
Le voyage d’Emmanuel Macron en Russie à l’occasion du
forum économique mondial qui s’est déroulé à SaintPétersbourg
les 24 et 25 mai fut un condensé du macronisme
diplomatique : une diplomatie réduite à la défense
des intérêts des chefs d’entreprise, comme ceux de Total et
de Sanofi, et, pour le reste, beaucoup d’agitation verbale en
décalage avec la réalité des politiques menées.
A quoi sert la mise en scène de signatures de contrats d’affaires
très importants sans poser la question politique des
sanctions ?
A quoi sert l’évocation lyrique de l’escadrille Normandie-Niemen,
de « l’indépendance » de la politique étrangère de la
France et du « multilatéralisme » des relations internationales
quand Macron a surtout
montré un alignement atlantiste
dans les actes, jusqu’à engager
unilatéralement la France dans
une opération militaire en Syrie ?
Il est temps de sortir des postures
et des beaux discours lyriques et pédants de Macron
pour faire une offre politique réelle à la Russie. Pour cela, il
faut tenir compte de la position de Moscou qui n’entend pas
occuper une position hégémonique, qu’elle serait bien en
peine de tenir, mais qui cherche à être traitée d’égal à égal et
à être respectée.
Le PCF considère que la Russie est un partenaire stratégique
pour la France et qu’aucune des grandes questions internationales
diplomatiques et militaires ne pourront se régler sans
la participation étroite de Moscou. Cela n’implique pas un
quelconque soutien à Vladimir Poutine dont la politique
grand-russe et cléricale, qui se réclame des autocrates Nicolas
1er et Alexandre III qui réprimèrent les aspirations libérales
et progressistes, et qui entretient des liens étroits avec
certaines forces d’extrême droite en Europe, est aux antipodes
de la nôtre.
Le PCF pense nécessaire de faire à la Russie une proposition
diplomatique précise et concrète. Cela passe par :
- La levée immédiate des sanctions, dont le forum de SaintPétersbourg
a montré l’hypocrisie et qui ne servent que ceux
qui se félicitent des tensions entre la Russie et l’Europe.
- L’appel à une grande Conférence sur la sécurité et la coopération
en Europe, une sorte de seconde « Conférence d’Helsinki
». Il est temps en effet d’ouvrir le chantier d’un traité
de sécurité et de coopération associant tous les pays du
continent, à commencer par les Etats de l’UE et la Russie.
Sans attendre les diplomaties des Etats, le mouvement pourrait
être lancé au niveau de nos sociétés civiles, mouvements
pacifistes, syndicats, intellectuels et progressistes.
Ces propositions visent à remettre en cause les liens avec
l’alliance atlantique envers laquelle le projet « d’Europe de la
défense » porté par Emmanuel
Macron et Angela Merkel
renforce la dépendance. De ce
point de vue, il faut condamner
la participation de la
France à l’exercice annuel
« Saber Strike » organisé par l’OTAN en Europe de l’Est à partir
du 3 juin qui compromet encore un peu plus la position que
notre pays pourrait prendre pour faire baisser les tensions
sur le continent européen.
La question des relations avec la Russie et, au-delà, celle de
la manière dont les états européens s’inscrivent dans la recomposition
internationale des rapports de force ainsi que
les relations avec l’OTAN sont des thèmes importants pour les
élections européennes. Le PCF y portera ces propositions aux
côtés de nos partenaires de la GUE et du PGE pour rompre
avec les logiques militaristes de l’UE et des gouvernements
des États européens et leur servilité congénitale envers
l’OTAN, pour une Europe des peuples libres, souverains, associés
et solidaires.
Vincent Boulet
membre du Comité exécutif du PGE
et de la Commission des relations internationales du PCF
source: 727- Supplément à l’Humanité du 6 juin 2018