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Les victimes sont principalement des femmes qui sont recrutées par tromperie par des réseaux de trafic sexuel.

UN rapport publié par les Nations Unies (ONU) le mercredi 31 juillet, à l'occasion de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains, note que plus de 80% des victimes de ce fléau en Amérique latine sont des femmes et des filles, et que la grande majorité d’entre elles tombent entre les mains de réseaux d'exploitation sexuelle.

À ce sujet, Simon Pedro Izcara Palacios, docteur en sociologie de l'Université Complutense de Madrid (Espagne) et professeur à l'Université autonome de Tamaulipas (Mexique), a publié, dans la version numérique de la revue Estudios Sociales, le résultat de travaux de recherche dans lequel il affirme que « l'Amérique centrale, le Mexique et les États-Unis constituent une région où le trafic sexuel s’est profondément enraciné ».

L'étude conclut qu'aux États-Unis, les victimes sont principalement des femmes qui sont recrutées par tromperie par des réseaux de trafic sexuel, par le biais des promesses d'emplois glamour ou bien rémunérés, et que « l'industrie du divertissement pour adultes se nourrit de femmes et de mineures mexicaines et d'Amérique centrale, ainsi que d'autochtones ».

Selon les recherches menées dans ce pays, ces femmes sont soumises à l'esclavage sexuel, à la prostitution involontaire, non forcée sans liberté de choisir leurs clients ou non forcée avec liberté, selon les catégories utilisées au niveau international.

Le chercheur précise que l'esclavage sexuel se caractérise par deux éléments : la soumission à un contrôle absolu par le recours excessif à la violence physique et/ou psychologique, et l'absence de gratifications économiques ou autres pour se livrer à la prostitution.

Il ajoute que la prostitution involontaire implique deux critères : la traite et/ou la prostitution de mineures par la tromperie ou la coercition, ou d'une manière non forcée, et la traite et/ou la prostitution d'adultes par la tromperie ou la contrainte.

CHASSEURS DE FEMMES

Au Mexique, précise-t-il les victimes enlevées par des groupes criminels sont les plus nombreuses, et qu'en Amérique centrale, ce sont surtout des mineures prostituées par des proches ou trompés par des proxénètes.

L'élément le plus distinctif de la traite au Mexique est l'esclavage sexuel, principalement en raison de l'implication des cartels de la drogue dans ce commerce. Ces organisations ne recrutent pas leurs victimes : elles les kidnappent et les forcent à se prostituer.

La méthode utilisée par les cartels pour soumettre les victimes est abjecte et brutale. Les femmes sont introduites dès le départ dans des scénarios de violence extrême, y compris la privation de nourriture, les passages à tabac constants et l’assassinat.

Les pays d'Amérique centrale sont des espaces d'origine et de transit de femmes et de mineures emmenées par les réseaux de trafic sexuel vers des pays au plus grand développement économique dans la région d’Amérique du Nord. Des fillettes d'à peine dix ans sont introduites dans la prostitution par leurs parents ou par des proxénètes et des trafiquants.

L'implication des parents dans des marchés illégaux, tels que le commerce du sexe ou le trafic de drogue, conduit souvent à la prostitution involontaire de mineures. Parfois, la mère prostitue ses filles pour soutenir une dépendance aux drogues.

Dans les familles impliquées dans les réseaux de trafic de drogue, les filles mineures sont souvent prostituées lorsque leurs parents sont emprisonnés, assassinés ou font faillite.

Les réseaux de trafic sexuel qui opèrent dans la région d’Amérique du Nord et recrutent des femmes en Amérique centrale ont les États-Unis pour principale destination. Le Mexique est un pays où sont prostituées aussi bien les femmes qui n’intéressent pas le marché étasunien que celles qui sont en transit vers le Nord.

PROSTITUTION OU EXPULSION

L'étude affirme qu'aux États-Unis, l’« instrument qui contribue » au fait que les femmes migrantes prostituées n’abandonnent pas les marchands de sexe ou les exploiteurs qui les maintiennent dans une situation de liberté limitée est la Loi sur l'immigration. En effet, elles acceptent de travailler dans le commerce du sexe, parce que cette activité leur permet de rester sur le territoire étasunien, d'envoyer de l’argent à leurs familles et, pour y parvenir, « les employeurs étasuniens leur offrent une protection contre la menace d’expulsion en leur fournissant de faux papiers et en versant des pots-de-vin aux autorités.

« Peu nombreuses sont les femmes qui abandonnent leur souteneur parce que leur situation migratoire irrégulière les empêche de se déplacer librement dans un pays qui poursuit implacablement les sans-papiers. Ces femmes passent la plupart de leur temps enfermées et sortent très peu dans la rue, non pas parce que leurs patrons les en empêchent, mais parce qu'elles craignent d'être arrêtées par les services d’Immigration », indique la publication.

La majorité des femmes prostituées aux États-Unis étaient des mineures migrantes, ou des femmes victimes de la traite vers les États-Unis par tromperie, et avaient une norme ou un « seuil de productivité » d'au moins huit clients par jour, dont l'argent allait dans la poche du souteneur. Celles qui ne respectent pas le contrat établi sont pénalisées financièrement ou obligées d'augmenter le temps passé dans les lieux où elles travaillent (bars, casinos, hôtels ou hôtels de passe).

Il ressort de l’étude que le proxénète étasunien est un mafioso puissant et influent, car lorsque les femmes prostituées sont détenues par les autorités migratoire, « elles ne dénoncent pas leurs patrons ; elles leur demandent souvent de l'aide juridique pour qu’ils stoppent leur procédure d'expulsion et, si elles sont expulsées, il n'est pas rare qu’elles leur demandent une aide financière pour revenir ».

Le mercredi 31 juillet, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré dans un communiqué à l'occasion de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains que « les conflits armés, le déplacement interne, le changement climatique, les catastrophes naturelles et la pauvreté exacerbent les vulnérabilités et le désespoir qui permettent à la traite [de personnes] de prospérer ».

Quant à la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la traite des personnes, Maria Grazia Giammarinaro, elle a appelé les pays d'accueil des migrants à modifier leur approche de la migration. « Les politiques migratoires restrictives et xénophobes et la criminalisation des migrants (...) sont incompatibles avec une action efficace contre la traite des êtres humains », a déclaré Giammarinaro dans un communiqué.

« Les hommes politiques qui encouragent la haine, construisent des murs, consentent à la détention de mineurs et empêchent les migrants vulnérables d'entrer sur leur territoire travaillent à l'encontre des intérêts de leur propre pays », a-t-elle dit.

EN CHIFFRES

-   66 % des victimes de la traite de personnes d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes sont des enfants, fillettes et des adolescents

-  13% des victimes de la traite des êtres humains en Europe centrale et occidentale viennent de pays d'Amérique du Sud.

-  58% des victimes sont issues de « l’environnement proche ».

-  59% sont victimes d’exploitation sexuelle, qui est le crime le plus fréquent.

-  72% des victimes de la traite sont des femmes et des fillettes.

-  21 % sont des hommes, dont

-  7 % sont des jeunes garçons.

-  50% des garçons sont soumis au travail forcé.

La mendicité, l'utilisation des garçons comme soldats et les mariages forcés pour les filles sont d'autres formes indignes d'exploitation.

Source : Rapport mondial sur la Traite des personnes présenté en janvier 2019

source : 

http://fr.granma.cu/mundo/2019-08-21/esclavage-sexuel-et-migration-a-lere-trump

Tag(s) : #Trump, #USA, #Migrations

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