Depuis près de trois semaines, des milliers de travailleurs de France et de Belgique prennent part au mouvement des « Gilets jaunes » avec des actions de blocage et des manifestations. La contestation s’est d’abord dirigée contre l’augmentation des taxes, notamment liée aux carburants. Parmi les premières revendications, certaines ont pris un caractère réactionnaire que nous dénonçons, contre certaines prestations sociales et l’impôt (qui permet la redistribution). C’est la conséquence d’un mouvement spontané et désordonné.
Ne pas se tromper d’ennemi
Cependant la prise de conscience toujours plus large de la paupérisation de la majorité des travailleurs, que révèle ce mouvement, a amené de nombreux Gilets Jaunes à porter des revendications majoritairement en faveur du pouvoir d’achat et pour plus de justice sociale et fiscale. L’insuffisance des réactions syndicales et le piège de la « concertation » ont certainement conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui.
Il est en tout cas clair que la colère des travailleurs est tout à fait légitime face à une fiscalité injuste et régressive qu’ils subissent et observent au quotidien. Pendant ce temps, les vrais responsables de la crise que nous vivons bénéficient des largesses de l’État et l’écart entre les plus riches et le reste de la population ne cesse de grandir. Faut-il rappeler les 220 milliards d’euros d’évasion fiscale en 2017 qui ont causé une perte de 60 milliards d’impôts. Cette fiscalité injuste est le fruit d’une politique du gouvernement fédéral (tous partis confondus) depuis des décennies qui favorise le capital, en supprimant des tranches d’impôt progressif, en mettant en place les intérêts notionnels ou en pratiquant plusieurs Déclarations Libératoires Uniques (DLU), tandis que la TVA, la taxe la plus injuste qui puisse exister, a augmenté sur des produits de première nécessité comme l’électricité. De même, le gouvernement de droite MR/N-VA/CD&V et OpenVLD a trompé les travailleurs au moyen du Tax Shift. Grâce à ce mécanisme arnaqueur, il transférait soi-disant les cotisations sociales (qui font partie de notre salaire et ne sont nullement des charges) en salaire poche que nous n’avons jamais vu. Ce gouvernement a en plus exercé un saut d’index, pénalisant les plus pauvres d’entre nous.
Le système capitaliste cherchera toujours à tromper la classe ouvrière en lui promettant des choses qu’il ne donnera jamais et en lui faisant croire qu’elle fait partie des classes moyennes. L’ensemble des travailleurs doivent prendre et prennent conscience qu’ils sont exploités et les « classes moyennes » sont un mythe.
Il est désormais nécessaire que la colère des travailleurs se retourne contre leur vrai ennemi : le capitalisme et contre toutes les institutions impérialistes qui mènent une politique d’agression contre les droits des travailleurs et en particulier contre l’Union Européenne qui sert à coordonner les politiques de la bourgeoisie au niveau européen.
L’extrême-droite a tenté de récupérer cette colère exprimée par les Gilets Jaunes qui doivent nettoyer leurs rangs et la chasser de leur mouvement populaire. Le but de l’infiltration brune, restée minoritaire face à la masse des travailleurs dans le mouvement, visait à discréditer le mouvement et à empêcher un soutien d’une large partie de la population. L’extrême-droite n’est jamais que l’autre face du capitalisme qui sert de repoussoir quand les masses se rebellent.
Le pouvoir prend désormais peur et pousse à la radicalisation du mouvement au moyen de provocations et infiltrations policières pour discréditer le mouvement. Fatale erreur, il oublie que c’est dans les moments de violence que la société a évolué dans le passé et que dans un tas de pays la bourgeoisie a même perdu le pouvoir. La violence observée ces derniers jours n’est évidemment en rien comparable à celle que la classe ouvrière subit : les travailleurs sont excédés par de plus en plus d’exploitation, ce système impitoyable cause des milliers de suicides, de morts par manque de soins ou de chauffage, engendre d’innombrables SDF et répand la misère et la guerre partout dans le monde, sans parler de l’épuisement de la nature par la recherche sans fin du profit maximum. Le PCB se refuse à condamner la « violence » des travailleurs révoltés.
Converger d’urgence
Face à la situation, le Parti Communiste de Belgique appelle à la convergence urgente des luttes, gilets jaunes, gilets rouges, gilets verts et bleus, tous ensemble avec un plan d’actions radicales pour faire reculer les politiques antipopulaires des gouvernements nationaux et de l’Union européenne. Le PCB appelle ainsi les travailleurs à participer activement aux mouvements en cours, aux piquets des Gilets Jaunes, et massivement aux actions syndicales du 14 décembre en poussant à la grève générale interprofessionnelle illimitée et en portant à chaque fois la revendication claire de la nécessité du socialisme, afin que le blocage des rues s'accompagne du blocage du profit capitaliste.
Le PCB appuiera toutes les revendications d'augmentation des salaires et allocations, de revalorisation des pensions, de la reconstruction des Services Publics et d'une remise à niveau de la protection sociale, de création d’un impôt sur la fortune, du rétablissement des tranches d’imposition supprimées par Reynders, et de nationalisation des secteurs clés de l’économie (dont le pétrolier). C’est tous ensemble, employés, précaires, chômeurs, ouvriers, femmes, jeunes et immigrés que nous changerons les choses dans une lutte pour le socialisme qui seul pourra libérer les travailleurs de la servitude.
Le Bureau Politique du PCB
Bruxelles le 3 décembre 2018
source: http://www.particommuniste.be/