Discours de Sira Rego à la présidence du Parlement européen

Discours de Sira Rego à la présidence du Parlement européen
Le 3 juillet 2019
Discours de Sira Rego à la présidence du Parlement européen

Je vous remercie. C'est un honneur de représenter la candidature d'un groupe peu nombreux, mais fermement engagé dans la défense des intérêts des citoyens européens - en particulier des travailleurs.

Nous présentons cette candidature avec la conviction que, si certains groupes et gouvernements d'Europe ont joué avec les hauts postes, la vie continue à l'extérieur et l'avenir de millions de personnes dépend des décisions que nous prenons ici, dans ce Parlement.

Pour nous, il est donc impératif que nous parlions de quel côté sera le président de ce Parlement au cours des prochaines années. Vont-ils continuer à être du côté des lobbies des entreprises et des multinationales ? Seront-ils du côté de l'Europe de la division et des murs qui continue à nourrir le monstre qu'est le néo-fascisme ? Ou seront-ils, enfin, du côté des gens, des travailleurs et des droits de l'homme ?

Nous défendons un Parlement qui répond aux besoins de nos peuples, mandaté par leur souveraineté et, surtout, qui travaille contre une Union européenne basée sur l'exploitation des travailleurs et des ressources naturelles de cette planète. Nous avons vu comment les politiques économiques de l'UE ont entraîné des pays entiers dans un chômage de masse. Nous avons particulièrement souffert en Espagne, en Grèce ou au Portugal. La doctrine néolibérale sur laquelle s'est construite l'Union européenne a engendré d'immenses souffrances : chômage, précarité et inégalités. Ces politiques nous mènent dans une vie sans avenir, une vie sans espoir.

Et pas seulement sur le plan économique. Ces mêmes politiques, et le modèle de production et de consommation qu'elles impliquent, sont également responsables de la crise éco-sociale et de l'urgence climatique que traverse notre planète. Le nier, c'est se mentir à soi-même. Le vernis vert que l'Union européenne applique à ses politiques ne résoudra pas un problème dont nous avons déjà clairement commencé à souffrir dans nos pays. Nous pensons qu'il s'agit là d'une des principales questions pour ce Parlement et c'est pourquoi nous vous demandons de soutenir notre proposition visant à créer un comité spécial sur la situation d'urgence climatique. Il est impératif que cela se produise.

De plus, les politiques néolibérales de l'Union européenne ont conduit à la montée du monstre qu'est le néo-fascisme. L'extrême droite est déjà là, mais certains d'entre vous ont déjà adopté des politiques xénophobes, racistes et sexistes. Nous ne permettrons pas à ce Parlement de normaliser les discours de haine ou de justifier la violation des droits de l'homme en se cachant derrière un faux discours sur la sécurité.

Il y a quelques jours, Carola Rackete a été arrêtée. C'est une héroïne qui sauve des vies en Méditerranée même si Matteo Salvini veut criminaliser son travail. C'est pourquoi nous proposons que, dorénavant, ce Parlement offre une protection et une couverture juridique à toute personne persécutée pour avoir sauvé des vies.

Je viens du sud de l'Espagne, du pays des grèves féministes, du pays qui s'arrête quand les femmes arrêtent. Je sais, nous le savons, que le féminisme est le meilleur antidote contre le fascisme. Nous savons que c'est ici que nous pouvons tout remettre en question et proposer une nouvelle société. Nous demandons à nos gouvernements et à la Commission européenne de cesser de traiter les femmes comme des idiotes : nous ne voulons pas de quotas, nous voulons des politiques féministes ! Nous voulons faire de la vie et du soin des priorités politiques, et c'est pourquoi nous allons exiger la présence du féminisme dans l'agenda des institutions, non pas comme une étiquette, mais comme un modèle sur lequel construire nos sociétés.

Nous voulons rendre visible toutes les histoires des femmes invisibles qui ont aidé à construire nos pays. Même s'ils sont déterminés à nous effacer de l'histoire, c'est NOUS qui détenons les fondements de nos sociétés.

Aujourd'hui, nous savons qui nous sommes. Ici et maintenant, nous défendons les droits de notre peuple, de ceux qui gagnent leur vie en travaillant dur.

C'est pourquoi nous nous souvenons et honorons une Europe de fraternité et d'antifascisme :

- la résistance française et les républicains espagnols à la tête de la libération de Paris ;

- Manolis Glezos démolissant le drapeau de la brutalité nazie de l'Acropole d'Athènes ;

- le 25 avril, quand ils se sont débarrassés d'un tyran au son de'Grándola, Vila Morena' ;

- les partisans italiens de "Bella Ciao" qui ont pendu Mussolini à l'envers.

Telle est l'Europe que nous revendiquons.

Mais plus encore, nous insistons aussi sur les luttes du présent et nous nous voyons en elles. Par exemple, la dignité des militants de " Sea-Watch " et de " Open Arms " qui ont sauvé des gens de la forteresse Europe. Nous pouvons voir en nous à travers le prisme des jeunes qui défendent leurs droits à avoir un avenir sur une planète vivante. L'Europe du féminisme qui est là pour tout changer.

Pour ces raisons, nous pensons que ce Parlement doit être un instrument pour construire une Europe de la paix et une Europe de la solidarité qui n'abandonne personne.

Merci - arriba las que luchan !

source :  https://www.guengl.eu/sira-regos-speech-for-the-presidency-of-the-european-parliament/