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DEVANT LA DÉGRADATION RAPIDE DE LA SITUATION, LE PCR APPELLE À L’UNION DES RÉUNIONNAIS

Manuel Marchal
9 avril 2016
Le Parti communiste réunionnais a tenu hier une conférence de presse à Saint-Pierre. La multiplication des grèves et des manifestations de toutes sortes soulignent une situation sociale qui s’aggrave, constate le PCR. Il voit une crise qui relève de l’absence de solution dans un cadre vieux de 70 ans. Le PCR appelle les Réunionnais à s’organiser et se mobiliser autour d’un projet qu’eux seuls sont capables de définir et d’appliquer.



Au moment où La Réunion commémore le 70e anniversaire de l’abolition du statut colonial, la situation sociale est extrêmement inquiétante, a indiqué hier le PCR lors d’une conférence de presse à Saint-Pierre tenue par deux de ses secrétaires généraux : Yvan Dejean et Ary Yée Chong Tchi Kan.


Yvan Dejean est tout d’abord revenu sur la grève dans le BTP. Lancée mercredi dernier, elle paralyse un secteur stratégique. À la hausse raisonnable des salaires de 3 % demandée par les syndicats, les patrons ne proposaient toujours rien d’autre que 0 % d’augmentation à l’heure de la conférence de presse. L’ampleur de ce conflit est également exceptionnelle, car tous les syndicats sont mobilisés. Des délégations passent de chantier en chantier pour informer les travailleurs de la situation. Le mouvement s’amplifie, la tension monte. Ce secteur est également victime d’une crise qui a vu ses effectifs passer de 24.000 à 16.000 travailleurs en à peine 5 ans. Et les perspectives ne sont pas encourageantes. Mercredi dernier, la SIDR, principal bailleur social de La Réunion, a présenté ses perspectives pour 2016. Aux patrons du BTP, elle a annoncé qu’il faudra se contenter du tiers de la programmation 2015. Cet effondrement n’est pas isolé, alors qu’il manque pourtant plus de 20.000 logements sociaux à La Réunion, a ajouté Yvan Dejean.


Multiplication des grèves


À la BNP, une des plus grandes banques de La Réunion, c’est la grève générale depuis une semaine. Au cœur des revendications, une plus juste répartition des fruits du travail : les salariés demandent une augmentation, les négociations ne donnent toujours rien.


Dans le secteur de la pêche, le nombre d’artisans a été réduit de 500 à 180 à quelques années. C’est une baisse de 66 %. Les rescapés affirment être dans l’impossibilité de survivre longtemps à la crise. Ils ont décidé de passer à l’action pour ne pas vivre le même sort que les planteurs de géranium, de vétiver, de tabac ou de vanille, a souligné Yvan Dejean.


Dans le secteur des transports, le bouleversement sans concertation des horaires et des lignes de bus du réseau Citalis sur le territoire de la CINOR a entraîné les protestations légitimes des usagers. Cela concerne les personnes les plus modestes, pour qui ce transport collectif est le seul moyen de se déplacer pour se ravitailler, travailler ou aller en chercher. À Saint-Denis et à Sainte-Suzanne, des usagers ont dû bloquer la route pour se faire entendre. Mercredi matin, le quartier du Chaudron était en état de siège, avec route barrée et intervention des policiers.


Les chauffeurs de bus du réseau Citalis ont lancé un préavis de grève pour exiger une amélioration de leurs conditions de travail qui ne cesse de se dégrader. C’est toute l’organisation du transport public de la plus grande ville des Outre-mer qui est en pleine crise. L’erreur serait d’user de la répression pour faire taire les revendications. Le PCR a apporté tout son soutien aux manifestants.


Des signes d’aggravation


Enfin, dans le secteur public, le Conseil départemental était en grève jeudi, et le mouvement pourrait reprendre la semaine prochaine. Cette collectivité compte plus de 5.000 agents, elle est donc un des plus grands employeurs de La Réunion, loin devant les grosses sociétés du BTP ou de service.


Ce jeudi, un syndicat de policier a manifesté. Dans les deux cas, ces agents du service public revendiquent de meilleures conditions de travail.


Samedi, l’Intersyndicale annonce deux rassemblements contre la loi El-Khomri. Soutien de la première heure des mobilisations, le PCR a rappelé les conséquences de cette loi dans le contexte réunionnais. Faciliter les licenciements et réduire la protection de la loi sont la porte ouverte à tous les abus. Les jeunes sont en tête des défilés. Ils refusent que leur seul horizon soit la précarité ou l’exil, a rappelé Yvan Dejean, ils sont déjà plus de la moitié à être au chômage.


Ces événements se déroulent au moment où les collectivités subissent de plein fouet les effets de la baisse des dotations de l’État. Pour compenser, elles augmentent les impôts, ce qui est catastrophique dans un pays où près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et où le taux de chômage se rapproche de 30 %. Elles sacrifient les investissements, ce qui favorisera une nouvelle montée du chômage.


Aucune solution possible dans le cadre actuel


Le PCR a également déclaré que la crise amène aussi son lot de violences. Depuis le début de l’année, 5 femmes ont été assassinées. Des enseignants sont agressés par des élèves. Les armes à feu sont de plus en plus utilisées.


« La Réunion connaît donc un pic dans une crise sociale qui n’a jamais trouvé de solution depuis 70 ans. Dans n’importe quel autre pays, les dirigeants politiques se seraient emparés de cette question pour éviter l’explosion sociale », dit en substance Yvan Dejean. Autrement dit, aucune solution n’est possible dans le système actuel. Il faut donc tout changer.


Ary Yée Chong Tchi Kan a mis en évidence le silence de toutes les organisations politiques et les élus, à l’exception du PCR, sur les raisons de cette crise, et les moyens d’en sortir. Il a également souligné que cette classe politique n’informe pas la population sur les décisions qui sont en train d’être prises et qui engagent l’avenir de La Réunion. Silence radio sur les APE, alors que c’est la menace mortelle sur l’outil de production, même censure pour la filière canne alors que cela fait plus de 10 ans que le PCR a tiré la sonnette d’alarme et appelé les Réunionnais à s’organiser pour faire face à la fin du quota sucrier et ses conséquences. Pourquoi les médias et la plupart des élus maintiennent-ils la population dans l’ignorance ?


Appel au dialogue et à l’union


Les visites ministérielles se succèdent, les rapports s’accumulent, le nombre de parlementaires grandit, mais la population reste toujours à l’écart, elle n’est pas informée, a affirmé le secrétaire général du PCR.


Et quand la population comprend qu’elle est bernée, alors ce sont des poussées de violence qui discréditent encore plus les bénéficiaires des élections. Ary Yée Chong Tchi Kan rappelle que le PCR demande d’ouvrir le dialogue entre Réunionnais pour rechercher ensemble les moyens de sauver le pays. La solution se trouve à La Réunion, a dit en substance le responsable communiste pour qui, ce n’est pas une énième visite de Parisiens ou un rapport commandité qui va régler quoi que se soit.


Cette concertation devra être la base de la construction par les Réunionnais d’un projet qu’ils prendront la responsabilité d’appliquer, a estimé Ary Yée Chong Tchi Kan. Que chacun et chacune publie ses propositions globales et accepte de les soumettre à la critique publique. Au bout des échanges, une synthèse sera effectuée. La situation est tellement dégradée que le PCR appelle à changer, à s’unir sur l’essentiel.

source:http://www.temoignages.re/politique/actualites/devant-la-degradation-rapide-de-la-situation-le-pcr-appelle-a-l-union-des-reunionnais,85952

Tag(s) : #afrique

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