre déjà sa victoire en Bolivie alors qu’il continue de persécuter des fonctionnaires du gouvernement, des membres du Tribunal suprême électoral, des partisans du MAS, des dirigeants des mouvements indigènes et populaires, de simples hommes et femmes socialement ou ethniquement « suspects ».
Paradoxalement, l’un des putschistes les plus notoire se présente comme une sorte de Messie et utilise la Bible et les figures du Christ et de la Vierge pour appeler à la haine, au racisme, à la violence. Cela n’est pas nouveau : la campagne électorale du fasciste-messianique Bolsonaro a reçu un soutien décisif des églises évangéliques réactionnaires.
Autre paradoxe : l’oligarchie dispose de tueurs à gage, des « guarimberos » et des paramilitaires provenant de secteurs ayant bénéficié des politiques sociales d’Evo. Nous sommes de nouveau face au triste spectacle du « pauvre de droite » (dans ce cas de d’extrême droite) qui est dupé par les médias et les discours populistes. Des gens qui devraient se sentir reconnaissants envers Evo deviennent des pantins d’ « Hitler » vociférants de pacotille.
Le commandant Chavez se plaisait à répéter la prophétie qui (avec différentes variantes) est attribuée à Tupac Katari lorsqu’il fut condamné à mort il y a plus de 200 ans : « Ils peuvent me tuer, moi, mais je reviendrai et je serai des millions. » C’était une réponse indirecte à son juge, qui, comme nous l’avons vu, aspirait à ce que Katari ne laisse aucune trace sur la face de la terre.
Evo, Aymara comme Katari, avec sa noblesse et son sens éthique à toute épreuve, avec son dévouement généreux envers son peuple, avec les résultats extraordinaires de son œuvre, laisse (ne vous en déplaise) « un ferment éternel » en Bolivie, en Notre Amérique, dans les gens dignes de ce monde. Et il reviendra, à coup sûr, et « il sera des millions ».
source : http://fr.granma.cu/mundo/2019-11-13/la-prophetie-de-tupac-katari