01 Jul 2016
Les entreprises multinationales sont devenues des acteurs puissants qui pèsent lourdement dans les processus de décision de l’Union Européenne et plus généralement dans l’ensemble des pays.
Depuis des années, la Commission Européenne demande aux états de l’UE de privilégier la négociation au niveau des entreprises, un moyen de réduire les droits des salariés, d’affaiblir les syndicats de lutte et d’accroître la concurrence entre les salariés. En Grèce, Italie, Espagne, Allemagne, Portugal, Grande Bretagne, Irlande, les salariés vivent déjà les effets néfastes de cette politique d’austérité portée par les représentants politiques de ces pays dans la Commission : baisse des salaires, des pensions de retraites, attaques contre les droits des travailleurs (Code du travail et conventions collectives), développement des emplois précaires. C’est l’aboutissement extrême de la pensée unique en vigueur sur tout le continent, où les gouvernements nationaux, en coordination avec la Commission Européenne, s’emploient à détruire les réglementations du travail, au nom de la sacro-sainte compétitivité défendue par les tenants du capital, et son représentant, Business Europe. Malgré le beau principe, souvent évoqué, d’une Europe des Citoyens, les mots d’ordre venus de l’Union Européenne sont :
- Imposer par la force plus de flexibilité,
- Contourner les syndicats de lutte et réduire leur marge de manœuvre à néant en utilisant des organisations réformistes qui accompagnent leurs décisions,
- Faciliter les licenciements.
La stratégie mise en œuvre repose aussi sur le démantèlement des services publics dans les Etats membres. L’idée même de service public est mise à mal. A travers les politiques de gouvernance, l’Europe impose une précarisation croissante de l’emploi au nom de la « concurrence ». On en mesure déjà les effets désastreux sur les populations en Grèce, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Portugal, en Grande Bretagne et en Irlande. Maintenant, c’est au tour de la France et de la Belgique.
En France, le projet de loi travail est officiellement dévoilé le 17 février, il s’inspire des recommandations de la Commission Européenne et des réformes engagées dans d’autres pays de l’UE. Le MEDEF, syndicat patronal en France, soutient le projet et une première vague d’opposition, à travers une pétition sur internet, recueille plus d’ 1 million de signatures. Les organisations syndicales françaises appellent à une mobilisation le 9 mars 2016, date initialement prévue pour la présentation du projet de loi au gouvernement. Ce gouvernement a, depuis le début, commencé les tractations avec la seule CFDT, qui est contre la lutte des salariés et d’accord avec la loi, en déclarant sa satisfaction sur les concessions faites par le gouvernement.
Depuis le 9 mars, la mobilisation des salariés et le soutien de la population ne cessent d’augmenter pour exiger le retrait de la loi. Face à la mobilisation croissante, Hollande, Valls et son gouvernement bafouent les principes de la démocratie en organisant la répression par l’intervention des forces de l’ordre et en utilisant l’article 49-3. L’article 49-3 permet de passer le texte en force et de couper court aux débats de l’Assemblée nationale. La colère grandit et la mobilisation passe à une nouvelle étape, des secteurs se mettent en grève reconductible, c’est le cas dans nos industries, avec la mobilisation des camarades du raffinage et la solidarité dans les territoires, autour du blocage de dépôts de carburant, de centrales électriques et d’entreprises. Le gouvernement lâche quelques miettes pour éviter que le mouvement ne prenne de l’ampleur. Il faut dire qu’il a le soutien des médias du grand capital, qui focalisent sur les affrontements entre les casseurs et la police afin de faire oublier la revendication principale des syndicats : le retrait de la loi. Le gouvernement, qui a tenté d’interdire la manifestation prévue les 23 et 28 juin 2016, est forcé de reculer face à la pression des syndicats. Le droit de manifester est un des éléments constitutifs de la démocratie, garanti par de multiples conventions internationales concernant les droits fondamentaux. Interdire aux organisations syndicales d’exercer ce droit démontre l’absence d’arguments politiques face à un mouvement social grandissant et de plus en plus dérangeant pour le gouvernement.
La lutte contre cette loi continue, elle ne faiblit pas après 4 mois intenses de mobilisations, de grèves : la CGT organise d’ores et déjà la lutte en juillet, consacrant la période estivale aux débats pour une nouvelle action début septembre.
Depuis de nombreuses années, la Commission Européenne demande au gouvernement français de faire tomber le Code du travail. Le gouvernement socialiste, répondant aux commandements du MEDEF, s’y emploie avec l’aide des syndicats d’accompagnement
L’Europe telle qu’elle fonctionne répond-elle aux aspirations des peuples ? Non
La crise subie par les peuples grec, espagnol, portugais, largement commentée dans les médias, a mis en lumière un système hégémonique de la finance et des firmes multinationales, qui imposent leurs décisions aux divers pays sommés de faire voter des lois contre les intérêts des populations.
Le pouvoir européen agit comme une dictature en pesant fortement sur les politiques intérieures des pays et imposant des règles d’austérité draconiennes aux salariés, exigeant sans cesse plus de libéralisme et démantelant les systèmes collectifs tels que les retraites, la santé, les salaires garantis, la protection contre les licenciements … etc.
L’Europe est-elle sociale ? Non.
Elle organise plus de dumping social qu’elle ne génère du droit social en prétendant le règlementer : elle est à l’avant-garde des destructions des droits sociaux collectifs tels que sécurité sociale, retraites, indexation des salaires, santé, services publics etc…. considérant que ces droits protecteurs sont des barrières qui bloquent la libre concurrence dans les « marchés financiers », à l’exemple du « Trade Union Bill » voté par le parlement britannique, qui remet en cause le principe même du droit de grève,
La sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne serait-elle préjudiciable aux populations? Non.
Cela ne changera pas le quotidien de la population britannique et des syndicats, ils devront toujours faire entendre leur voix en se mobilisant pour être « écoutés » par leur gouvernement qui, depuis des années, porte le fer contre les droits salariés.
Seules les actions collectives, les mobilisations sociales, seront à même de construire un avenir fait de progrès social, de droits et libertés, de démocratie véritable respectueuse des aspirations des peuples.
Les libertés syndicales en Europe et dans le monde et, plus largement, les droits et libertés des travailleurs, ne sont pas négociables, au contraire ils doivent être renforcés. Pour cela nous avons besoin d’un syndicalisme de lutte de classe et de masse en Europe et dans le monde, et non d’un syndicalisme d’accompagnement du capital, représenté par la CES..
Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire, au niveau européen, d’unir nos forces avec la FSM.
source: http://www.wftucentral.org/intervention-fnic-cgt-au-meeting-international-de-la-fsm-bruxelles-27-28-juin-2016/?lang=fr