
EN général, quand on parle de la Turquie, on pense à la puissance économique qui se cache derrière le Bosphore et attend le moment de faire son entrée dans l’Union européenne pour ainsi faire un bond dans la « modernité occidentale ». Mais la réalité turque est aujourd’hui plus complexe qu’auparavant.
Bénéficiant d’une géographie singulière, la Turquie est un pays bicontinental faisant l’interface entre le Moyen Orient qui connaît une situation convulsée due aux conflits internes et aux menaces extérieures, et une Europe en crise.
Au plan interne, la réalité de la nation turque n’est pas moins complexe. En juillet de l’année dernière le pays a vécu un coup d’État et plusieurs attentats terroristes qui ont fait des centaines de morts et de blessés.
Récemment, la Grande Assemblée nationale de Turquie a approuvé le déploiement de troupes dans une base militaire turque au Qatar, et mène des opérations militaires en Syrie et en Irak, et entretient des relations particulièrement tendues avec l’Iran, l’Arabie saoudite et la Russie.
Face à toutes ces situations, le Parti communiste turc, bien que jusqu’à présent il n’ait pas beaucoup d’influence dans le spectre politique du pays, se bat pour l’inclusion et les droits civiques et politiques des couches les moins favorisées.
« Bien qu’elle ne constitue pas une force nécessairement nombreuse, la gauche turque se distingue par un point essentiel : nous sommes des combattants rodés et notre idéologie et notre position politique sont claires et indiscutables », a déclaré à Granma Kemal Ocuyan, secrétaire général du Parti communiste de Turquie, qui a réalisé une visite officielle dans l’Île.
Le PCT a été fondé en 1920, mais il dut pratiquement continuer ses activités dans la clandestinité jusqu’en 2001, année où il fut légalisé. « À la suite de la chute du camp socialiste, le parti est entré dans une phase d’autoliquidation, si bien qu’on peut affirmer que c’est aujourd’hui une force rénovée », a souligné Ocuyan.
« Notre parti est peu connu en raison des circonstances de la réalité turque », a-t-il expliqué.
Ocuyan a précisé que la Turquie est un pays à majorité musulmane, où il faut 10% des voix pour qu’une formation politique soit présente au Parlement, et que personne ne veut prendre le risque de voter pour un petit parti.
« Notre parti s’oppose à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE), ainsi qu’au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, mais nous croyons dans l’unité du pays et dans la nécessité d’être aujourd’hui plus unis que jamais pour faire face aux particularités de la région dans laquelle nous vivons », a-t-il ajouté.
Il a expliqué à notre journal que la position du PCT consiste essentiellement à organiser la classe laborieuse comme la seule force capable de résoudre les conflits internes en Turquie, qui pour la plupart sont le résultat d’une situation externe tendue.
Concernant son voyage à Cuba, le secrétaire général du PCT a commenté que cette visite avait pour principal but de s’enquérir des changements en cours dans le modèle économique cubain.
« Les relations entre le PCT et Parti communiste cubain (PCC) n’ont jamais été protocolaire. Nous avons toujours entretenu des échanges sincères et francs », a-t-il indiqué.
« Pour tous les communistes du monde, Cuba est un phare qui éclaire la voie vers l’avenir. La lutte des communistes est une lutte de classes, mais c’est aussi une lutte pour les valeurs humaines », a-t-il conclu.