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Lors d’une rencontre organisée à l’Université de Princeton, aux États-Unis, Dilma Rousseff a dénoncé le caractère néolibéral, élitiste, technocratique et antidémocratique du coup d’État qui a interrompu son mandat constitutionnel.

BRASILIA.— Un an après ce que divers secteurs de la société ont surnommé « le jour de l’infamie », le Brésil subit toujours les conséquences néfastes du coup d’État parlementaire et judiciaire perpétré contre la présidente constitutionnelle Dilma Rousseff.

Le 17 avril 2016, invoquant les raisons les plus invraisemblables, 367 députés fédéraux ont voté en faveur de l’ouverture d’un procès politique en destitution de la présidente, bafouant ainsi le vote de plus 54 millions d’électeurs et électrices brésiliens alors qu’il n’y a aucune preuve d’un crime de responsabilité, la seule raison constitutionnelle justifiant la procédure de destitution d’un président.

Selon la revue Anfibia, l’un des derniers législateurs à avoir voté contre la procédure d'impeachment a qualifié cette manœuvre de vote indirect dirigé par « un voleur » (Eduardo Cunha) et un traître (Michel Temer), visant à annuler le verdict des urnes du 5 octobre 2014.

« Il s’est agi d’un procès politique sans bases légales convaincantes qui viole le précepte constitutionnel », a signalé quant à lui le théologien de la libération Leonardo Boff, qui a également souligné la responsabilité du Tribunal suprême fédéral (STF), dans un acte qu’il a qualifié de « honte nationale et internationale ».

Ce qui est certain, c’est que la procédure engagée par la Chambre des députés et dont le principal instigateur, l’ancien président de cet organe, Eduardo Cuhna, a été condamné à 15 ans de prison pour corruption et évasion fiscale, a provoqué l’éviction, avant la fin de son deuxième mandat, de Dilma, laissant les rênes du pays à son vice-président Michel Temer, considéré comme une « figure décorative ».

« Sans démocratie, nous n’aurons que le chaos et l'incertitude permanente », avait averti l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, et les événements lui ont donné raison.

Après un gouvernement mené par la première femme présidente du Brésil, l'équipe de Temer a nommé un gouvernement qui donne une étrange impression de retour en arrière. Pour la première fois depuis le rétablissement de la démocratie dans les années 1980 : pas de femme, pas de Noir, pas de profil proche des classes pauvres. À noter que plusieurs membres de son cabinet font l’objet d’une enquête dans le cadre de l’opération anticorruption Lava Jato (certains, comme le président du Parti du mouvement démocratique brésilien, Romero Juca, n’ont même complété un mois de gestion).

Ainsi, Michel Temer s’est engagé à redresser l’économie avec un programme néolibéral qui a été rejeté à quatre reprises par les urnes.

Le peuple brésilien a inondé les principales villes du pays à la suite du coup d’État institutionnel perpétré contre la présidente Dilma Rousseff.

C’est ainsi qu’à été approuvé ce que les analystes considèrent comme le plus rude coup porté aux droits sociaux consacrés par la Constitution de 1988 : le Projet d’amendement constitutionnel (PEC 55) qui vise une limitation drastique des dépenses publiques pendant 20 ans, et met en jeu l’un des principaux instruments de justice sociale du pays, les dépenses dans l’éducation et la santé.

« Le gel des dépenses publiques dans le domaine social se répercutera de manière irréparable sur les réseaux de protection créés ces dernières années par l’État brésilien et aggravera les inégalités », a averti l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA).

Selon cette entité, l’entrée en vigueur de ce nouveau régime fiscal se traduira par un non-investissement d’environ 868 milliards de reales (plus de 270 milliards de dollars) dans des programmes sociaux, tandis que dans le secteur de la santé le trou sera de 743 milliards de reales (environ 232 millions de dollars).

Deux autres propositions similaires introduites par Temer ont également suscité une vague de réprobation populaire : les réformes des retraites et du travail, qui sont des thèmes très sensibles, avec la hausse de l'âge de la retraite et l'assouplissement des heures de travail prévus, deux mesures actuellement débattues à la Chambres des députés.

Ceci sans oublier la promulgation en toute hâte de la loi qui élargit la sous-traitance à toutes les activités et qui, de l’avis des centrales syndicales, loin de favoriser et de protéger les travailleurs, accentue la précarisation de l’emploi à des moments où le pays exhibe des taux de chômage records.

En dépit des promesses de Temer concernant la création de nouveaux postes de travail, le Brésil atteint aujourd’hui le chiffre historique de 13,5 millions de demandeurs d’emplois.

Au cours du trimestre décembre 2016-février 2017, le nombre de chômeurs a augmenté de 11,7% (plus de 1,4 million de personnes) par rapport à la période septembre-novembre de l’année dernière, a révélé l’Institut brésilien de géographie et de statistique.

L’économie n’a pas non plus donné des signes clairs de redressement, et à la fin du mois de mars dernier le marché financier a une nouvelle fois revu à la baisse les projections de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour 2017, les fixant à à peine 0,47%.

Et selon un sondage récent de CUT/Vox Populi, à peine 5% des Brésiliens qualifient de positive la gestion de Temer, tandis que 68% de la population exprime une opinion négative sur le travail de l’exécutif et 28% le considère comme médiocre.

Lors d’une rencontre organisée le 13 avril à l’Université de Princeton, aux États-Unis, Dilma Rousseff a dénoncé le caractère néolibéral, élitiste, technocratique et antidémocratique du coup d’État qui a interrompu son mandat constitutionnel, et soulignant que cette manœuvre n’a fait qu’aggraver les inégalités au Brésil.

« Il existe une paralysie absolue face à tout ce qui se passe, les auteurs du coup d’État ne sachant plus que faire », a-t-il affirmé.

Tag(s) : #brésil

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