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« Nous sommes tellement ordinaires que nous sommes spéciaux » : discours de Peter Mertens (PTB) à ManiFiesta 2016

16 Septembre 2016

auteur:

Peter Mertens

Ce dimanche 18 septembre, à ManiFiesta, Peter Mertens, président du PTB, a prononcé son discours annuel. Il y a évoqué les défis de la rentrée sociale, l'espoir que représente la croissance du PTB, et a insisté : « Nous resterons toujours qui nous sommes : le parti des gens d’abord, pas les dividendes. » Découvrez ici le texte complet de son discours.
Chers (chères) ami(e)s, chers (chères) camarades,


La semaine dernière, la N-VA organisait une grande journée pour ses membres. Sold-out : 13 000 personnes.


Enfin, quand on dit sold-out... : les membres pouvaient entrer quasi gratuitement. Et tout le travail a été sous-traité. À des jobs d’étudiants sous-payés et à la firme privée Studio 100.


Bart De Wever y était aussi. Entre le grand show de Maya l’Abeille et le concert gratuit de K3, il avait un message pour notre pays. Un message de peur et un message de division. Oui, la semaine dernière, au beau milieu de Plopsaland, le parti le plus commercial du pays a failli proclamer l’état d’urgence.


Nous, ce weekend, nous sommes à ManiFiesta, avec 19 000 personnes.


Ce weekend, nous sommes 19 000 à ManiFiesta. 19 000 personnes qui apportent un message d’unité et d’espoir
19 000 personnes qui ont payé elles-mêmes leur ticket.


19 000 personnes venues de tous les coins du pays, parlant des langues différentes, croyants et non-croyants, tous des gens qui viennent de la région de la Senne, de la Sambre, de la Dyle, de la Meuse, du Démer, de la Vesdre, de la Lesse ou de l’Escaut.


19 000 personnes qui apportent un message d’unité et d’espoir, et non de peur et de division.


19 000 personnes, au plus beau festival du pays, où tout le travail est fait par près de 1400 bénévoles.


À toutes ces personnes qui ont construit, installé, se sont occupées des bars, des enfants et de tant d’autres choses : un immense et sincère merci ! Merci ManiFiesta !


Sommes-nous trop sensibles, ou bien ce monde est-il insensible ?


Cet été, c’était impossible d’ouvrir un journal sans tomber sur le burkini. Qui a déjà vu, ici, à Bredene, un burkini ? C’est bien plus difficile à trouver qu’un Pokémon, mais, pour certains dans notre gouvernement, c’est de toute évidence une top-priorité.


Et, tandis que le gouvernement consacre de grands débats aux maillots de bain, il ne dit pas un mot sur Jordy.


Jordy avait 19 ans. Il y a deux semaines, il est mort, seul, dans une petite tente, à Gand. Mort de faim et de soif, abandonné par les instances officielles, un « dossier difficile ». Quelqu’un a dit qu’il était « trop sensible pour ce monde si dur ». Jordy était-il trop sensible, ou est-ce ce monde qui est insensible ?


Oui, sommes-nous trop sensibles, ou bien ce monde est-il insensible ?


Monsieur De Wever, si, dans ce pays, on doit proclamer l’état d’urgence, alors c’est un état d’urgence sociale
Sommes-nous trop sensibles quand nous parlons de la situation dans les maisons de repos ? Trois euros par jour : c’est ce que certaines maisons de repos consacrent aux repas de nos parents et grands-parents âgés. Trois euros ! Pas pour un seul repas, non, mais pour trois repas par jour. Trois euros ! C’est le prix de deux boîtes de nourriture pour chats au Colruyt.


Sommes-nous trop sensibles quand nous parlons des listes d’attente pour les enfants autistes ? De Françoise, par exemple, la maman de Peter, qui ne trouve pas de place pour son enfant autiste et a maintenant elle-même déposé plainte contre l’État. En Communauté française, il n’y a que 1 100 places prévues, pour 11 000 enfants autistes.


Chers (chères) ami(e)s, la manière dont on s’occupe des Peter, la manière dont on s’occupe des Jordy, la manière dont on traite nos parents et grands-parents quand ils sont contraints de partir en maison de repos, tout cela en dit beaucoup sur les choix de société que font ces gouvernements de droite.


Ici, nous faisons une promesse. Ici, à ManiFiesta, nous faisons la promesse que nous ne nous tairons jamais. Que nous ne laisserons jamais passer cela. Que nous ne fermerons pas les yeux sur cette injustice sociale. Que nous continuerons à lutter pour une société où les gens passent avant les pourcents et les dividendes.


Et oui, si, dans ce pays, Monsieur De Wever, on doit proclamer l’état d’urgence, alors c’est un état d’urgence sociale.


C’est un état d’urgence pour les jeunes qui n’ont nulle part où aller, pour les gens qui n’en peuvent plus d’être sur des listes d’attente, pour les enfants qui vont à l’école avec une boîte à tartines vide, pour les familles qui cherchent un logement abordable, pour tous ceux qui sont renvoyés d’un endroit à l’autre.


Solidarité avec ceux et celles de Caterpillar et des sous-traitants


Nous ne nous taisons pas.


Nous ne nous taisons pas sur Caterpillar qui tire un trait sur l’avenir de 6 000 familles.


Pas parce que Caterpillar ne fait pas de profit à Gosselies.


Pas parce que les installations sont vieilles.


En réalité, Caterpillar fait chaque année des milliards d’euros de profit. Le site de Gosselies est un des joyaux du groupe, et les installations de l’usine sont hyper modernes. Si vous y entrez, vous vous croyez même dans Star Wars.


Si nous ne mettons pas la pression, ces multinationales ne viendront même pas à la table pour discuter sérieusement.
Giovanni, Sylvie, Youssef et tous les autres fabriquent des excavatrices et des bulldozers ultramodernes, des machines pour construire et améliorer notre société.


Jour après jour, ils produisent la richesse. Aujourd’hui, ils sont jetés à la rue par des gens qui ne produisent rien.


Par de grands actionnaires qui ne possèdent jamais assez et qui exigent toujours plus de dividendes. Chaque année plus de profit, chaque année plus de dividendes, chaque année plus révoltant.


Ça, chers (chères) ami(e)s, c’est le capitalisme. Pendant des années et des années, Caterpillar a profité – et je souligne bien : profité – de notre infrastructure, de notre système social, de nos débouchés, de notre main-d’œuvre qui a été formée dans nos écoles.


Et puis, d’un coup, le PDG décide tout simplement de débrancher la prise. Pas de voix au chapitre, pas de démocratie, même pas une discussion. Portes fermées.


Si nous ne mettons pas la pression, si nous ne les menaçons pas de grosses sanctions, si nous ne saisissons pas la richesse, – et donc l’outil et le site de Gosselies –, ces multinationales ne viendront même pas à la table pour discuter sérieusement.


On ne lâche rien camarades : solidarité avec ceux et celles de Caterpillar et des sous-traitants.


Nous refusons de nous taire


Dans le monde de l’assurance et des banques, c’est la même chose qui se passe.


Axa supprime 650 emplois, P&V, 300, et bientôt Ethias et ING feront probablement de même. Et ce jeudi, chez Douwe Egberts à Grimbergen : 274 emplois de nouveau en danger.


Il est grand temps de créer une nouvelle banque publique. Une banque qui ne trompe pas ses clients, mais qui les protège
Les travailleurs à la rue, et l’argent aux actionnaires.


Nous refusons de nous taire.


Ce gouvernement démantèle la société, alors qu’il déroule le tapis rouge pour la grande finance.


Qu’est-ce qui a changé depuis la crise bancaire ?


BNP Paribas, vous savez bien, la banque que nous avons sauvée avec notre argent des impôts, fait à nouveau des bénéfices records : 6,7 milliards d’euros.


Plus de profit que jamais. Et en même temps, ces banques suppriment des emplois, et nous disent même qu’elles ne veulent plus donner 0,11 % sur l’argent de notre épargne. Je vous le prédis, bientôt nous allons devoir payer pour pouvoir mettre notre propre argent sur un compte en banque.


L’arrogance ne connaît pas de frontières.


Il est grand temps de créer une nouvelle banque publique, une banque avec monopole d’État.


Une banque qui ne trompe pas ses clients, mais qui les protège.


Une banque qui peut octroyer des prêts hypothécaires corrects et fiables.


Une banque qui n’investit pas dans les armes, et qui n’est pas complice de l’occupation de la Palestine.


Une banque qui investit dans la recherche scientifique au bénéfice de la société.


Cette sorte de banque donc.


Monsieur Michel : avec vos mesures le pays est à l’arrêt


Chers (chères) ami(e)s, investissons dans la société au lieu d’économiser sur tout ce qui a de la valeur.


Nous voulons respirer, nous voulons des nouveaux investissements, nous voulons la taxe des millionnaires
Rompons avec le traité budgétaire européen qui nous enferme dans un carcan impossible.


Arrêtons de privatiser et libéraliser.


Supprimons les régimes de faveur comme celui des plus-values sur actions et la déduction des intérêts notionnels.


Faisons un inventaire des gros capitaux, un cadastre des fortunes, et instaurons enfin la taxe des millionnaires à laquelle notre société a droit.


Monsieur Michel : avec vos mesures le pays est à l’arrêt, l’argent ne circule pas, et la spéculation s’amplifie encore.
C’est votre choix.


Nous voulons respirer, nous voulons des nouveaux investissements, nous voulons la taxe des millionnaires.
Ça, c’est notre choix. Et nous ne lâchons pas.


Ce gouvernement a élevé le traficotage au rang de religion officielle


La N-VA et le MR sont arrivés au pouvoir avec la promesse de faire le ménage dans la politique des magouilles.


Dans le temps, l’affairisme se passait dans les salons feutrés, dans les restaurants chics, et dans les tentes VIP.
Maintenant, il se déroule ouvertement.
Et où en sommes-nous, deux ans plus tard ?


Dans le temps, l’affairisme se passait dans les salons feutrés, dans les restaurants chics, et dans les tentes VIP.
Maintenant, il se déroule ouvertement. Dans les cabinets. Les ministres le font sans aucune gêne.


Le lobby nucléaire entre et sort comme il veut du cabinet de la ministre de l’Énergie Marghem, comme s’il était le maître des lieux. GDF Suez organise des conférences de presse et nos ministres ont le droit d’y figurer.


La loi de transaction pénale – par laquelle les fraudeurs peuvent payer pour s’éviter un procès –, a été coécrite par le cabinet d’affaires Eubelius, et savez-vous qui y travaillait aussi à l’époque ? L’actuel ministre de la Justice, Koen Geens.


Le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt, refuse de réclamer le remboursement des 942 millions d’euros de subsides injustement octroyés aux multinationales. L’Europe l’a pourtant imposé. Et qui aide ces multinationales ? Le bureau d’avocats Sintax, fondé par l’ancien chef de cabinet du ministre.


Et là, je n’ai même pas encore parlé du secteur immobilier, de Gand, de Mons, d’Anvers ou de Liège.
Ce gouvernement a élevé le traficotage au rang de religion officielle. La politique du renvoi d’ascenseur et de l’ « entre-soi » !


C’est inacceptable, camarades.


Faire ce que nous disons, écouter la société, impliquer les gens


En plus, ils obligent tout le monde à travailler plus longtemps, sauf eux-mêmes. En avril, nous l’avions déjà dénoncé. Ils ont promis alors qu’ils allaient réformer leur propre régime de pensions.


Et cette semaine, le président de la Chambre Siegfried Bracke est venu avec le résultat. En réalité, rien ne change. Charles Michel, Jan Jambon, Kris Peeters : ils peuvent tous encore partir à la pension à 55 ans. Pour plus de 4 200 euros nets par mois. Oui, ils vont s’en prendre aux privilèges. Plus tard, après 2019. Pas aujourd’hui. Pas pour eux-mêmes.


Et vous savez ce qu’a dit Bracke ? « Nous n’allons pas toucher aux droits acquis. » Pas toucher aux droits acquis ? Et pourquoi cela ne vaut-il pas pour tous les travailleurs qui ont déjà commencé leur carrière.


Si vous ne voulez pas toucher aux droits acquis, alors il faut abaisser la pension à 67 ans pour tout le monde, Monsieur Bracke!


Donnez-nous plutôt Ada Colau, la militante pour le droit au logement qui est devenue bourgmestre de Barcelone.


Elle mène une politique de tolérance zéro contre la corruption.


Elle met fin aux tourniquets entre monde politique et monde de l’entreprise.


Et surtout : elle a décidé de réduire son propre salaire de 60 %. Comme bourgmestre, elle gagne aujourd’hui 2 200 euros nets par mois, un montant pour lequel pas mal de politiciens dans notre pays n’acceptent même pas de donner une conférence.


Le PTB est là où les autres partis ne sont plus depuis longtemps : dans les quartiers populaires, sur les lieux de travail, sur le terrain
Practice what you preach, faites ce que vous dites, dit le dicton.


Eh bien, nous, nous faisons ce que nous disons.


Tous nos mandataires, qu’ils siègent au Parlement ou au bureau du parti, continuent à vivre avec un revenu moyen, on ne peut plus ordinaire. Tout comme Ada Colau à Barcelone.


Vous savez ce qui est dit à propos d’Ada Colau ?


« Elle est tellement ordinaire qu’elle est spéciale. » C’est ce qu’on dit d’elle. C’est quand même incroyable : les gens n’ont plus l’habitude qu’il y ait des politiciens démocratiques et honnêtes.


Eh bien, nous exigeons ce côté ordinaire.


Faire ce que nous disons, écouter la société, impliquer les gens.


Bon sang, c’est notre société, une société composée de gens.


Pour moi, peu importe que les gens aient voté à droite ou à gauche dans le passé, peu importe la religion qu’ils ont ou n’ont pas, peu importe leur origine.


Ce que nous voulons, c’est impliquer les gens dans la politique.


J’ai vu récemment un beau reportage sur la popularité croissante du PTB. J’y ai vu notre parti qui, jour après jour, s’engage pour les gens, qui les écoute, mais aussi qui agit pour changer les choses.


Le PTB est là où les autres partis ne sont plus depuis longtemps : dans les quartiers populaires, sur les lieux de travail, sur le terrain.


C’est pourquoi les gens nous accordent leur confiance.


C’est pourquoi nous grimpons dans les derniers sondages et nous passons de 2 à 10 sièges au Parlement fédéral.


C’est pourquoi, dans les sondages, nous sommes le troisième plus grand parti en Wallonie, à Bruxelles le cinquième, et en Flandre, nous dépassons pour la première fois le seuil électoral des 5 %.


Un sondage n’est bien sûr qu’un sondage, camarades, mais le signal est clair.


Le PTB grandit, et ça, est une bonne nouvelle.


L'injustice se combat ensemble


Le changement vient d’en bas, l’injustice se combat ensemble, c’est dans notre ADN.


Et nous continuons donc, avec vous, ensemble, à nous battre pour des logements abordables et des pistes cyclables sûres, pour des sacs-poubelles payables et pour de bons transports publics, contre la violence faite aux femmes, pour des pensions permettant de vivre décemment, pour la réduction du temps de travail, et pour des soins à mesure humaine. Et nous ne lâchons rien.


« C’est une tendance générale », écrivait le magazine Knack la semaine dernière, « le pouvoir politique a la plus grande difficulté à contrer en permanence la résistance d’en bas. Le concept de Turteltaks a été lancé par le PTB. Il y a dix ans, c’était encore impensable : le PTB qui fait tomber une ministre (Turtelboom). »


Pour nous, le but n’était pas de faire tomber la top-ministre Turtelboom. Pour nous, c’est la top-taxe qui doit tomber. C’est pour cela que, cet automne, avec entre-temps plus de 19 000 personnes, nous irons à la Cour constitutionnelle, à Bruxelles.


Nous serons toujours là, parce que nous ne lâchons rien


Nous resterons toujours qui nous sommes : le parti des gens d’abord, pas les dividendes
Nous voulons faire tomber la télé-redevance en Wallonie. Nous les mettons sous pression. Nous savons qu’ils en discutent déjà au gouvernement wallon à Namur, et nous ne lâcherons rien tant que cette taxe télé-redevance n’est pas abolie.


Mais le premier rendez-vous est à Bruxelles : quand le gouvernement fêtera ses deux années de stagnation et de recul, nous nous rassemblerons à la grande manifestation syndicale du 29 septembre.


Et nous serons aussi ce mardi 20 septembre au grand rassemblement dans la capitale contre le TTIP et le CETA, ces accords secrets de libre-échange qui menacent nos acquis sociaux.


Nous serons toujours là, comme nous l’étions ce vendredi à Charleroi, parce que nous ne lâchons rien. Peu à peu, nos chaussures pointure enfant deviennent trop petites, et peu à peu nous devenons plus grands et plus forts. Mais nous resterons toujours qui nous sommes : le parti des gens d’abord, pas les dividendes. Oui, nous sommes tellement ordinaires que nous sommes spéciaux.


Merci ManiFiesta !

source: http://ptb.be/articles/nous-sommes-tellement-ordinaires-que-nous-sommes-speciaux-discours-de-peter-mertens-ptb

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