En 6h de discussion, RT Erdogan et Vladimir Poutine ont "réglé le cas des Kurdes" pour mettre un terme à la construction démocratique du Rojava.
Ainsi, sans scrupule, l'invasion militaire turque en Syrie débouche sur un effroyable et cynique crime humain et politique sans que les dirigeants de nos pays - pourtant si loquaces d'ordinaire en matière de droits humains, démocratie ou liberté quand il s'agit de bombarder et occuper eux-mêmes l'Afghanistan, l'Irak ou la Libye - ne tentent quoi que ce soit pour stopper les troupes turques au Rojava.
L'opération odieusement nommée SpringPeace n'était qu'une entente (tacite?) entre Erdogan et Bachar al Assad pour écraser le Rojava et massacrer les Kurdes. L'un comme l'autre préfèrent encore mille fois leur ennemi utile Daesh, ils l'ont définitivement prouvé, à toute tentative démocratique et laïque.
L'histoire retiendra la monstrueuse complicité des dirigeants occidentaux avec les fascistes Assad et Erdogan, l'habileté toute aussi monstrueuse de Poutine, tous ayant su se servir adroitement d'un dangereux et incontrôlable président Trump qui leur a servi sur un plat en argent le Rojava, le peuple kurde et tout ce qui fait notre commune humanité.
Alors, Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, combien de temps encore la France va-t-elle dire que l'intégrité et la souveraineté territoriale de la Syrie est "sauvegardée"?
Va-t-elle rester dans cette coalition contre Daesh qui ne doit son unique victoire militaire qu'aux seuls YPG?
Va-t-elle rester dans une alliance politico-militaire, l'OTAN, dont la 2e armée - la Turquie - a violé impunément le droit international et procédé à un nettoyage ethnique?
Va-t-elle céder au chantage turc et abandonner de nouveau réfugiés, kurde et population syrienne alors que la Turquie a remis en selle Daesh et Bachar?
Va-t-elle se contenter d'"envier" et de mépriser Poutine alors qu'il aurait fallu une certaine intelligence diplomatique depuis bien longtemps pour briser l'entente Bachar-Poutine-Erdogan?
Croyez-vous réellement qu'"on" puisse en rester là, qu'Erdogan ne lorgne pas maintenant vers l'Azerbaïdjan?...
Vos lâchetés et calculs à 3 sous nous désespèrent mais nous ne nous laisserons pas abattre car nous avons le devoir, nous qui sommes à l'abri, nous qui aux creux des lits faisons encore des rêves, de poursuivre sans faiblir et d'amplifier la mobilisation et la solidarité internationale pour les Kurdes et les FDS, les populations du Rojava, le peuple syrien qui il y a 11 ans s'est levé pour la justice sociale et la démocratie, pour les peuples de Turquie qui tous les jours affrontent la haine, les tentatives d'humiliation et la répression des islamo-conservateurs de l'AKP d'Erdogan, pour les millions d'Irakiens qui luttent contre la misère, la corruption et l'ingérence étatsunienne comme iranienne, pour le peuple iranien qui n'a pas renoncé à la paix, à la démocratie et à la liberté, pour le peuple palestinien dont le droit à un État, aux côtés d'Israël, finira par l'emporter, pour le peuple libanais qui s'est levé pour la justice sociale et contre les affairistes au pouvoir, pour le peuple afghan que vous avez piétiné, pour les démocrates israéliens, pour le peuple yéménite sacrifié sur l'autel de vos ventes d'arme, pour les peuples et forces démocratiques du Bahrein et du Koweït constamment ignorés...
La responsabilité de la France ni de quelque pays, aussi puissant soit-il, que ce soit, n'est pas de décider à la place des peuples mais de soutenir leurs luttes pour l'émancipation. Non pas des déclarations mais par des actes. Nous saurons vous y contraindre.
"Dirigeants du monde, avait dit le précédent secrétaire général de l'ONU, êtes là pour servir les peuples", nous saurons vous le rappeler chaque jour, vous êtes au service du peuple et non l'inverse, qu'il s'agisse de la politique intérieure ou internationale.
Lydia SAMARBAKHSH
responsable à l'International du PCF
Paris, le 22 octobre 2019
source : lettre électronique PCF Monde