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Photo: NASA

C’ÉTAIT le 12 juin 1992, à Rio de Janeiro, au Brésil.

Fidel Castro s’exprimait - brièvement mais magistralement - à la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement.

Toute l’assistance applaudissait, même s'il y avait des chefs d'État dans la salle qui ne partageaient pas ses opinions. Mais au moins, ils reconnaissent la véracité de ses propos.

Que s'est-il passé depuis lors concernant cette même question du changement climatique à laquelle Fidel faisait référence lorsqu'il soulignait qu' « qu’une espèce biologique majeure, à savoir l’Homme, risque de disparaître du fait de la destruction progressive rapide de son habitat naturel » ?

En ce moment même où ce grand poumon vert de la planète qu’est l'Amazonie est en proie à un brasier incontrôlable, je suis certain que les paroles de Fidel résonnent à l'oreille de beaucoup. Ce sont des arguments irréfutables.

Comment expliquer alors que l'actuel président du Brésil, Jair Bolsonaro, pendant les 20 premiers jours des incendies qui ravageaient les grandes forêts, soit allé jusqu’à fustiger ceux qui « tentent de saper son autorité » ou de l’« évincer de la présidence » et s’attaquer aux organisations non gouvernementales, qu'il accuse sans aucune preuve d’être « à l’origine des feux » ? s’interroge une dépêche de la BBC.

Les explications scientifiques confirment qu'en raison de l'exploitation indiscriminée de la forêt amazonienne, la déforestation diminue le niveau des précipitations locales et la végétation devient plus sèche, donc plus inflammable.

Ainsi, le fait que, dans une affaire de cette importance et de cette gravité qui touche l'humanité tout entière, il ait fallu attendre vingt jours pour que le président autorise le déploiement de l'armée pour lutter contre les incendies en Amazonie relève d’une irresponsabilité totale, provoquant l'une des plus grandes dévastations de l'écosystème que l'histoire ait jamais connues.

Et je reviens à Fidel et à son discours au Sommet de la Terre, lorsqu'il soulignait : « Les sociétés de consommation sont les principales responsables de l’abominable destruction de l'environnement. »

Et il donnait plusieurs exemples : « Les forêts disparaissent, les déserts s´étendent, des milliards de tonnes de terre fertile finissent chaque année dans la mer. De nombreuses espèces s’éteignent. La pression démographique et la pauvreté conduisent à des efforts désespérés pour survivre, fût-ce au prix de la nature. On ne saurait en accuser les pays du Tiers-monde, hier colonies, aujourd’hui nations exploitées et pillées par un ordre économique mondial injuste. »

Depuis le Sommet de 1992, il y en a eu beaucoup d'autres. Séminaires, ateliers, engagements non tenus, argent qui n'est jamais arrivé pour aider les pays pauvres à combattre les effets du changement climatique...

C'est ainsi que nous sommes arrivés au Sommet de Paris, et entre le 30 novembre et le 12 décembre 2015, l'Accord a été rédigé, et signé par près de 200 chefs d'État ou de gouvernement qui se sont engagés à sauver l'humanité de l'adversité du climat.

Il semblait que parmi les participants et les signataires se trouvait Fidel et que ses paroles résonnaient dans les oreilles et la conscience de ceux qui se savaient responsables de « sauver l'espèce humaine » car « demain, il sera trop tard ».

Mais le temps a passé et deux ans plus tard, en 2017, le monde est demeuré bouche bée en voyant ce dont le nouveau président des États-Unis était capable pour retirer son pays des principaux accords et conventions conclus au fil des années de discussions, de dialogue et de compréhension mutuelle.

Donald Trump, dans l'une de ses premières actions en tant que président, a rompu avec l'Accord de Paris. Il a qualifié le changement climatique de « canular » et a cherché la poubelle la plus proche pour y jeter les documents signés par son prédécesseur Barack Obama.

La pensée clairvoyante de Fidel en 1992 selon laquelle « nous prenons aujourd’hui conscience de ce problème alors qu’il est presque trop tard pour l’empêcher », semble inconnue pour ce monsieur qui, du haut de son trône impérial, a ignoré l'Accord de Paris et bien d'autres accords essentiels à la vie humaine et à la paix sur la planète.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le président brésilien Jair Bolsonaro – surnommé le « Trump des Tropiques » - veut suivre l’exemple des États-Unis de sortir son pays de l'Accord de Paris et ignorer les effets du changement climatique.

Entre-temps, les flammes continuent leur progression dans l’Amazonie et, dans certaines régions du monde, un climat de guerre semble s’installer, où les détroits et les mers pourraient aussi prendre feu.

EN CONTEXTE

- L'Amazonie, la plus grande forêt tropicale du monde, couvre une superficie de 5,5 millions de km2, dont 60 % appartiennent au Brésil.

- La région amazonienne a perdu 5 879 km2 de forêts au cours des 12 derniers mois, soit 40 % de plus qu'il y a un an.

- Cette année, 39 601 incendies ont été détectés. Entre janvier et août 2019, le nombre d'incendies de forêt au Brésil a augmenté de près de 84% par rapport à la même période en 2018.

- L'année dernière, le monde a perdu 12 millions d'hectares de forêts, dont 3,6 millions d'hectares de forêt tropicale primaire, selon les données de l'Université du Maryland.

- L'Amazonie est non seulement l’habitat de centaines de peuples indigènes et de milliers d'espèces animales et végétales, mais elle joue également un rôle clé dans la régulation du climat et des précipitations.

- Entre autres aspects, elle est d’une aide précieuse pour minimiser le changement climatique, car elle évite l’émission des millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

 

source : http://fr.granma.cu/mundo/2019-09-02/revenir-a-fidel-quand-lamazonie-brule

Tag(s) : #Amazonie, #FidelCastro

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