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LA récente visite de James Mattis, Secrétaire à la Défense des États-Unis, au Brésil, en Argentine, au Chili et en Colombie a fait couler beaucoup d’encre dans la région et, au fil des jours, les analyses ont été variées sur les résultats de cette tournée. Les événements qui ont suivi, apparemment isolés, apparaissent comme un avertissement pour la région

Auteur: Bertha Mojena Milián | internet@granma.cu

14 septembre 2018 09:09:58

LA récente visite de James Mattis, Secrétaire à la Défense des États-Unis, au Brésil, en Argentine, au Chili et en Colombie a fait couler beaucoup d’encre dans la région et, au fil des jours, les analyses ont été variées sur les résultats de cette tournée. Les événements qui ont suivi, apparemment isolés, apparaissent comme un avertissement pour la région.

Juste avant la tournée, Sergio de la Peña, le Sous-secrétaire adjoint à la Défense pour les Affaires de l'hémisphère occidental, avait indiqué que ce voyage s'inscrivait dans le « renforcement des alliances », encouragé par le gouvernement nord-américain dans le cadre de sa stratégie de Défense nationale, d’où son intérêt à promouvoir « la coopération, la prospérité et la sécurité dans cette région ».

« Nous sommes très intéressés au renforcement des alliances et nous souhaitons que cela continue ainsi, parce que les États-Unis se trouvent dans cet hémisphère et que nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette région demeure un lieu de coopération, prospère et sûr », a déclaré De la Peña, qui a expliqué ensuite les préoccupations de son gouvernement concernant l'influence de la Chine dans la région, notamment sa façon de faire des affaires, car « elle ne répond pas nécessairement de la meilleure manière possible aux intérêts de nos partenaires dans l’hémisphère ».

On affirme que la tournée de Mattis en Amérique du Sud est également liée aux préoccupations de Washington quant à l'influence marquée par les relations avec Moscou et Pékin. Ce fut donc l'une des questions traitées dans chacun des pays qu'il a visités. Peu avant son arrivée, le Secrétaire à la Défense avait lui-même déclaré que les États-Unis soutenaient « les décisions souveraines des États souverains » et l'amiral Kurt Tidd, chef du commandement Sud, avait mis en garde contre « les invasions d'autres pays » dans la région, où il y avait déjà trop de concurrence, qu’il y avait lutte d'influence, si bien que désormais, le plus important était de lutter.

De son côté, Piotr Yakovlev, directeur du Centre d'études ibériques de l'Institut latino-américain de l'Académie des sciences de Russie, a signalé qu'il semblerait que les États-Unis soient très préoccupés par les questions économiques et qu'ils continuent d’avoir une certaine importance, mais que la réalité a démontré ces derniers temps qu’« il ne s’agit pas seulement d’une question économique. Les divergences se sont accrues sur les problèmes de migration avec le Mexique ; le niveau d'interaction avec Cuba a diminué de manière significative ; on constate une ingérence dans la vie politique du Nicaragua. La Maison-Blanche a augmenté la pression sur le principal adversaire des États-Unis dans la région, le Venezuela. Trump cherche à couper « l'oxygène financier » de Caracas par des sanctions et à renverser les autorités de ce pays, éventuellement par la force.

Si nous ajoutons à cela le fait que le voyage de Mattis a été précédé par une visite d'un haut amiral de la Marine, le chef des opérations navales, John Richardson, également en Colombie, au Chili, en Argentine et au Brésil, l’intérêt des États-Unis pour une attaque contre le gouvernement de Caracas est évident pour ainsi consolider son hégémonie, sous la bannière des postulats de la doctrine Monroe, déjà repris par le vice-président Mike Pence, lors de sa dernière visite de la région en juin.

LE DOMAINE MILITAIRE ET LE SIÈGE CONTRE LE VENEZUELA

En cette « Année des Amériques » pour les États-Unis, Mattis a sans aucun doute renforcé les questions liées à la défense. Au Brésil, par exemple, il a tenu d'importantes réunions avec le haut commandement militaire et donné une conférence à l’École supérieure de guerre de ce pays. Peu après, le 20 août, le ministère de la Sécurité publique brésilien a indiqué que quelque 60 agents de la Force nationale avaient été dépêchés à la frontière avec le Venezuela, pour se rendre spécialement dans la municipalité brésilienne de Pacaraima, dans l'État de Roraima.

Ainsi, un total de 120 soldats et 26 volontaires seraient déployés à Pacaraima, en réponse à un incendie présumé occasionné un groupe de résidents dans un camp de citoyens vénézuéliens installé sur place, en raison de la « crise migratoire » causée par ceux qui « fuient » ce pays. Carlos Marun, ministre du Secrétariat du gouvernement brésilien, a même indiqué qu’il n’est pas exclu de fermer la frontière entre le Venezuela et cette ville brésilienne.

En Argentine, le Secrétaire étasunien à la Défense a déclaré qu’il faudrait renforcer les actions face aux « catastrophes », ce à quoi les Argentins ont répondu en soulignant la valeur du rôle des États-Unis dans le cas du sous-marin San Juan, comme un précédent qui ne doit pas être oublié.

Ce n'est un secret pour personne que le gouvernement de Mauricio Macri semble voir d’un bon œil l'installation de bases militaires des États-Unis en territoire argentin et le renforcement de ses relations avec l'appareil militaire étasunien. Pour le ministère argentin de la Défense, il s’agit de reprendre une voie dont l’Argentine n’aurait jamais dû se détourner, critiquant clairement les gouvernements de Néstor Kirchner et de Cristina Fernandez.

Lors de son dernier séjour dans la région, James Mattis a rencontré le président colombien Ivan Duque à Bogota, et bien qu'ils aient discuté de questions telles que le trafic de drogue, les cultures illicites et la coopération bilatérale entre les deux pays, la situation au Venezuela a centré son programme quelques jours seulement après que le président Nicolas Maduro ait dénoncé la responsabilité de Bogota et Washington dans la tentative d'assassinat du 4 août.

Au cours de la rencontre, Mattis a déclaré que le Venezuela se trouve dans une « situation tragique », dont la responsabilité revient à un « gouvernement avide de pouvoir » qui a généré une « crise humanitaire » avec une mobilisation massive de migrants, ce qui représente aussi une menace pour la sécurité de la Colombie.

Peu de temps après, le ministre colombien des Affaires étrangères, Carlos Holmess Trujillo, – faisant preuve ouvertement d’ingérence et d’une totale méconnaissance de la réalité vénézuélienne –, a déclaré que son pays apporterait son soutien à une grande coalition démocratique internationale afin de créer les conditions permettant au peuple vénézuélien de choisir enfin le gouvernement qu'il souhaite avoir dans la transparence, la démocratie et la liberté.

En conséquence, il est annoncé que le navire étasunien UNSS Comfort, capable de transporter des hélicoptères de guerre, serait envoyé à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, sous prétexte d'apporter une aide humanitaire aux Vénézuéliens qui vivent dans ce pays.

Créer de l’incertitude, du mécontentement, accroître leur influence dans la région, se concentrer sur le Venezuela, déplacer des pions pour des interventions plus décisives contre la Révolution bolivarienne, semblent être les objectifs prioritaires du gouvernement des États-Unis, qui ont été activés par la visite de son Secrétaire d'État dans la région sud-américaine. Tout cela sous de vieux prétextes bien connus : crises migratoires et humanitaires, violation des droits de l'Homme, absence de démocratie et de libertés politiques et individuelles, existence de dictatures « responsables » de « bains de sang ». Un cadre qui justifierait une intervention militaire dans laquelle ils apparaîtraient de nouveau – comme tant d'autres fois – comme les « sauveurs » et les promoteurs de la stabilité.

Dans le même temps, les États-Unis appuient les tentatives de coups d'État, les processus judiciaires et une guerre médiatique féroce contre les leaders et les processus progressistes dans la région, afin de démanteler la gauche latino-américaine et caribéenne et récupérer leur puissance économique et militaire dans la région. •

JALONS DE LA PLUS RÉCENTE ESCALADE IMPÉRIALE :

6 juillet :

Le président de l'Équateur, Lenin Moreno, annonce que le gouvernement national demandera la restitution du bâtiment servant de siège à l'UNASUR.

4 août :

Tentative d'assassinat de Nicolas Maduro, avec la complicité de la Colombie et des États-Unis.

10 août :

Ivan Duque annonce le retrait de la Colombie de l'Unasur, qu'il considère « complice de la dictature vénézuélienne » et affirme que d'autres pays souhaitent faire de même.

13 août :

Trump signe le budget militaire le plus élevé de l'histoire de son pays.

22 août :

Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères nie « catégoriquement » la dénonciation par la Colombie d'une prétendue violation de sa souveraineté par l'armée vénézuélienne le dimanche 19 août, la qualifiant de « nouveau faux positif" contre son pays.

23 août :

Evo Morales dénonce la militarisation de la frontière entre l'Argentine et la Bolivie et assure qu'ils ne parviendront pas à intimider son pays.

23 août :

L'Équateur annonce qu'il se retire de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique-Traité de Commerce peuples (ALBA-TCP) pour souligner son indépendance.

source: http://fr.granma.cu/mundo/2018-09-14/la-tournee-de-mattis-le-siege-du-venezuela-et-le-demantelement-de-la-gauche

Tag(s) : #amérique latine, #USA

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