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le 16 March 2018

Un pacte d’entreprise sur le modèle de celui réalisé par La Poste, beaucoup de bla-bla sur le volet commercial et un dialogue social qui squizze les syndicats : les propositions du patron.

Comme prévu, le patron de la SNCF Guillaume Pepy a rendu hier sa copie à la Ministre des Transports, visant à donner les grandes lignes du nouveau « projet stratégique » exigé avant l’été par le Premier Ministre Édouard Philippe dont le but doit être « d’aligner ses coûts sur les standards européens » car faire rouler un train en France coûterait « 30% plus cher qu’ailleurs ».

La « trouvaille » de Guillaume Pepy est un « pacte d’entreprise » qu’il compte proposer aux salariés, pacte qualifié de « ciment du projet stratégique ». Sa référence n’est autre que « ce qui a existé à la Poste », ce fameux pacte de 2014 qui promettait alors de « conquérir l’avenir » et assurait aux salariés de devenir « acteurs et bénéficiaires de la transformation rapide de l’entreprise ». Résultat, quatre ans plus tard, les bureaux n’ont cessé de fermer, les effectifs ont fondu comme neige au soleil obligeant à recourir à la sous-traitance qui, dans le secteur de la livraison de colis à domicile, est une véritable jungle.

Mais bien sûr, Guillaume Pepy enjolive la proposition : « un cadre qui est attractif, un cadre qui est moderne ». Du verbiage pour masquer la concurrence qui va s’abattre sur le marché de l’emploi ferroviaire une fois celui-ci ouvert à la concurrence : « il faut que la SNCF puisse attirer les meilleurs talents et les retenir ».

Du verbiage également quand Guillaume Pepy décline son « programme de travail » qui prône une attention soutenue sur la « qualité du réseau », un « enrichissement des offres à la clientèle », une « simplification de l’organisation », une « décentralisation du management », une « plus grande numérisation », une « optimisation des matériels » et un accent sur « les ressources humaines ». Derrière ces paroles, aucune référence au service public, pas un mot sur l’aménagement du territoire, silence radio sur le levier environnemental que devrait être la SNCF. Et l’entreprise pourtant publique, ressemble davantage à un simple groupe commercial.

Commercial et international, comme l’explique d’ailleurs très bien le projet de la CGT pour la SNCF remis cette semaine au gouvernement. Il y détaille les financements pour les filiales routières, les investissements dans les sociétés étrangères qui certes agrandissent le groupe mais ne font aucune marge, y décrypte la mise en concurrence entre les filiales jouée en lieu et place de la complémentarité. Un projet qui, dans son chapitre proposition, parle lui de report modal, de développement des infrastructures, d’aménagement du territoire, de développement industriel et de pistes pour trouver de nouveaux financements et faire de la structure une entreprise économiquement viable. Deux projets qui ne jouent pas dans la même cour.

Bien sûr, le « dialogue social » étant très prisé par l’actuel gouvernement, Guillaume Pepy as- sure que « les ponts ne sont pas rom pus » avec les syndicats, assurant qu’« un groupe de contact avec les organisations syndicales pour piloter les discussions et construire l’agenda social des prochaines semaines » va être mis en place par la direction et allant même jusqu’à annoncer qu’un « comité de sages » dont la composition sera rendue publique prochainement serait « garant de la qualité de ce dialogue social ». Mais, comme le gouvernement, il veut aussi contourner ces syndicats, indiquant que « groupes de réflexions sur le terrain parce que les salariés sur ces sujets-là ont des choses à dire ».

Angélique Schaller (La Marseillaise, le 16 mars 2018)

Le rail dans le collimateur des libéraux

Le gouvernement n’a pas l’intention d’ouvrir de véritables négociations sur l’avenir de la SNCF. Il suffit d’écouter attentivement pour cela non pas uniquement la ministre des Transports qui a le mot « concertation » et « dialogue » en permanence à la bouche mais Christophe Castaner, Ministre aux Relations avec le Parlement et dirigeant de la République en Marche : « Du moment qu’on touche à la SNCF, alors qu’on sait tous depuis des dizaines d’années qu’il faut traiter ce problème sinon on l’amène dans le mur, on a toujours reculé par peur des manifestations ». Ajoutant une référence historique : « tout le monde a en tête ce qui était arrivé à Alain Juppé quand il a tenté de le faire à l’époque ».

Tout est dit dans cette déclaration sur la nature régressive de la dite « réforme ». Car si l’objectif était d’améliorer réellement le service public et de mettre enfin le paquet sur les trains du quotidien, les cheminots seraient les premiers à applaudir. Et si la grève est décidée, elle sera de la responsabilité de ces dirigeants politiques qui ont opté pour le passage en force en brandissant les ordonnances.

Le choix du rapport de forces

Le gouvernement a fait le choix du rapport de forces et mise, une fois encore, sur l’opposition entre salariés et usagers et l’essoufflement du mouvement social.

Mais l’enjeu ne concerne pas seulement les cheminots. En attaquant le statut des travailleurs du rail, Emmanuel Macron poursuit son entreprise de dérégulation du marché du travail et de remise en cause du service public. La concurrence a toutes les vertus à entendre la Ministre des Transports, et cette attaque en règle contre la SNCF relève de l’idéologie libérale. « Faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu’ailleurs », assène d’ailleurs le Premier Ministre qui demande à la direction de la SNCF de baisser les coûts.

De quoi alimenter un peu plus la crainte d’une mise en pièces de l’entreprise publique.

Françoise Verna (La Marseillaise, le 16 mars 2018)

Riposte intersyndicale commune

L’intersyndicale CGT-Unsa- Sud-CFDT de la SNCF a annoncé hier soir une grève sur le rythme de « deux jours sur cinq », à partir du 3 avril et jusqu’au 28 juin. « L’intersyndicale constate que le gouvernement n’a aucune volonté de négocier » et « prend la responsabilité (d’un) conflit intensif sur une très longue durée », a déclaré Laurent Brun de la CGT Cheminots. Les syndicats de cheminots étaient en effet réunis ce mercredi afin d’envisager une riposte commune -outre la journée d’action du jeudi 22 mars- à la réforme de la SNCF que le gouvernement compte mener au pas de charge et à coups d’ordonnances.

Une rencontre intervenant après deux jours ponctués par les annonces de la Ministre des Transports Elisabeth Borne, mardi, quant à son projet de loi et, hier, par celles du patron de la SNCF Guillaume Pepy concernant son « projet stratégique » pour l’entreprise (lire aussi ci-dessus). A la suite de ces déclarations successives, les syndicats n’ont pas caché leur mécontentement et ils ont abordé cette intersyndicale relativement remontés.

Pour la CGT le plan de Guillaume Pepy « vient alimenter le projet gouvernemental et vice versa » : « Gouvernement et direction marchent main dans la main ».

« On va vers un bras de fer, c’est clair », avait pour sa part prévenu Roger Dillenseger, Secrétaire général de l’Unsa. « La balle était dans le camp du gouvernement. Ce projet de loi montre son approche contradictoire entre une volonté d’échanges affichée et la réalité du texte. »

Selon SUD Rail, le projet de loi « montre bien qu’on n’est pas dans une concertation. Le gouvernement veut passer en force, sans écouter les organisations syndicales ». Même tonalité du côté de la CFDT où Didier Aubert estime : « On va droit dans le mur. Les réunions de la concertation sont stériles. »

La Marseillaise, le 16 mars 2018

source: 

http://66.pcf.fr/105143

Tag(s) : #pcf

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